CITATION(Caerbannog @ 24 5 2007 - 11:08)
Bref, j'ai adoré. par contre, je ne connais pas du tout la filmo de Raoul Walsh, j'ai été faire un tour sur imdb mais sa liste de réalisations est longue comme le bras (139 films tout de même), il m'est donc difficile de choisir un film en particulier, pourriez-vous donc, amis Madnautes, fins érudits que vous êtes, m'en conseiller quelques-uns ?
Outre Gentleman Jim, une petite sélection tout à fait personnelle, et loin d'être exhaustive
La Charge fantastique (
They Died with their boots on - 1941) : Toute la puissance de conviction de l'outil cinéma. Voilà le film qui vous fera rire, vibrer, pleurer, redoubler d'empathie voire de sympathie pour ce qui est rien moins qu'un salopard historique, en l'occurence le général Custer, magnifiquement campé par un Errol Flynn diablement séduisant. Guy Debord, très alerte sur la question de la propagande, avait fait de ce chef-d'oeuvre manipulateur une des images récurrentes de sa
Société du spectacle.
Aventures en Birmanie (
Objective Burma - 1945) : Le film définitif sur des commandos pris au piège dans une jungle meurtrière. 142 minutes de montée de tension face à un ennemi invisible et quasi-fantastique, et retour progressif vers la condition humaine des origines (chasseur chassé). Comme souvent remarqué, c'est l'ancêtre de la structure scénaristique de
Predator.
L'Enfer est à lui (
White Heat - 1949) : big classique, mille fois cité et parodié, d'une nervosité épuisante, mis en scène à la perfection, avec un James Cagney thermonucléaire. Un topic lui est entièrement consacré sur ce forum.
Les Fantastiques années 20 (
The Roaring Twenties - 1939) : Une sorte de chant du cygne du film de gangster et l'annonce de la fin d'une époque. Dix années du parcours de trois hommes de basse extraction, anciens soldats, qui vont devenir les rois de la pègre et connaître une chute aussi sublime que leur fulgurante ascension. Un des modèles revendiqués de Scorsese pour ses
Affranchis, plusieurs fois cité par leone dans son
Il était une fois en Amérique.
La Grande évasion (
High Sierra - 1941) : Révélation de Bogart dans la peau d'un loser magnifique, libéré de prison, qui retombe dans ses travers et croise sur sa route une femme (Ida Lupino) qui pourrait être sa rédemption. Le destin en décidera autrement. L'esprit anar de Walsh fait des merveilles quand il dépeint une société américaine cynique à la violence déguisée voire hypocrite, et invente la figure du gangster moderne dans ses échos existentialistes. Il en fera un remake sous forme de western, avec Robert Mitchum dans le rôle principal :
La Vallée de la Peur en 1946.
L'Esclave libre (
Band of Angels - 1957) : Avec entre les mains un Clark Gable vieillissant et un script pas très clair sur l'esclavagisme d'avant la guerre de sécession, Walsh a eu une idée saugrenue : faire de son personnage principal la facette "révélée" du Rhett Butler d'
Autant en emporte le vent. Du coup le film (visuellement splendide) devient un véritable jeu de massacre de l'imagerie et des archétypes des années 40-50 (l'héroïne est une esclave noire à la peau blanche; son maître est un esclavagiste philantrope etc.). On se croirait parfois face un détournement de classique américain par les premiers critiques des Cahiers de la même époque. Séquence sublime lorsque Gable et ses vieux amis se remémorent le "bon vieux temps" en se saoulant la gueule tandis que le vent autour d'eux vire à la tempête, le "bon vieux temps" étant celui où ils trafiquaient de la chair humaine.
(hélas, les amateurs de La Classe américaine auront du mal à voir cette scène merveilleuse sans pouffer de rire, idem plus tard lorsque Gable croise un soldat black dans les marais)Barbe Noire le pirate (
Blackbeard the pirate - 1952) : Pétage de plombs. Ce qui devait être un joyeux film de pirates pour les n'enfants devient un jeu déviant avec les codes du genre, truffé de second degré, de comédiens cabotins à mort, d'un technicolor agressif et de quelques effets gores qu'on se demande comment ils ont fait pour atterrir là. Sublime dans son hypertrophie esthétique, c'est limite le
Last action hero du film de pirates. En tous les cas, Polanski a vu et revu ce film, c'est certain.
Les Aventures du Capitaine Wyatt (
Distant Drums - 1951) : Faux remake westernien d'
Aventures en Birmanie, qui reprend plusieurs personnages de
Capitaine sans peur. Ce qui ressort de l'oeuvre est surtout le portrait de héros fatigué tenu par Gary Cooper, acceptant cette dernière mission de destruction d'indiens alors qu'on le sent en quête d'harmonie impossible avec son monde. Certaines séquences annoncent la métaphysique et le macabre de
La Prisonnière du désert.
Une Femme dangereuse (
They Drive by Night - 1940) : à la fois drame sentimental, docu-drama, semi-comédie et film judiciaire, c'est avant tout une chronique prolétaire inégale sur la vie des routiers, dont la première partie nous plonge véritablement dans le quotidien viril et épuisant de ces ouvriers de la route en proie à mille dangers. C'est aussi le film de la "passation de pouvoir" entre George Raft et Humphrey Bogart autour de la lumineuse Ida Lupino.
Danny De Vito y a fait d'insistants clins d'oeil dans le début de son
Hoffa.
Annie du Klondike (
Klondike Annie - 1936) : l'allumeuse Mae West est ici une danseuse de cabaret aux moeurs très légères qui assassine son gangster de patron et se réfugie dans un bateau où elle partage la cabine avec une bonne soeur. Lorsque la femme d'église décède, la danseuse usurpe son identité et devient la dirigeante d'une mission religieuse à laquelle elle va donner une bonne dose de sex-appeal. Honteusement pompé par les scénaristes de Sister Act (qui en ont inversé le discours), ce film joyeusement provoc a déclenché le scandale et, de fait, a été un gros succès.
Capitaine sans peur (
Captain Horatio Hornblower - 1951) : Je revendique ici mon total manque d'objectivité face aux swashbucklers marins en technicolor. La structure scénaristique du film est loin d'être parfaite, mais les bateaux, la mer, les costumes, le capitaine solitaire dont le regard scrute l'horizon, tout celà annihile mon sens critique. C'est bôôô.
Les Nus et les morts (
The Naked and the dead - 1958) : Je n'ai pas été convaincu par cette adaptation du roman de Norman Mailer, dont on sent que la violence et la noirceur ont été largement élaguées sur la table de montage. Mais je reconnais qu'il reste quelques images marquantes et obsédantes, dont celles de ces soldats nus qu'on s'apprête à exécuter tels des bêtes dans un film pourtant "traditionnel" en cinémascope, ainsi que la partition macabre de Bernard Herrmann qui a mieux compris le film que le studio.
Saboteurs sans gloire (
Uncertain glory - 1944) : une étrange anomalie au milieu des sept films que partagent Walsh et Errol Flynn. Ce dernier est un criminel évadé dans la France occupée, rattrapé par le flic qui était à ses trousses. Les deux hommes se voient arrêtés par les allemands car soupçonnés d'être de la Résistance. Soudain liés par l'adversité, il va s'opérer en eux un changement profond, sorte de bouleversement spirituel initié par le "mal absolu" que symbolisent les nazis.
La Piste des géants (
The Big Trail - 1930) : mené par un John Wayne quasi-pubère, c'est un modèle souvent copié de film de "conquête de l'Ouest", aux accents bibliques marqués, où les premiers colons bravent les éléments et la tentation pêcheresse à la recherche de leur Terre promise
La Femme à abattre (
The Enforcer - 1951) : Enquête policière pessimiste dans une Amérique éteinte, menée par un Bogart fantômatique. Film plus curieux que véritablement prenant. A noter que le titre français est l'un des plus gros spoilers de l'Histoire des titres français (et donc, en vous le disant, je vous spoile à mon tour).
et dans ses films muets
Le Voleur de Bagdad (1924) : l'adaptation modèle du conte (dans sa totalité, mêlée d'Aladin) avec un Douglas Fairbanks qui pète la forme et des décors de malade. Une oeuvre épique à tous les sens du terme, intemporelle et donc moderne, à voir si possible sur grand écran pour en mesurer tout le pouvoir.
Regeneration (1915) : Considéré comme un des premiers grands films de gangsters. Tourné dans le Lower East Side avec un casting d'authentiques malfrats
vala
Walsh c'est bien, mangez-en