CITATION(Big Monster)
j'ai grand peine à comprendre ce culte de la larme et de l'émotion; pourtant je suis souvent ému devant les films (mais l'émotion est une des composantes de la fiction, elle ne peut pas en être la seule et unique justification ou raison d'être)
Sauf si tu considère l'émotion au sens large, pas seulement celle qui rend
triste. On est ému par la
beauté. Devant
2001, j'éprouve quelque chose que je serais incapable de décrire, mais ce n'est pas de la tristesse, une certaine empathie pour Hal (le seul être humain du film), mais ce que je ressens va bien au delà. Aucun film de
Kubrick ne cherche à s'en prendre à nos glandes lacrymales mais ses films émeuvent, comme la peinture ou la musique peuvent émouvoir. Et c'est bien parce que le cinéma s'adresse surtout à la partie irrationnelle de notre intelligence que nous (qui sommes ici) éprouvons du plaisir à les
revoir. Les émotions que Francesco décrivait comme siennes devant le
13ème guerrier n'avaient pas l'air d'appartenir non plus à la catégorie larmoyage, c'est pas vraiment un film triste, d'ailleurs.
Mr.
T, (désolé d'insister, ne répond pas si t'en as marre mais le sujet m'intéresse)
Nous sommes d'accord sur des tas de choses. Cette histoire de script a jeté un voile obscur sur mon post, je le vois bien, ce n'est pas ce que je voulais. Et pour Shosta, Dre et tout ça, j'en parlais juste parce que tu étais vraiment tombé pile poil dans mes goûts et que c'était marrant, rien de plus.
Mes remarques :
Je me refuse à croire que
McTiernan pourrait
sciemment faire un film pas beau (quelle qu'en soit la justification). Pour moi c'est une démarche trop \"art contemporain\" par rapport à l'idée que je me fais de lui. Mon problème.
CITATION(Totoro)
J'aurais plutôt tendance à te demander combien de gens se posent simplement la question et s'interrogent sur \"le pourquoi je ressens spécifiquement ça quand je regarde ces images là ?\"
Je ne sais pas combien, mais la démarche que tu décris correspond
précisemment à l'idée que je me fais de la finalité de la critique : essayer de transmettre à son lecteur l'
émotion qu'on a éprouvée,
ensuite chercher dans la facture de l'oeuvre ce qui a pu produire cet effet. MAIS, j'ajoute que dans le cas de
Rollerball et
vu mon manque d'interêt pour les personnages, la scène qui nous préoccupe ne m'a pas fait \"ressentir\" grand chose,
elle ne fonctionne pas
je ne la comprend pas complètement tant que quelqu'un comme toi m'explique sa raison d'être
artistiquement parlant, c'est l'échec.
Francesco, (merci pour les compliments)
En fait et si je comprend bien, tu te refuses à considérer que tu es ému \"pour des raisons techniques\". Evidemment, dit comme ça, on a l'impression qu'
Otomo a juste ouvert son manuel, page 426 (\"trip métaphysique\", juste après \"terreur mystique\"), et paf ! Francesco sur orbite. Mais l'art n'est qu'une question de
nuances, une variation infime de la durée ou de la valeur d'un plan, la palette des couleurs, sans parler de l'évident problème du choix de ce qui va être dans le plan ou pas. Il n'y a pas de règle simple, il y a une
sensibilité (celle du réal)
qui fixe des détails
qui aboutissent à des nuances
qui produisent au final une connexion avec la sensibilité des spectateurs. Il s'agit bien de technique mais absolument pas au sens d'une chose froidement
mécanique. C'est la technique du peintre ou du violoniste, un monde de différence entre deux pincés de cordes, entre deux coups de pinceaux...
Ulysse,
Dans le
treizième guerrier, ce qui est classe, c'est que pour décrire une société exotique (des grands guerriers blonds) et on ait choisit un arabe comme représentant du spectateur. Et que le film se termine par une prière à Allah. C'est un film qui doit bien plaire à Le P.
CITATION(LMD)
Le \"language\" cinématographique ou plutot ce qu'on appelle la grammaire... Sa réception est elle basé sur une pure \"construction sociale\" ou est elle, du moins dans sa forme la plus basique, \"objective\" et scientifique?
Exemple: Un travelling arriére avec au centre du cadre un perso isolé dans une piéce et dans une situation de détresse (Collateral, quand Annie est dans la bibliothéque et que le portable de Max n'a plus de batterie). L'effet recherché est clair: traduire l'angoisse et l'isolement d'un personnage et je pense qu'il sera interprété comme tel par toutes les personnes connaissant un peu la grammaire cinématographique et \"ressenti\" ainsi par la vaste majorité des autres.
Mais si on montrait cela à quelqu'un qui n'a quasiment jamais vu de \"fiction audovisuelle\" de sa vie, décrypterait ou ressenterait t'il ainsi tel ou tel mouvement de caméra ou ficelle de réalisation?
Aucune chance, même
la ciotat était grammaticalement trop complexe pour des néophytes (pourtant c'est juste un putain de train).
Le langage des arts, quels qu'ils soient, n'a rien d'inné, il est entièrement culturel (et c'est même l'essentiel de la culture en ce qui me concerne). Mieux on maîtrise ce langage et plus évidentes sont les différences entre le bon grain et l'ivraie. (c'est pourquoi, si l'on se familiarise suffisamment avec la musique classique on en arrive souvent à préférer Vivaldi à Richard Klayderman).
Le langage audiovisuel (dont le cinéma est devenu la forme romanesque) est d'ailleurs très jeune, il s'est considérablement enrichi depuis ses débuts et on peut parier qu'un spectateur des années 50 serait incapable de dire de quoi parle un film de
Tony Scott ou d'
Oliver Stone. Comme le contraire n'est pas vrai (on comprend toujours les films des années 50), j'en conclue que nous comprenons bien mieux la langue que nos parents et nos grands parents. Nous sommes capables de
détecter un flash back à d'intimes détails, de supporter des montages ultra rapides (quoique certains parmi nous n'ont pas l'air de supporter ça très bien
). Le langage du cinéma continue d'évoluer, ce qui prouve que la forme est encore bien vivante. Cela prouve aussi que nos idoles d'hier sont probablement destinées à devenir les primitifs de demain. J'adore
Hitchcock mais visiblement ce cinéaste autrefois symbole du cinéma populaire est devenu complètement périmé pour le spectateur moderne. Et ceux qui trouvent que le
Nosferatu de Murnau est le plus grand film d'épouvante de l'histoire sont des fats. Tout ça pour dire au passage : gardons l'esprit ouvert, continuons d'apprendre.
+1 avec
Vendetta. Ca me fait penser que je m'étais dit que le sentiment d'étrangeté et d'incomfort que le film m'a inspiré est dû pour une grande part au fait que les acteurs sont toujours filmés face caméra pendant les dialogues.
(Ha ha, je pense avoir repris la tête devant Totoro au niveau du hors topic! Je ris là mais si ça se trouve c'est mon dernier post avant le bannissement).