CITATION(vixen @ 29 10 2006 - 19:08)
bref du tout bon pour Verhoeven qui aurait à coup sûr pondu une satire religieuse corrosive sur les fondations du christiannisme et un brûlot épique ultra-violent
Houlà ! Attention ! Le script de Walon Green n'attaque en rien les fondations du christiannisme.
Il s'en prend avec virulence à ceux qui utilisent le religieux à des fins politiciennes (Urbain II en prend pour son grade, mais certains chefs musulmans ne sont pas mieux lottis) et fait des distinctions assez claires entre des personnages aveuglés par leur foi et d'autres à qui la Foi permet de s'accomplir.
Mais là où Walon Green fait très fort, c'est dans le traitement des personnages qui semblent le moins préoccupés par le complexe religieux (le héros Hagen, son love interest Leila) et qui révèlent progressivement qu'ils sont le plus aptes à la spiritualité : le parcours d'Hagen est un chemin de croix; il se fait passer pour un élu pour sauver sa peau mais tout le bobard qu'il a inventé va réellement se concrétiser; et Leila qui, en tant que femme, doit subir une tradition de domination soi-disant exigée par Allah, est beaucoup plus clairvoyante que d'autres sur les voies supposément impénétrables de Dieu.
Outre le fait qu'il est
génialement écrit (en terme de structure, de dialogue, de dramaturgie) le script de Walon Green est aussi fascinant parce qu'il propose avec habileté (et un putain de tact) une spiritualité tout à fait accordée à notre époque contemporaine, susceptible de satisfaire je crois à la fois le spectateur athée et le croyant.
Et n'oublions pas que Verhoeven a passé plus de dix ans à étudier les fondations du christiannisme dans des groupes universitaires. Son intérêt pour le sujet n'est pas vraiment compatible avec une éventuelle mise à sac du religieux. Mais pour son rapport au clergé, c'est une autre histoire
(je rassure les anticléricaux, y'a un gamin de dix ans qui se fait décapsuler le fion par un abbé dès la dixième page du script)Après, pour ce qui est du "brûlot épique ultra-violent", là d'accord. C'est même une des raisons qui a rendu le financement du projet aussi difficile. Il y a beaucoup de sang et pas mal de sexe. Et les plans de crânes déglingués, tout comme les plans de bite, sont en fait indispensables à l'intrigue; pas moyen de les contourner ou même de les suggérer.
Mais sinon, le nombre d'idées (visuelles et dramaturgiques) qu'il y a dans ce script !.... Ca me rend malade !
rhalala, le petit détail physique sur la gueule de l'ennemi du héros ! Mais ça aurait été l'un des plus beaux bad-guys de l'histoire ! Joseph Campbell en a la trique dans sa tombe ! Et la scène de "résurrection" de Hagen ! Rhalalalala !