Je me dois de rétablir l'équilibre, ma critique de bobo wanabee ayant fait remonter le topic des minipouss au dessus du niveau de la mer.
J'ai déjà balancé mon avis sur Happy feet, mais un réflexe écocitoyen me pousse à ne pas gâcher et à recycler la critique que j'avais préparée en réponse à la provocation de cette raclure de Horse (qui, quand il ne brule pas en enfer aux côtés de Michel Leeb, se permet de venir faire de l'esprit sur les futurs chefs d'oeuvres de la comédie piratesque française...).
Je précise tout de suite que ce papier a visiblement été refusé par l'intelligentia crypto-communiste qui dirige ce forum, le contenu hautement polémique de celui-ci semblant déplaire aux plus hautes sphères de pouvoir européennes et mondiales.
J'ai d'ailleur reçu plusieurs messages de menace cryptés, du type "
Tes critiques de Bobo pseudo philosphiques, tu peux te les foutre au Q....Sartre est mort et ce sera bientôt ton tour, raclure...on se fera un abat-jour avec ta peau de Bobo..."
Mais la diabolisation dont je suis l'objet ne saurait vaincre, et la vérité éclatera bientôt, brisant les murs de l'ignorance et du silence !!!!
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Ou en fait non, l'article a juste pas été retenu parce qu'il était pas terrible, et j'ai simplement reçu un mot gentil de Blunt et que dalle de la part du marsupial.
F'chier, j'aurais telllement aimé être un artiste maudit et me la pêter dans les soirées hype...
Tant pis pour vous, vous y avez droit quand même (c'est long, chiant et prétentieux, vous êtes prévenus...). Je poste ça et je retourne dans ma grotte. Ce monde ne mérite pas ma prose.
HAPPY FEETIl faut bien l’admettre, l’image de synthèse commence tout doucement à s’installer dans la grande tradition des films d’animation de fin d’année. Depuis la mort cérébrale des productions 2D de Disney (quelqu’un a prévenu la famille ?), ils sont quelques-uns à tenter de rafler la mise sur ce créneau juteux. Même les français s’y mettent, à grand renfort de promotion, le temps d’un remake de « chérie, j’ai rétréci les minipouss !». Il faut dire que l’enjeu financier est de taille. En cas de succès, c’est la jackpot mondial assuré et reproductible d’année en année.
Nous ne nous plaindrons pas, car après tout, comme disait ma grand-mère : « Plus y’en a, plus y’a le choix ! » Et en bons geeks que nous sommes, nous pouvons ainsi faire d’une pierre deux coups : faire notre B.A. en sortant nos petits frère, neveux, hamster…ET céder au plaisir coupable de nous en prendre plein la face devant des CGI de folie. C’est Nauyel, quoi !
Dans le domaine, assez fermé, des réalisateurs de films d’animation, on peut en gros distinguer deux grandes catégories. D’un côté, les spécialistes de la chose, qui sont tombés dedans quand ils étaient petits, à la John Lasseter ou Brad bird, de l’autre, les réalisateurs de films « traditionnels » qui viennent se frotter au genre en outsiders, comme Zemeckis ou, dans le cas qui nous intéresse, George Miller !
Miller, donc, cher au cœur du madnaute de base, se lance dans le long métrage d’animation. Et là, le madnaute inattentif s’interroge : le réalisateur de la série des Mad Max et des Sorcières d’Eastwick a-t-il vendu son âme aux chtinenfants ? Brade-t-il son talent ? A-t-il échangé son cynisme mordant contre un bâton de guimauve sucrée ?
Le madnaute attentif, lui, rigole doucement, car il a vu Babe, le cochon devenu berger, et surtout Babe II, le cochon dans la ville ! Et il sait ce que Miller peut faire d’un film « pour enfants » !!! Et lorsque le madnaute voit débouler une bande annonce de l’espace avec un troupeau de pingouins qui chante du Queen sur un iceberg, il SAIT que ça va envoyer du paté.
Miller a plus d’un quart de siècle de métier derrière lui lorsqu’il se lance dans cette aventure. C’est donc un vieux briscard à qui l’on confie un nouvel outil, et il a parfaitement saisi les possibilités offertes par son nouveau joujou. L’ordinateur permet de se défaire des contraintes de tournage classique. Pas de plateau, pas d’acteurs à gérer pendant des mois, une liberté totale dans les cadrages et les mouvements de caméra. Par conséquent, Miller en profite pleinement et donne libre cour à son talent. Maîtrisant parfaitement les codes de la réalisation et la grammaire cinématographique, il enchaîne les morceaux de bravoures à un rythme effrayant. Courses poursuites, scènes bibliques, scènes de terreur, drame, comédie, tout y passe ! Un vrai feu d’artifice. Le cadeau d’un monsieur très très doué et très généreux,.qui nous balance dans la face une démo d’une maestria à couper le souffle. Certaines scènes resteront longtemps dans vos mémoires, comme la marche des pingouins contre le vent, la solitude de Mumble, ou les glissades effrénées sur la glace .
Car Miller a l’ambition de son talent. A partir d’un pitch « traditionnel » sur l’écologie et le respect des différences, il développe des thématiques complexes et parfois très sombres. La religion, la politique, la folie…on est loin de l’univers aseptisé et mièvre de la concurrence (suivez mon regard…)
Mais c’est surtout une réflexion sur le cinéma, sur l’image, sa réalité, et son impact sur la société. A plus de 60 ans, Miller s’interroge clairement sur son rôle en tant que réalisateur. Le pingouin qui ne sait pas chanter avec la masse des pingouins, c’est lui. Lui qui réalise des « films de genre » engagés et violents, et qui connaît la reconnaissance américaine et mondiale, par son seul talent et son succès public, alors que ses films auraient dû le condamner à une carrière de cinéaste indépendant et underground. Lui aussi, qui s’interroge sur sa place : prophète ou amuseur public ? S’il nous cite Moby Dick (encore une scène d’anthologie, avec des orques affamé et joueurs, cette fois), ce n’est pas un hasard. Miller n’est pas si éloigné d'un Ishmael, observant le capitaine Achab, qui nous livrerait ici ses moments de doute et de désespoir. Son public reçoit-il bien le message, ou ne perçoit-il que des gesticulations ridicules et distrayantes ? Le cinéma n’est-il que de l’entertainment ? Une forme moderne de zoo où les réalisateurs sont enfermés pour amuser les enfants sans risquer de les pincer ? Les artistes peuvent-il changer le monde ?
La réponse claque comme un drapeau, un drapeau grand comme un écran de cinoche. Dans des décors d’un blanc immaculé, à la limite de l’épure zen, Miller ne se fie qu’à sa caméra et à son art. Il parvient à nous faire mourir de peur, de rire, et de chagrin.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire. Prenez vos enfants, neveux, hamsters…Et traînez-les au cinéma ! S’ils vous réclament du minipouss, dites-leur que les gnomes, eux, ne font pas de reprise de Queen sur un iceberg ! S’ils vous disent que les minipouss aiment la nature, dites-leur que les pingouins aussi ! Dites-leur aussi que les bébés pingouins sont trop tichoux et que s’ils sont sages, ils en auront un en peluche pour Noël...Et tant pis pour les doublages français pourris par la Star Ac’ !!! Dites-leur ce que vous voulez, mais emmenez-les prendre leur première grande leçon de cinéma ! Après, vous n’aurez plus qu’à leur offrir le DVD de Babe II, et d’ici quelques années, on les retrouvera sur le site Mad Movies…
P.S. : Ca a l'air tiré par les cheveux, comme ça, mais l'un des morceaux principaux du film, c'est tout de même "
somebody to love", de Queen. Si vous faites gaffe aux paroles et que vous vous dites que miller l'a choisi, ça colle pas mal avec ma thèse...
Bon, je vous avais prévenus, hein...