Tout comme l'archiviste, je n'ai pas répondu parce que nous sommes essentiellement d'accord. Vos derniers posts étaient clairs et n'appellent pas selon moi à débattre. Plutôt à réfléchir.
Je me demande où se situe Francesco par rapport à tout ça.
Peut-être aurait-il fallut créer un topic dédié à cette interessante conversation mais :
1 : je vois pas quel titre lui donner vu que le débat dérive comme une plaque tectonique sur des sujets connexes.
2 : je crains effectivement qu'on ait épuisé l'interêt des participants.
3 : si un réalisateur est capable de susciter des réflexions sur la réalisation, la technique et leur relation au "plaisir" du spectateur, c'est bien McTiernan (n'était-ce pas le sujet de Last Action Hero ?)
Comme tu en parlais, LMD, je pense que la capacité des spectateurs modernes à comprendre en une fraction de seconde la valeur narrative d'un plan (exposition, suspense, slapstick, flash back, dénouement, révelation...) ainsi que sa couleur émotionnelle (essaie-t-on de les faire rire ou pleurer, de les effrayer ou de les choquer, d'attirer leur sympathie ou leur colère ?) aboutit naturellement à l'accéleration du montage. On dit souvent que les jeunes spectateurs sont des maniaques de la télécommande, en état d'ébriété audiovisuelle permanente, mais d'où leur viendrait cette étrange lubie (le zapping), si ce n'est que tous les clichés, toutes les figures de styles, toutes les exploitations d'archétypes narratifs leur apparaissent d'une manière si évidente qu'une seconde leur suffit à les reconnaitre, en profiter et s'en lasser. Aujourd'hui faire durer un plan est devenu, sinon un acte militant à la Dogma, au moins une figure de style en soit, une manière de faire durer la note (la fin de Man On Fire) à moins qu'elle ne soit simplement un signe de sénilité précoce (Attenborough...). A côté de ça des réalisateurs comme Michael Mann ou Shyamalan, pas franchement adeptes du montage cut, assemblent des plans longs dont l'effet tient à la rupture qu'ils opèrent avec le rythme habituel du montage moderne ("physiologique"?). Ils ne font pas des films néo-classiques, ils font des plans temperés dans un univers de vignettes stroboscopiques. Ils ne sont pas en marge du système, ils s'appuient dessus pour pouvoir s'y opposer. Ils sont donc tout ce qu'il y a de plus modernes. Ce que je ne dirais pas de Mallick par exemple dont je trouve le style difficile à lier à une époque donnée.
En ce qui concerne La cité de Dieu, j'étais surtout soulagé de trouver une réalisation plus proche de cinéma que j'aime que de celui d'Elizabeth Quin . Je ne me suis pas demandé s'il s'agissait d'un film représentatif du cinéma de ce pays (ni même s'il existait un cinéma brésilien!). Je souffre d'un manque affligeant de curiosité :cry:
En ce qui concerne Dogville je n'ai vu que le premier (y a une suite ? je suis complètement dans la rue moi) et j'ai trouvé ça beaucoup moins chiant que prévu (j'ai trouvé très penibles les derniers films de Von Trier). Cela dit, il m'avait semblé comme LMD comprendre que le but du "dogme" était de se défaire du carcan des conventions de la réalisation afin de retrouver l'essentiel du sujet, sa vérité. Or, on ne parvient jamais à oublier le dispositif qui fait plutôt lourdement écran entre le spectateur et l'intensité du mélo. Il est très rare que je me dise en voyant un film "il aurait mieux fait de faire comme ça", mais j'ai passé mon temps à tenter d'oublier les absences : la montagne, la boue, les nuages noirs et les murs des maisons.