Beaucoup de bonnes intentions dans cet
Ennemi Intime qui ne sont pas toutes suivies d'effets.
Déjà pour ma part j'ai eu un énorme problème avec le film, c'est la photo: j'ai vu que beaucoup aimaient et donc je ne peux pas dire que Siri ait fait un mauvais choix en la matière (si il recueille les suffrages de la majorité... il ne peut pas plaire à tout le monde, c'est ça le ciné). Non pas qu'elle soit ratée, on sent que c'est travaillé, mais j'ai pas du tout accroché aux choix de couleurs qui ont tout de suite mis une distance entre moi et l'histoire. Une appréciation purement personnelle et artistique donc, mais qui m'a pas fait rentrer facilement dans le truc. J'ai trouvé que le rendu de l'image ne marchait réellement que lors d'une seule scène, celle des "bidons spéciaux", ou il fallait rendre le paysage lunaire, autre. Je crois que ça a pas mal entravé le ressenti du pays, de l'Algérie, cette terre à la fois française et étrangère. A ce sujet, les choix musicaux -au moins la petite ritournelle jazzy- m'ont plus étonné que provoqué le sentiment recherché.
C'est dommage parce qu'a part ça visuellement le film est plutôt bon. A l'instar de Cfury je n'ai pas trop accroché à certaines tentatives d'effets (les caméras embarqués sur Magimel, trois fois c'est deux de trop, quelques trucs un peu étrange dans le massacre du village), mais sinon il y a une réelle volonté de donner du sens à l'image, de faire des cadres travaillés, de donner une certaine ampleur qui si elle n'est pas toujours parfaite fait plaisir à voir dans le cinéma français. A propos d'ampleur, l'
Ennemi Intime trouve le bon milieu entre spectacle et gravité, ce qui n'était pas gagné d'avance.
En termes de parti-pris, j'ai apprécié que le film adopte le point de vue français sans sombrer dans une auto-flagellation excessive. J'avoue ne pas comprendre comment melvinp4 peut trouver le film complaisant envers l'action française sur place: les exactions des fellagas sont toujours hors-champ (massacre du village, mutilation des soldats) si on excepte le mec à qui on a coupé le nez et la langue, tandis qu'on s'attarde longuement sur le massacre du village ou des innocents sont abattus, la gégéne et la torture, les bavures (les femmes descendus par le lieutenant), les "corvées de bois", l'utilisation d'armes prohibés, la censure des autorités en métropoles (lors d'un passage en France par ailleurs pas très utile)... C'est un catalogue auquel il ne manque que l'abandon des Harkis.
Cependant, mais peut peut être cela était il jugé nécessaire, des dialogues didactiques (la séquence entre Magimel et le gars des renseignements est super artificielle, certains dialogues qui viennent doublés ce qu'on avait compris comme la défection de Rachid) et une certaine prévisibilité scénaristique (le gamin, la bavure qui s'annonce de trop loin) qui participe de la même logique -on l'a l'impression que c'est la volonté d'être bien compris et d'embrasser tous les passages marquants ("couilles dans la bouche" etc...)- qui dicte l'histoire plutôt qu'une logique interne au récit. Par exemple, le speech du Commandant après l'attaque de la Jeep est à mon sens bien plus parlant que le tunnel de dialogues au début.
Le personnage de Magimel (au demeurant plutôt bon) est ainsi trop subordonné au propos et n'a pas, je trouve, d'existence propre (le pétage de plomb est annoncé dés le début, tant par le film que par les persos) contrairement à celui de Dupontel (et des seconds rôles qui sont tous caractérisés comme il faut, on sait qui est qui, et on est jamais perdu malgré le grand nombre de persos) et dans l'ensemble le principal défaut "technique" est à mon sens le récit et la narration comme noté par d'autres Madnautes: Les séquences manquent de liant, le film d'un fil rouge (Terrien n'en est justement pas un) et les missions s'enchainent sans qu'on saisisse la temporalité exacte de la chose, ce qui relève
toujours de cette impression que le film n'est pas complètement libre (peut être parce qu'il est le premier sur le sujet depuis un petit moment et que les films français sur le thème se compte sur les doigts de la main) de son sujet. J'aurais aimé un peu plus de mystère, comme dans le personnage de Dupontel (dont le passé est évoqué par un dialogue et deux photos).
Si le tout est un peu défaillant donc, reste des parties qui ont de beaux restes: je retiens surtout la séquence de l'embuscade et du napalm, la corvée de bois (qui malgré des éléments volontairement symboliques, le condamné vétéran de la campagne d'Italie, la médaille... évite de sombrer dans le sur-signifiant), Dupontel qui joue du clairon, la séquence d'auto-gégéne. La plupart des fusillades sont réussies. Je noterais aussi que ça ne fait jamais fauché, comme les costumes, et qu'on retrouve ce "professionnalisme" propre aux prods US.
Bancal mais louable.
Et Magimel est mur pour jouer dans un biopic de Philippe Mexes.
EDIT:
CITATION
Ouais ca [la première BA]donne pas mal. J'attends de voir pour la photo, je ne suis pas encore complétement convaincu.
Bon bah, je suis content d'être cohérent avec moi même