C'est un soupçon que j'ai eu aussi. Il est clair que le jeu sur les plans, la perspective, etc, ça existe déjà dans le cinéma traditionnel. Mais c'était un soupçon que j'avais avant de voir le film en Imax.
L'image est incroyablement grande et détaillée, et il y a le relief, cela procure une richesse visuelle telle que le regard doit se concentrer sur certaines choses ; dès le titre, on a du mal à embrasser l'ensemble de l'écran. C'est pareil dans toutes les scènes, les yeux du spectateur cherchent, ils doivent chercher, ils ne peuvent pas tout voir en même temps, et Zemeckis en profite, il lui harponne le regard à tout bout de champ avec un élément ou un autre, il l'attire, il le trompe, il joue au ping-pong avec nos attentes.
La résolution hallucinante alliée à la simulation de relief fait plonger dans le monde de Beowulf, des ombres surgissent au coin des plans et l'on se laisse prendre, on les croit dans la salle, alors qu'absolument pas, elles sont dans le film, et après quelques instants encore, on y est habitué, à avoir l'attention non seulement appliquée sur l'image de l'écran, mais carrément plongée dans l'écran, écran où on ne distingue pas de défauts, écran dont les détails maximaux échappent à notre cerveau, écran ouvert sur autre chose ; ce n'est plus un écran, c'est une fenêtre grandiose.
Dans ces conditions, la valeur d'un plan, d'un mouvement de caméra, d'un geste ne sont plus du tout les mêmes. Le plus imperceptible tremblement est reçu par le spectateur, un certain fer de lance devient une agression directe pour ses yeux (c'est-à-dire pour ceux de Beowulf), effet que l'on retrouvera plus tard décuplé dans la scène où l'on a droit à une vue subjective de notre héros suspendu au dragon, voyant arriver sur lui des centaines de projectiles. La bataille contre le Wyrm d'Or ne sombre d'ailleurs plus occasionnellement dans un chaos visuel, puisque l'agile Beowulf s'en détache complètement, virevoltant bien devant avant de replonger sous la bête dont l'appendice caudal passe au premier plan.
Certains pourront offrir des analyses plus froides de ce langage de mise en scène, mais personnellement, je m'étonne même que le film vaille encore quelque chose en deux dimensions, avec un angle d'attaque aussi hardi au travers de l'Imax.
CITATION(Jesus Gris @ 05 12 2007 - 23:43)
CITATION
En fait, non: j'aimerais juste voir des arguments construits, notamment sur des exemples tirés du film plutôt que des assertions péremptoires
Ah il me semblais pourtant (mais je peux pas t'en vouloir c'était il y a quelques pages déjà) avoir donné quelques exemples plus précis sur les apports de la 3D à la mise en scène de Zemeckis (incarnation, travail pictural, recherche sur la profondeur de champs, impression saisissante de réalité onirique, tc.) et je n'était certainement pas seul. Mais bon, j'ai dû rêver.
EDIT: Sinon, pour changer de sujet, je serais curieux de voir ce qu'un McT ferait de l'Imax 3D, tant la composition des plans qu'un tel format permet (une construction qui se fait autant ou plus dans la profondeur que dans la largeur) me rappelle certains de ces propos sur le scope anamorphique.
Re EDIT: Je replace légèrement dans le contexte, je suis crevé, beaucoup bourré après ^'être fait un 'tite soirée nanard qui détruit le cerveau (déjà que...), et je dis sans doute des conneries, mais bon... ...voilà.
Non, non, tes propos sont plus que sensés, surtout que Mac Tiernan et la gestion de l'espace, c'est un peu le grand amour.