
"Peur Primale" c'est l'exemple typique du film de procès bien formaté, noyé dans la masse mais agréable à regarder, bref le parfait 3/6. Enfin ça c'était dans ma mémoire, vu que j'avais vu le film 2 fois, mais que ça datait un peu. Et ce soir que le film repassait sur M6, ô surprise je re-évalue le film à la hausse !
Le sujet du film c'est la manipulation. Et les apparences ... Et comme vous savez, faut jamais s'y fier.
Le premier 1/4 d'heure est tout bonnement excellent : un meurtre, un jeune homme couvert de sang, une chasse à l'homme, et un brillant avocat tendance arriviste qui regarde ça en direct à la TV. La mise en scène, classique et dynamique, rappele certains passages du "Silence des Agneaux" de Demme. La ville est magnifiquement filmée, grise et réaliste, et la course poursuite est parfaitement crédible.
En un 1/4 d'heure, Hoblit pose l'histoire, le lieu et les personnages, et d'entrée montre le jeu des apparences : la TV montre le jeune homme comme un evident coupable avant même un procés, les autorités de la ville veulent la peine de mort, et l'avocat se retrouve presque obligé de croire aveuglemment à l'innocence de son client. Bref, le parfait jeu de la manipulation et des apparences qui, chose fort subtile, fonctionne dans les deux sens (accusation et defense).
J'ai dit "subtil" et c'est exactement ça, c'est ce qui m'a frappé lors de cette 3ème vision : le film est bien plus subtil que dans mes souvenirs. Parce que le "coupable" n'est pas un clone de Hannibal Lecter, et qu'à priori il a commis un paquet de boulettes. Parce que son avocat (Gere) est littéralement aveuglé par ses convictions et se fait bouffer petit à petit par ses certitudes. Parce que l'accusation n'a pas le moindre doute et veut envoyer à la mort un possible innocent.
A ce jeu là, Gere est excellent. Il réussit la performance de jouer son personnage "en direct", c-a-dire que celui-ci n'a jamais un temps d'avance sur l'histoire ou les spectateurs. Il decouvre des faits en direct avec nous, improvise, suit des pistes sans savoir où elles mènent, et son personnage evolue petit à petit, baignant dans le doute jusqu'à la fin. Tous les autres acteurs sont du même tonneau (quel casting !), mention spéciale à Laura Linney dans le rôle ingrat de l'avocate de l'accusation.
Une fois au tribunal, la mise en scène devient plus plan-plan, loin du premier 1/4 d'heure. Le film devient plus banal, mais resiste grace à son scénario et ses acteurs. Hoblit est nettement plus à l'aide dehors, et les quelques scènes en exterieur son excellentes.
- ATTENTION SPOILERS -
La fin est connue, le "twist" est logique et immoral, c'est assez rejouissant de voir qu'on n'a pas "holliwoodisé" la fin du film. A revoyant le film, je me suis rendu compte que tout se tenait, et que quelques details significatifs avaient été lachés auparavent, comme quand Norton regarde la caméra quand la psy l'interroge ...
Bref, pas un chef d'oeuvre, oh non mais un bon petit film de procès qui mérite son 4/6. Hoblit a de vraies compétences pour filmer les exterieurs, les gens dans les rues, comme on a pu le voir dans le sous-estimé "Le Témoin du Mal".
PS: pour une fois, je trouve que l'accroche du film (voir affiche) est bonne et fidèle au film.