Après vérification il ne me semble pas qu'il y ait de sujet sur ce thème séminal, même s'il est abordé par certains topics de films. Sinon toutes mes confuses...
La vengeance est un thème porteur et universel qui dépasse le cadre même du cinéma, puisqu'on la retrouve dans la mythologie (le oeil pour oeil, dent pour dent de la bilble), dans la littérature (Le Comte de Monte Cristo pour n'en citer qu'un) et dans la culture populaire en général (The Punisher en comics). L'histoire elle-même est construite d'événements ayant à voir avec une justice collective (la seconde guerre mondiale ou les récents conflits d'Afghanistan).
La vengeance est un sujet souvent problématique, puisqu'elle implique une justice personnelle qui fait fit de l'organisation sociale. Le vengeur se substitue au système, ses actes sont tout autant rédempteurs que contestataires. Le Code pénal français (mais c'est le cas dans toutes les démocraties) reconnaît un droit à la légitime défense, réponse proportionnée à une aggression ponctuelle, cependant la vengeance est condamnée.
Devant la richesse d'un tel thème, il est normal que le cinéma se le soit approprié, créant des oeuvres efficaces, consternantes ou dérengeantes, qui sentent régulièrement le souffre. Quelque soit le pays, ou le genre, la vengeance est souvent traitée. C'est particulièrement vrai dans le western, ainsi Ford utilise fréquemment la vengeance pour caractériser ses personnages. Dans
La Chevauchée Fantastique, Ringo est mu par son envie de vengeance, le Nathan de
La Prisonnière du Désert l'est tout autant. Le Wu Xian Pian l'utilise aussi beaucoup. Le fantastique s'en sert régulièrement, notamment dans les superbes
Dr Phibes et
Théatre de Sang avec un Vincent Price revanchard. Les polars et films d'actions en ont fait un de leurs thèmes de prédilection avec plus ou moins de profondeur.
Il faut dire que la revanche à l'avantage de la simplicité, rien n'est plus simple à construire qu'une histoire de revanche, un personnage subit une perte et se venge de ses aggresseurs (ou pas suivant le message du film). Cependant l'aspect idéologique du film est plus casse-gueule, certains réalisateurs pensent faire passer la pillule avec l'acte ou les actes générateurs que subit le héros. Plus son malheur sera grand, plus sa vengeance sera justifiée.
Par ailleurs il convient de préciser que la vengeance n'est pas forcément le thème central d'un film, même si elle est présent et que certains films ne traitent pas forcément d'une vengeance personnelle mais d'une réponse à un système défaillant. C'est là que l'on retrouve les
vigilante movies , qui traitent finalement plus de justice sécuritaire personnelle asociale que de réelle vengeance; En ce sens
Death Wish est un bon exemple, je ne m'attarde pas trop sur le film qui est déjà abondamment traité sur le forum. Ce qui me semble assez bien trouvé c'est que Paul Kersey ne se venge finalement pas des aggresseurs de sa femme et sa fille, mais d'un système entier qui l'a abandonné.
Je veux plutôt parler des véritables films de vengeance, ceux qui relatent la quête hargneuse d'un héros pour retrouver et éliminer ceux qui l'ont touché. Tout ce pan forme finalement le genre des
revenge movies, plutôt hétéroclite et disparate. La vengeance est personnelle, mais peut avoir plusieurs causes. Elle peut être plus terre à terre lorsque le héros a été trahi, blessé par ses alliés. C'est le cas de
Point Blank ou de la
Métamorphose des Cloportes pour prendre des films stylistiquement très opposés. Elle peut ainsi découler d'un acte violent sur la personne du héros, ou plus particulièrement de l'héroïne dans le sous-genre qui sent le souffre du
Rape and Revenge. Là encore l'histoire est simple, une femme est violée et se venge de ses aggresseurs (à moins qu'une de ses connaissances s'en charge), l'exemple parfait reste
Day of the Woman, peut-être un des films les plus dérangeant sur le sujet.

Ce film de Zeir Marchi n'apporte finalement aucun jugement et sa linéarité donne une fausse apparence de simplicité à l'histoire. Outre le côté angoissant du film, sans musique, avec des décors végétaux étouffants, c'est surtout le fait que vous n'ayez aucun message clairement défini sur lequel vous rattachez qui rend mal à l'aise. D'autres films traiteront moins bien du sujet comme on pourra en parler (puis ça me permet de parler de rape and revenge sans ouvrir de topic et passer pour un gros vicelard)
Mais finalement, le récit de vengeance parfait reste celui où le héros subit une perte affective (femme, enfants, chiens, poisson rouge, etc.) et se venge des ordures qui l'ont fait souffrir. Cela permet de développer des idées sur le fil du rasoir pour certains réalisateurs talentueux ou franchement nauséeuses pour les plus mauvais.
Dans le revenge movie personne n'a été aussi brilliant et complexe que Fritz Lang, dès son premier film américain
Furie, il annonce son obsession de l'envie de vengeance qui atteint son paroxysme avec le meilleur revenge movie qui soit
The Big Heat.

outre l'aspect très hard-boiled, comme le montre l'affiche, Fritz Lang se permet une réflexion assez poussée sur la légitimité de la vengeance, sur son aspect destructeur, le flic joué par Glenn Ford provoque finalement plus de mal qu'il n'éprouve de satisfaction à chatier les méchants. Surtout Fritz lang explique que la vengeance ne peut être que personnelle, elle ne supporte aucune procuration, c'est pour cela que Glen Ford doit rendre son badge avant de se lancer dans sa quête.
Voilà, pourquoi ce thème aussi dérengeant et bes du front est aussi intriguant et passionant ? Pourquoi les récits de vengeance restent l'apanage des meilleurs films d'exploitation ? Ce ressort dramatique essentiel est sûrement l'un des plus controversé, votre avis, vos films, bla, bla, bla...