Il y a des musiques qui donnent envie d’aimer, d’autres de haire, de rigoler, de chialer, de tout casser, de rêver, de dormir, de fuir, voir de vomir. Et puis il y a les musiques qui font flipper, celles que l'on écoute au milieu de la nuit histoire de ressentir le plaisir malsain du petit frisson qui nous picote la nuque...
A une époque lointaine (celle où j'avais comme pseudo Berlusconi666), j'avais ouvert ici même un topic (élitiste) pompeusement baptisé "La peur en quelques notes" (ou un truc dans le genre) qui se proposait de faire un passage en revue des BO inquiétantes voire flippantes. Son énorme succès ne l'a malheureusement pas empêché de s'éteindre doucement, seul dans son petit coin (c'est la vie qui veut ça de toute façon) mais, étant de nature plutôt opportuniste, je vous propose de le faire revivre, à la différence près qu'il sera cette fois-ci beaucoup plus spectaculaire (bigger, stronger, faster) que l'original (un remake quoi... c'est la loi du marché qui veut ça de toute façon) car englobant toutes les formes de musiques et non plus seulement les scores de films. Libre à vous donc de parler autant du Alien de Jerry Goldsmith que de la dark ambiante etouffante ^^
Bon, ben j'ouvre le feu de manière tout à fait classique avec un score bien particulier...
...oui parce que c'est quand même dingue la flippe qu'on peut ressentir à l'écoute de simples instruments à cordes (ça utilise pourtant les mêmes instru qu'André Rieu !!).
A la base, William Friedkin avait demandé au légendaire Bernard Herrman de se charger de l'écriture du score mais pour une histoire de planning non concordant, la collaboration entre les deux génies resta lettre morte. Lalo Schifrin (pas n'importe qui non plus) pris donc la relève mais il fut congédié par le réalisateur au bout de quelques jours (après seulement 2 journées de travail paraît-il).
Plutôt que de faire appel à un 3e compositeur, Friedkin choisit alors de piocher directement dans le répertoire de la musique contemporaine en utilisant des oeuvres de Krzysztof Penderecki, Hans Werner Henze, Jack Nitzsche et Anton Webern. A côté de ça, on trouvera un truc plus pop avec le célèbrissime "Tubular Bells" de Mike Oldfied, un morceau qui réussira en quelques notes à symboliser (avec l'affiche) le film pour l'éternité.
A l'écoute du score, on se dit que Willy (?) ne pouvait pas faire mieux avec ce patchwork musical qui se révèle au final très homogène et qui surtout, parvient à reproduire le même genre de malaise que l'on peut ressentir lorsque l'on est devant les images du film. Pour s'en convaincre il suffit juste d'écouter quelques morceaux comme "Polymorphia", "The Wind Harp" ou bien encore "String Quartet No. 1". Je suis absolument pas expert en la matière mais je crois pas avoir écouté des sons aussi bizarres sortant de violons et autres intruments à corde. L'ensemble est tellement sombre, stridant, dissonant, tendu, voir carrément violent (cf. l'assaut brutal lancé sur nos oreilles avec "Kanon For Orchestra and Tape") que je me demande si les musiciens étaient vraiment humains (je pense qu'il s'agissait en réalité d'insectes, plus particulièrement des cafards rouges géants d'Amazonie). Si j'osais, je dirais que la musique du Diable ne se trouve pas entre les sillons d'un disque de blues ou de rock mais bien plutôt sur cette BO maléfique qui, à chaque fois que je l'écoute, me transporte quelque part entre le désert irakien brûlant et la chambre glaciale de Regan. Et même que des fois, j'ai l'impression que Pazuzu en personne me parle (brrrrrr...).
Dire que ça a 23 ans...