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Version complète : Les Patriotes - Eric Rochant
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Starsky
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Eric Rochant avait de la chance. Son premier film, le très bon Un monde sans pitié, l'avait lancé sur un véritable boulevard. Le triomphe relatif du film (plus d'un million d'entrées pour un budget ridicule) et son accueil très positif (césars, critiques, etc...) lui donnait carte blanche pour la suite. Il n'en fallait pas moins car l'homme était ambitieux. Très en phase avec Yvan Attal, acteur qu'il avait découvert, il se lance dans un deuxième film (Aux yeux du monde, malheureusement pas vu) tout en pensant déjà au suivant. Car ce troisième métrage est un sacré challenge. Rochant veut adapter John le Carré, tourner un film d'espionnage à la fois crédible et spectaculaire, pour ainsi retrouver une logique cinématographique pratiquement perdue en France (allier le populaire avec du long, lent, noir et dur). Mais considérant à raison que la guerre froide n'est plus d'actualité, il se penche sur toutes les problématiques actuelles du monde de l'ombre, bouffant littéralement tout ce qui est alors lisible sur le sujet (DGSE, CIA, etc...), pour finalement se concentrer sur la zone forcément la plus explosive et exposée (donc la plus évidente pour le spectateur), à savoir le Moyen-Orient. Dés lors le cadre du Mossad, célèbre service d'espionnage israélien auréolé de mythes, héroïques ou démoniaques, s'impose.

Pour accrocher le spectateur français, il lie son sujet à la France. Le héros a ainsi des origines françaises alors que le Mossad évite scrupuleusement d'engager à terme des hommes ayant des liens familiaux extérieurs -pressions potentielles obligent-. Mais le cinéaste ira aussi plus loin. Loin de vouloir simplement offrir une intrigue lambda, il vaut dépeindre le monde de l'ombre dans ses différentes réalités. Pour cela, il créé deux intrigues de fond, cherchant à coller au plus prés de la réalité (les deux affaires sont d'ailleurs des adaptations à peine cachées de deux affaires célèbres: la destruction d'une centrale nucléaire en Irak et la pressurisation d'une taupe de la NSA ayant fait grand bruit dans les années 80). Le réalisateur veut défantasmer le monde de l'ombre, et démythifier un service ayant déjà fait couler beaucoup d'encre. Il est vrai que l'histoire du Mossad est particulière, car contrairement aux services européens, ils ont toujours été en guerre totale depuis leur création (la surmédiatisation du conflit faisant gonfler le tout).

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Pour étayer son ambition, Rochant obtient une totale confiance de ses producteurs (Lazennec au summum de sa gloire, avec surtout Alain Rocca ayant su réunir avec maestria un budget colossal pour un projet assez ardu), qui lui donnent 24 semaines de tournage. Une aberration comptable.

Il faut dire que le film compte plus de 60 rôles parlés, se déroule sur trois pays, dans plus de 120 décors différents (tous les intérieurs sont faits en studio). Du lourd. Mais Rochant ne s'arrête pas là. il veut prendre son temps, exige beaucoup de temps pour perfectionner ses scènes en répétant avec les acteurs sur le décor même (aucune star véritable -sauf des israéliens dont la notoriété ne quitte pas leur pays-, mais une tripoté de supers bons: Attal, Stevenin, Le coq, Benichou, Devos, Nancy Allen, et même une Sandrine Kiberlain encore inconnue et surtout super sexe -incroyable quand on voit la suite.... icon_mrgreen.gif), filme beaucoup (parfois tout en sachant que cela ne restera pas au final, mais simplement pour étayer les personnages), monte en parallèle... Bref, il fait un boulot de malade.

Le film fait au final 2h20, alors même que 50 minutes sont passées à la trappe après un travail minutieux sur le montage. Tout le monde a bossé, profitant des libertés de création exceptionnelles et bravant les mille difficultés. Bref, tout le monde est content. D'autant plus content que les premières projections de presse sont tellement positives que l'on pousse les producteurs à aller à Cannes, summum de la consécration.

Fatale erreur. Car si la projection cannoise est un triomphe, l'accueil critique cannois va changer radicalement des premières impressions. Un certain Thierry Jousse, titulaire des Cahiers de la pire époque (un con, quoi) fustige le film arguant que le film ets pro-israélien et surtout ne pose pas la question palestinienne (alors même que dans les faits, le Mossad ne s'occupe plus des palestiniens depuis belle lurette, le danger étant ailleurs). Le réveil est ardu, et va être encore plus dur après la projection de Pulp Fiction du lendemain. Contre toute attente, Cannes tue le film, qui est un échec complet.

Eric Rochant ne s'en remettra pas. Ayant des projets ambitieux, rêvant de suivre le cinéma ample de Leone, le réalisateur n'a toujours pas su se relever de cet échec personnel cinglant (Anna Oz, Vive la république, c'est oubliable. Total Western est tout de même brillamment mis en scène, malgré un scénar carrément lourd. Quoiqu'il en soit, les trois films passent inaperçus). Attal lui-même ne tournera pas pendant plus de deux ans.

Mais que reste-il aujourd'hui des patriotes?

Un grand, un très grand film d'espionnage, montrant à peu prés tout ce que Schoerdeneffer fils a manqué avec son Agents secrets (bien réalisé, mais scénar faible, mais faaaaaible). C'est un véritable voyage dans l'ombre auquel nous assistons. C'est une confession d'un homme dépassé par l'impitoyable réalité d'une guerre cachée, dissimulée, mais surtout viscéralement violente. Les patriotes ne se veut pas un film politique ou engagé sur le conflit israélien (ce qui lui sera grandement reproché, car n'avoir pas d'avis sur ce sujet est forcément suspect), mais bel et bien le témoignage de la vie des hommes et femmes vivant cette réalité de l'espionnage (si on ne cherche pas l'exhaustif, on veut bien plus que l'anecdotique ou le témoignage).

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La grande réussite du film vient du souffle naissant du réalisme. Le scope est beau, les mouvements de caméra extrêmement travaillés (amorces, plans séquences croisés, longues focales, du beau travail) la réalisation est au service du réel. Le film reste toujours proche d'une impression de réel (à noter que Rochant  a filmé tout son film dans les langues adéquat: en hébreu en Israél, en français en France, en anglais aux USA. Ca rappelle le Pontecorvo de la Bataille d'Alger. Il y a pire référence), rallongeant les séquences, prenant son temps pour créer et pérenniser une tension palpable, mais jamais hystérique. Car la clé est donnée dés le départ: il n'y a pas d'exaltation possible dans patriotes. Tout sentiment découvert mène à la perte, voire à la mort (tout le segment américain est une sublime évocation de cette réalité). Les agents brillent de par leur connaissance minutieuse des travers et comportements humains, tout en contrôlant totalement les leurs (Benichou, Le Coq, mais surtout le chef du Mossad, brillent de par leur calme, surtout quand la violence -verbale, symbolique- éclate. La frustration est latente, la violence d’autant plus marquant qu’elle est diffuse, décidée dans un souffle, presque la politesse : « il faudrait lui casser une jambe. Non les deux jambes »). Un jeu de rôle permanent, où Attal excelle. l'acteur tient le film sur ses épaules, sachant distiller une véritable humanité alors même que celle-ci est constamment cachée sous le masque de l'impassibilité (il parle peu avec les autres, reste constamment distant). Une vraie prouesse de comédien.

le réalisateur concrétise son ambition: faire du beau, du "populaire", avec un vrai réalisme (après les ridicules polémiques, beaucoup de spécialistes diront que le film offre un visage extrêmement réaliste du métier). Le film est long mais jamais chiant. la tension est là, l'humanité est constante (malgré la froideur de surface... On pourrait même dire d'autant plus car les explosions d'humanité en sont d'autant plus marquantes: le sacrifice de Pelmond face à sa femme  est ainsi une scène prodigieuse).

Le film d'Eric Rochant a su au final humaniser un mythe moderne, tout en gardant son aura fascinant, grâce à un ambition de mise en scène (vive les mégalos, merde), un scénario brillantissime, et surtout une volonté réelle de rendre le réel cinématographique, et non l'inverse. Certes, quelqes fautes sont présentes (la fin est un peu abrupte et peut choquer aprés 2h20 de noirceur presque absolue. Mais l'intention de relativiser la vision du personnage d'Ariel est intéressante)

Les patriotes, ou ne tentative de plus de changement du cinéma de genre passée à côté du public français, dont on peut douter de la survivance de son bon goût jadis reconnu.

PS: Le DVD est sortie il y a peu. Il est absolument exceptionnel. la copie est belle, le son excellent mais ce sont surtout les bonus qui forcent le respect. le making of est excellent car sincère (trés auto-critique), les scènes coupées permettent au réalisateur et à sa monteuse de revenir longuement sur toute la construction du film, leurs erreurs, leurs regets, avec une absence totale de langue de bois qui fait plaisir à voir. Très loin de la promotion débile, où un vrai recul est pris sur l'oeuvre. Je surconseille.

Rock'n'roll.
Mechagodzilla
voila un texte comme je les aime, sur un film que j'adore.

comme quoi le (bon) cinéma de genre français ne passe pas obligatoirement par Gans, Kasso ou Besson.


Chapeau bas
L'archiviste
Hé les gars ! Avc des textes comme ça, faut créer des webzines, pas les balancer sur un forum où ils vivront deux jours avant d'être supplantés par un topic sur les femmes à poil.
:wink:

Sinon, tu as oublié la mention du gros clin d'oeil depalmesque que s'est offert Rochant en engageant Nancy Allen.
Même si le film m'avait franchement déçu à sa sortie par ses accents trop fréquents de "qualité française" (l'épisode Kimberlin, mon dieu sad.gif ), il n'en restait pas moins une tentative bien réelle de rehausser le niveau. Rochant était parvenu à me faire payer mon billet pour aller voir un film français en salles; à cette époque ça relevait de l'exploit. laugh.gif

PS : je fais partie de ceux qui défendent Total Western en grande partie pour le travail de son scénariste Laurent Chalumeau. Je ne vois pas ce que tu lui reproches. 8O
Starsky
merci pour les compliments, c'est trés sympa.


C'est vrai qu'engager Nancy Allen était osé (enfin, faut dire que la pauvre n'avait plus le statut qu'elle avait dans les années 80). Le rôle qui lui est confié est d'ailleurs trés beau (en partie coupé d'ailleurs).


Moi, j'avoue, je trouve Kiberlain trés bien dans le film. Ca en devient étonnant à mesure de son souci de tuer tout sex appeal par la suite... icon_mrgreen.gif


CITATION(L'archiviste)


PS : je fais partie de ceux qui défendent Total Western en grande partie pour le travail de son scénariste Laurent Chalumeau. Je ne vois pas ce que tu lui reproches. 8O


Bon, je suis peut-être un peu méchant, car la montée de tension est bien distillée dans ce film. Disons que c'est le truc un peu lourd sur la banlieue se reveillant face aux méchants (surtout que ces jeunots sont assez stéréotypes. Pas forcément un prob à la  base, mais hélas, ils suivent des parcours tout aussi clichés), les voisins forcément fachos et tout aussi forcément ridicules au combat, bref, des clichés trés lourds qui auraient pu être évités (je préfère ceux de Nid de Guèpes, plus finement utilisés). En même temps, il y a des situations excellentes (, la cruauté du silence lors du viol, le travail d'équipe pour éliminer le garde), de superbes acteurs (Le Bihan, Stevenin, mais surtout Kalfon qui est génial) et surtout une trés belle réalisation, sèche dans l'action, ample dans sa vision.

Les explications de Rochant sur sa conception de la mise en scène sont passionnantes sur le DVD des patriotes. Son gourou est Leone. Il explique ainsi brillament la clarté ressortant du style du genie absolu transalpin et la reprise de technique qu'il a essayé de mettre en place (sur la profondeur de champ, mais aussi le dynamisation du silence, de l'attente). Un vrai discours artistique supporté par un langage technique clair. Brillant.
Ced
je l'avais acheté à sa sortie et il trainait depuis dnas ma pile de dvd en retard... devant ce soir passer une nuit blanche pour cuase de boulot méga matinale je me suis dit... hop soyons fou ! c'est parti pour un film de 2h20...

eh ben putain je le regrette pas... j'ai l'impression d'avoir passé seulement 1h devant ma télé... un vrai vrai vrai bonheur. un film noir, lent, opressant par moments... pardonnez moi la vulgarité mais voila un putain de film comme il en faudrait plus nom de dieu !!!

attal y est bouleversant de sincérité, la mise en scène possède une sacrée paire de baloche mais ne sert pas à faire de l'esbrouffe, le film est idéalement découpé, le casting est des plus judicieux (kiberlain malgré ses effort ne fait pas tellement call girl je trouve mais elle est cependant suffisament crédible)

je suis surpris par tant de virtuosité... c'est le troisième film de rochant et il tape dans le film de haut vol celui dont on se souviendra dans encore longtemps. il y a un réel travail de mise en scène, de direction d'acteur de composition du cadren une colorimétrie qui est au plus juste pour ne pas faire film justement. comme il le dit si bien dans les bonus, rochant ne voulait pas faire dans le film fantasme. eh bien il a sacrément bien réussit son coup. tout le travail effectué pendant les 24 semaines de tournage et les 12 mois d epréparation sont là à l'écran... pas d'esbrouffe, pas de tralala, pas de saut en aprachute à la agents secrets... tout est dans la véracité.

une putain de sacrée claque...

5/6 et puis même 6/6 tiens !!!
Kurtz
très beau topic.

En ce qui me concerne, le parti-pris du réalisme à tout-crin m'a assez ennuyé à cause de la dédramatisation que ça entraîne.
il faut souvent une part de mythologie pour m'intéresser au cinéma...
Et j'ai du mal à saisir le lien avec Sergio Leone, mon cinéaste préféré et un des metteurs en scène les plus exaltés que je connaisse.
Ced
dans les bonus rochant explique les liens avec léone. notamment au niveau de l'amorce de ses plans et du cadrage.

en amorce de pas mal de plans tu peux voir un objet au premier plan en relation avec le personnage qui se trouve au second et sur qui est centré le plan (je sais pas trop si je suis clair...). par exemple quand ariel se fait traiter de trou du cul par son coéquipier dans la première mission au premier plan on voit le bras d'yvan attal, immobile, malgré les insultes... voila ça c'est l'inspiration léonienne

et au niveau du cadrage rochant reprend la scène de la tasse à café dans il était une fois en amérique pour l'expliquer. il raconte que léone à fait deux plans quasi similaires pour nous montrer de niro boire son café. deux plans cadrés sous la tasse et au dessus de la tête de de niro. rochant explique cette fois si que si léone a fait ces plans c'est pour focaliser sur l'action et qu'au moment ou le personnae lève sa tasse il a refait un plan quasi identique mais plus serré afin d'avoir le même plan qu'avant la levée de la tasse, pour que tout ce qui est dans le cadre soit important. donc voila dans les patriotes il a voulu faire la même chose.

j'espère avoir été clair :?
patkorat
Tres belle critique Starsky.  :D

Je vais donc de ce pas essayer de me procurer le DVD.

Sinon j'avais juste vu un monde sans pitié que j'avais bien apprecié, mais je suis degouté de voir que l'echec de ce film a en plus apparement etrillé la créativite de Rochant. Mais vu l'ambition dont il semble faire preuve pour ce metrage, je dis Haut les choeurs mon gars !

PS : Si il lit cette critique, en tout cas, cela lui fera plaisir  :wink:
demosthene
Un film qui m'avait accroché grâce à sa BA rythmée par une version orchestrale d'un célèbre morceau d'Albéniz. Je me souviens que cette BA promettait un film grave et effrayant et que je n'avais pas été déçu par la vision du film lui-même. C'était  y a dix ans et je m'en souviens très mal, aujourd'hui, si ce n'est que le scope m'avait semblé très beau. Maintenant qu'on en parle, je le reverrais avec plaisir.

Par contre j'aimerais bien savoir à quoi tu penses quand tu dis :
"Les patriotes, ou une tentative de plus de changement du cinéma de genre passée à côté du public français..."
tu fais référence à d'autres films français (lesquels ?) ou tu relèves simplement le manque de goût du public en général ?

Indépendamment de mon avis (flou) sur le film, je trouve l'analyse intelligente, limpide, et excellemment rédigée, c'est pas dans tous les forums qu'on lit des truc pareils (ni dans tous les journaux, d'ailleurs).

Cela dit, je rejoins l'archiviste, les topics de forum, c'est un peu volatile comme support. Je trouve que ce serait beaucoup plus pratique si les interventions de cette qualité étaient abritées sur le site lui-même. Ce serait dommage que ça se perde.

Ainsi s'achève mon quart d'heure bisous.
Je deviens gluant, moi, faut vraiment que j'arrête le flanby.
Flying Totoro
CITATION(demosthene)
Par contre j'aimerais bien savoir à quoi tu penses quand tu dis :
\"Les patriotes, ou une tentative de plus de changement du cinéma de genre passée à côté du public français...\"
tu fais référence à d'autres films français (lesquels ?) ou tu relèves simplement le manque de goût du public en général ?


C'est pas à moi que ça s'adresse en fait mais je pense qu'il fait référence au gros bide qu'a fait le film de Rochant à sa sortie surtout :wink:
demosthene
CITATION(Flying Totoro)
CITATION(demosthene)
Par contre j'aimerais bien savoir à quoi tu penses quand tu dis :
\"Les patriotes, ou une tentative de plus de changement du cinéma de genre passée à côté du public français...\"
tu fais référence à d'autres films français (lesquels ?) ou tu relèves simplement le manque de goût du public en général ?


C'est pas à moi que ça s'adresse en fait mais je pense qu'il fait référence au gros bide qu'a fait le film de Rochant à sa sortie surtout :wink:

bé oui, mais le "de plus" dans la phrase de starsky laisse entendre que y en a des autres, des "tentatives de changement" qu'ont pas marché. Tu me diras des bons fillms qu'ont pas marché je peux me sortir les doigts du machin et en trouver tout seul. Mais je me demandais si Starsky avait en tête des exemples précis, et surtout des exemples français. Et dans ce dernier cas je serais curieux de savoir à quoi il pense.
darklinux
ll ' un des rares films " a la Francaise" a bien traité le sujet comme ce film de schaundorrfer avec La Belluccci , qui est très bien aussi ( si on ne compare pas a Spy Game sa va de soit
Starsky
CITATION(demosthene)
CITATION(Flying Totoro)
CITATION(demosthene)
Par contre j'aimerais bien savoir à quoi tu penses quand tu dis :
\"Les patriotes, ou une tentative de plus de changement du cinéma de genre passée à côté du public français...\"
tu fais référence à d'autres films français (lesquels ?) ou tu relèves simplement le manque de goût du public en général ?


C'est pas à moi que ça s'adresse en fait mais je pense qu'il fait référence au gros bide qu'a fait le film de Rochant à sa sortie surtout :wink:

bé oui, mais le \"de plus\" dans la phrase de starsky laisse entendre que y en a des autres, des \"tentatives de changement\" qu'ont pas marché. Tu me diras des bons fillms qu'ont pas marché je peux me sortir les doigts du machin et en trouver tout seul. Mais je me demandais si Starsky avait en tête des exemples précis, et surtout des exemples français. Et dans ce dernier cas je serais curieux de savoir à quoi il pense.


des bons films de genre français n'ayant pas marché (pas comme ils auraient voulu ou du...): nid de guêpes, Bon voyage (l'un des meilleurs scénarios français de ces dernières années) le convoyeur, Total western sont les meilleurs qui me viennent en tête. Six-pack, aussi.

Nan, je déconne.

Sinon, Agents Secrets, c'est pour moi une preuve des effets pervers de la rêgle d'auteur en France: un beau style visuel (avec des défauts mais maitrisé) autour d'un vrai sujet mais gaché par un travail d'écriture clairement non satisfaisant. Il manque clairement la marque d'un vrai scénariste. C'est bien fichu, mais vain. Une grosse décéption. Par contre, ce genre d'échec est clairement plus intéressant que nombre de films...J'attends donc le prochain Schoerdoeneffer fils.
Hutch
CITATION(Starsky)
Sinon, Agents Secrets, c'est pour moi une preuve des effets pervers de la rêgle d'auteur en France: un beau style visuel (avec des défauts mais maitrisé) autour d'un vrai sujet mais gaché par un travail d'écriture clairement non satisfaisant. Il manque clairement la marque d'un vrai scénariste. C'est bien fichu, mais vain. Une grosse décéption. Par contre, ce genre d'échec est clairement plus intéressant que nombre de films...J'attends donc le prochain Schoerdoeneffer fils.


Pas faux.

Ai vu récemment 36 d'Olivier Marchal : c'est un peu le cas contraire; un très bon script (petit bémol sur le coup de bluff de la fin à base de "hahaha en fait c'est pas lui c'est l'autre") plombé les trois quarts du métrage par une mise en scène un chouia pompeuse (et une musique omniprésente  : belle mais gonflante, mais bon on m'avait prévenu) quand elle sombre pas dans le n'imp (c'est con : le quart restant est très bien ohmy.gifn sent qu'il visualise certaines scènes mieux que d'autres).
De plus, accepter Daniel Auteuil en super flic dépasse ma piètre imagination.

Donc la prochaine fois : un script de Marchal réalisé par Schoerdoeneffer et le tour est joué.
Starsky
Bingo Bongo.

C'est vrai que le script de 36 avait un sacré mérite: un genre (avec ses codes, son univers) et une ambition (purement cinématographique et non intellectuelle) assumées.

Assez d'accord sur les défauts du film. Auteuil, ça peut paraître chaud (j'aurais bien vu Giraudeau) mais il se débrouille pas si mal. Depardieu est énorme par contre.

Sinon, pour revenir à Rochant, j'ai revu son Monde sans pitié qui, s'il reste un film "de génération", vieillit plutôt bien. Une belle chronique douce-amère, mais assumant son optimisme éclairé. Les acteurs sont tous excellents (Attal explose).
Bruttenholm
CITATION(Starsky)
CITATION(demosthene)
CITATION(Flying Totoro)
CITATION(demosthene)
Par contre j'aimerais bien savoir à quoi tu penses quand tu dis :
\"Les patriotes, ou une tentative de plus de changement du cinéma de genre passée à côté du public français...\"
tu fais référence à d'autres films français (lesquels ?) ou tu relèves simplement le manque de goût du public en général ?


C'est pas à moi que ça s'adresse en fait mais je pense qu'il fait référence au gros bide qu'a fait le film de Rochant à sa sortie surtout :wink:

bé oui, mais le \"de plus\" dans la phrase de starsky laisse entendre que y en a des autres, des \"tentatives de changement\" qu'ont pas marché. Tu me diras des bons fillms qu'ont pas marché je peux me sortir les doigts du machin et en trouver tout seul. Mais je me demandais si Starsky avait en tête des exemples précis, et surtout des exemples français. Et dans ce dernier cas je serais curieux de savoir à quoi il pense.


des bons films de genre français n'ayant pas marché (pas comme ils auraient voulu ou du...): nid de guêpes, Bon voyage (l'un des meilleurs scénarios français de ces dernières années) le convoyeur, Total western sont les meilleurs qui me viennent en tête. Six-pack, aussi.

Nan, je déconne.



Aaah "Bon Voyage" ! ça c'est vraiment le film qui s'est planté dans les grandes largeurs alors qu'il avait tout pour être un succès gigantesque... Un putain de bon film enlevé, léger sans être vide avec toute l'ambition, le lyrisme, la classe de Rappeneau... Ce qui est marrant c'est que, à l'inverse des "Patriotes", c'est en refusant d'aller à Cannes (remplacé au final par le minable "Fanfan la tulipe" de Krawcyk-Besson) que le film n'a pas eu l'accueil escompté.

A part ça, en ce qui concerne "les Patriotes", je l'ai découvert en DVD et c'est vrai que l'ampleur du film est soufflante mais j'ai trouvé qu'articuler l'intrigue autour de 2 affaires d'espionnage qui ne se rejoignent pas était assez maladroit (la 2ème, pourtant plus forte d'un point de vue politique, s'en trouve très affaiblie à mon avis)... Et la fin m'a un peu déçu... Ce qui est intéressant c'est que les bonus du DVD reviennent sur ces points "litigieux".
patkorat
Hop la je fait remonter le topic.

Sur les conseils avisés de Starsky, je me suis fait offrir le DVD :

8O  La claque. J'ajouterai pas grand chose a la critique, qui est excelente. Le film est tres classe, sobre , dense sans jamais ceder a l'effet de style. Mais avec un richesse visuelle assez epousflante. Cela fait du bien du voir un film aussi elegant. Maitrisé. L'histoire n'a effectivement aucun rapport avec le conflit palestien ou un quelquonque parti pris Israelien, et il est dommage de savoir que cela permis a quelques critiques de faire de la geopolique de bazar.

Attal rentre dans son personnage, progresse dans sa demarche tout comme Ariel Brenner. Sandrine Kiberlain est belle a tomber. Et le reste du cast est au petit oignon.

Punaise, meme sans s'enfermer dans le genre, si Eric Rochant voulait nous faire une version d' "un pur espion " de John le Carré cela suffirait amplement a mon bonheur.

Un tres grosse reussite. Une realisation tres ambitieuse pour un pur film d'espion. A voir imperativement, et a apprecier sans moderation.

Edit : Je regarderais les bonus un peu plus tard, la je savoure.
Starsky
Petite remontée de topic poure info rigolote. J'ai redécouvert le film lors du premier cours d'intelligenc économique qui m' a été donné. Le professeur, utilisant une cassette, ignorait la sortie DVD du film et a été enchanté que je lui prête. Le plus drôle est que ce prof, ancien membre de la DGSE, me disait que le film était particulièrement populaire auprès des office de renseignement (en France, mais aussi ailleurs en Europe) et était trés souvent présenté lors des formations sur la manipulation.

Typique.
bad lieutenant
CITATION(Starsky)
Le plus drôle est que ce prof, ancien membre de la DGSE, me disait que le film était particulièrement populaire auprès des office de renseignement (en France, mais aussi ailleurs en Europe) et était trés souvent présenté lors des formations sur la manipulation.
Typique.


Certainement pour montrer le côté chiant de tout ça. C'est très réaliste, mais c'est également très inintéressant. C'est suffisament bien fait pour se laisser regarder sans qu'on s'ennuie, mais on en retient rien. C'est un film creux.
Starsky
Mmm, chiant, je ne dirais pas cela. Je ne crois pas que le premier qualificatif pour un tel boulot soit son aspect chiant. Dur moralement, castrateur, certainement. mais chiant, je ne pense pas.

Le film de Rochant ne me parait pas creux tout simplement parce qu'il apporte une vraie vision d'un monde de l'ombre, à la fois sèche, oppressante, mais en même temps fascinante par la technicisation du comportement humain à son maximum. C'est trés proche d'un Le Carré, par exemple, tout en offrant un vrai regard sur l'humain dans ce même système. Moi, j'adore.
yanndanh
Starsky je suis à 200% d'accord avec toi...

Je n'ajouterai qu'une dernière chose:

Le film est Brillament mis en scène! Les cadres, le montage, les acteurs et LA MUSIQUEeeeeeeeeeee...

Ce film me glace le sang en même temps qu'il me transporte!

C'est plein de suspens, d'ironie, d'humour, d'action (Pas Boummm Boummm... non non plus vicieux!) c'est "classe", élégant, inquiétant...

J'adoreeeeeeeeeeeeeeee moi aussi!

(je me rend  compte que je n'ai pas fait qu'ajouter UNE chose finalement.... lol!)

Qu'on refile un budget à Rochant! Ca m'a brisé le coeur quand j'ai vu le Doc sur le DVD (... Ca l'a écarté de la route qu'il comptait entreprendre en tant que metteur en scène... Franchement c'est du Gachis!)

Yann
Bruttenholm
Le film passe sur Arte le lundi 9 janvier Voilà.
darklinux
CITATION(Bruttenholm)
Le film passe sur Arte le lundi 9 janvier Voilà.

Comme sa les sceptiques , pourrons voir se chef d ' oeuvre ....j espere que Munich seras aussi puissant
Starsky
Personne ne l'a vu?
Blunt
Présent!

Malgré la qualité de reception douteuse d'Arte chez moi (son de merde), je suis venu, j'ai vu et j'ai été convaincu. Si j'ai trouvé que toute la partie consacrée à Kiberlain était moins convaincante que le reste (quand il commence à la voir partout ça fait un peu sous Hitchcock/De Palma je trouve, enfin peut-être ai-je eu cette impression à cause de la présence de Nancy Allen), tout le reste est assez brillant. Rochant réussit parfaitement sa représentation du monde de l'espionnage comme un univers dénué du moindre glamour, une attente permanente, une machine à broyer de l'humain qui ignore le sens du mot "amitié". Du coup j'ai très envie d'acheter le dvd.

(c'est un peu court mais j'ai pas grand chose à ajouter à ton post initial).
rama kandra
J'ai découvert le film hier soir.

Au niveau de la fin : le retour de Kimberlin veut peut être simplement signifier qu'en Israel on n'accepte que les "non-gols" car le pays est en guerre.

C'est pour ça que Pelman n'est pas sauvé ,à cause de sa femme ?
Starsky
CITATION(rama kandra)
J'ai découvert le film hier soir.

Au niveau de la fin : le retour de Kimberlin veut peut être simplement signifier qu'en Israel on n'accepte que les \"non-gols\" car le pays est en guerre.

C'est pour ça que Pelman n'est pas sauvé ,à cause de sa femme ?


Non, parce qu'il est américain, qu'il espionne son propre pays et que les services américains ne peuvent pas laisser passer ça. Israel ne peut pas narguer aussi clairement son indispensable allié.
Martin Quatermass
Vu et adoré, l'achat du dvd est désormais prévu, surtout que l'édition à l'air somptueuse.

Très grand film.
darklinux
CITATION(Martin Quatermass)
Vu et adoré, l'achat du dvd est désormais prévu, surtout que l'édition à l'air somptueuse.

Très grand film.


Je te le recommande en effet ....
Ced
les bonus sont bien passionants comme il faut... ce dvd c'est le must have français de l'année dernière. :wink:
Rinaldo
Comme un gros boubours j'ai raté la premiere demi heure et en plus je l'ai vu à pas d'heure, mais ça ne m'a pas empeché de rester scotché devant mon téléviseur pourri. A part le spectaculaire, tout ce qui fait le sel du genre y est. Y'a pas à dire c'est bien un authentique film d'espionnage qui contient son lot de manipulations impitoyables, d'écoutes téléphoniques pas tres légales, de types impénétrables qui se jaugent du regard, mais profondement ancré dans la réalité, et à taille humaine. Avec une mise en scene précise et élégante qui renforce la finesse psychologique du scenario sans jamais faire retomber la tension. Des acteurs au poil (Les seconds roles sont tous tres impressionnants. Mention spéciale pour Le Coq). Et une citation de Barry Lyndon (logique, y'a quelques points communs et la meme quadrature du cercle (des désirs d'aventures contrariés par une réalité forcement décevante...). C'est très fort.

Bon j'arrete de repéter ce qui a déjà été (mieux) dit.

(l'armée des ombres-0.5)/6

Je me laisserais bien tenter par le dvd...
seward
excellent film, dont j'avais entendu parler de nbreuses fois.

pas du tt été déçue, au contraire...

seconds rôles excellents....
Malec
Très bonne critique Starsky, pour un film que j'ai découvert l'autre soir sur Arte. A l'époque de la sortie, je l'avais boudé en salle, car le sujet ne me branchait pas, a priori trop sec et réaliste. Le temps a passé, et j'ai vraiment savouré ce qui ne m'intéressait pas à l'époque. Faudra que j'envisage l'achat du DVD un de ces 4...
Starsky
J'ai enfin trouvé le morceau de guitare absolument fabuleux parsement le film (la course vers le cinéma, la fin...): il s'agit d'Asturias d'Isaac Albeniz. Un must have.

Une chose que Rochant arrive là où Speilberg échoue, c'est bien pour la visualisation des pays étrangers: là où la France de Munich est carte postale, les USA de Rochant sont hyper-crédibles. Mais bon, un a été tourné en 22 semaines, l'autre en moins de 4 ( 8O ). Là, faut bien saluer le professionnalisme exceptionnel du réalisateur de Jaws.
demosthene
CITATION(Starsky)
J'ai enfin trouvé le morceau de guitare absolument fabuleux parsement le film (la course vers le cinéma, la fin...): il s'agit d'Asturias d'Isaac Albeniz. Un must have.

Il fallait demander  :(
CITATION(Starsky)

Une chose que Rochant arrive là où Speilberg échoue, c'est bien pour la visualisation des pays étrangers: là où la France de Munich est carte postale, les USA de Rochant sont hyper-crédibles. Mais bon, un a été tourné en 22 semaines, l'autre en moins de 4 ( 8O ). Là, faut bien saluer le professionnalisme exceptionnel du réalisateur de Jaws.

4 semaines ?  C'est possible ? Ca doit être une espèce de record !
profondo rosso
Vu aujourd'hui vraiment une grosse claque dans un ciné de genre français des plus morose dans les 90's. Du recrutement à la formation au Mossad en passant par deux missions inspirées de faits réel, plongée bien immersive et réaliste dans un récit d'espionnage des plus prenant. Antispectaculaire au possible et focalisé sur l'espionnage sous terrain avec son lots de manipulation et de faux semblants (surtout la 1ere mission en France moments le plus réussi). Une détermination qui fait un peu froid dans le dos par moments ("cassez lui les deux jambes") et des traitrises des plus cruelles (le destin du pauvre Pelman) traduisent bien l'aspect froid et implacable du monde de l'espionnage. Réalisation vraiment impressionante de maitrise de Rochant (le récent "Agent Secrets" fait encore plus peine à voir du coup) qui rend crédible immédiatement tout les lieux visités avec un aspect presque documentaire en integrant ses personnage aux décors urbains par des longues focales. Casting impeccable notamment un Yvan Attal parfait froid et fragile à la fois et d'autres acteurs pas habitué au genres qui s'averent épatant comme Bernard Lecoq en beau salopard affable(la scène où il rappelle Prieur pour le menacer..) ou encore Jean Pierre Stevenin excellent. Gros choc aussi, Sandrine Kiberlain sensuelle et mysterieuse blink.gif étonnant qu'elle ait optée pour de bon pour les rôle d'anorexique aux yeux cernés et au teint blafard après un tel rôle. Son personnage amène d'ailleurs les seuls éléments un peu trop romancé et irréalistes du film qui s'avère plus (j'apprecie le final romanesque un peu décrié malgré tout) ou moins (son integration à l'opération est assez grossière une scène coupée détaillait un peu plus dommage) réussis. Très bonne surprise donc dommage que ça se soit planté ça aurait changé bien des choses pour le ciné français de l'époque (excellent making of sur le dvd au passage) je vais me pencher un peu plus sur la filmo de Rochant du coup. 5/6
RogerMoore
CITATION(profondo rosso @ 30 9 2007 - 02:58) *
Très bonne surprise donc dommage que ça se soit planté ça aurait changé bien des choses pour le ciné français de l'époque


Et pour Rochant aussi d'ailleurs...
Il avait cartonné avec son premier film (qui fût mon film culte à l'époque, identification totale avec Hyppo, tout ça), puis a enchainé les échecs aux box office français, Total Western achevant complètement le bonhomme... C'est franchement con parce que je pense que c'est le meilleur cinéaste français de sa génération.
Son dernier film, L'école pour tous est une petite comédie, assez sympa, mais on sent qu'il a besoin de se refaire auprès des producteurs.
Ceci dit, rien n'est perdu, il a encore le temps de revenir. Après tout Eric Barbier qui avait lui aussi connu un échec monstrueux dans les 90's est revenu cette année avec un gros film pété de thunes.
Bonjour.
profondo rosso


Ah c'était lui L'école pour tous ? J'avais trouvé ça assez naze esperons qu'il puisse revenir à des trucs plus ambitieux souhaitons lui un come back à la Barbier effectivement c'était assez méchant et réussi Le Serpent...
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