Le cas du Western est particulier puisqu'il s'agit sans doute du seul genre dont les codes se résument entièrement au décor. N'importe quelle histoire jamais conçue sur cette planète s'applique au Western.
(
La Chevauchée fantastique - aventure,
Little Big Man - chronique historique,
Le Bon la brute et le truand - aventure de guerre,
La Vallée de Gwangi - aventure préhistorique,
Timerider - SF,
L'or de McKenna - chasse au trésor,
La Kermesse de l'Ouest - comédie musicale, emprunts multiples à Shakespeare ou à la tragédie grecque etc. etc.)
Après, pour tous les autres genres, il faut se mettre d'accord sur les codes qui les définissent, et c'est là qu'en général personne n'est d'accord justement.
C'est le boulot des scénaristes, producteurs, réalisateurs que de chercher à comprendre les codes du genre qu'ils servent s'ils veulent apporter une touche d'originalité sans s'aliéner le public. Parce que quoi qu'on en pense, on ne peut pas être "original" sur du vent. Le public veut être surpris, mais il s'attend à retrouver certains fondamentaux, et il se détournera naturellement du film s'ils n'y sont pas.
Si tu prétends faire un thriller et qu'il y a 0 meurtres, ton film est mal barré. Si tu décides de débuter par un survival ultra-tendu dans la jungle amazonienne et que tu conclues ton film sur un numéro burlesque à la Laurel et Hardy, ben t'as intérêt à être un putain de narrateur si tu veux pas voir la salle se vider de son audience.
En général, l'originalité ne consiste pas à détourner des codes dans un genre donné mais à appliquer les codes d'un genre donné dans un cadre où l'on n'est pas habitué à les voir.
Dr Folamour n'est pas un film de guerre par exemple. C'est une comédie burlesque, qui "respecte" tous les codes de la comédie burlesque, et dont l'intrigue se situe dans un cadre guerrier apocalyptique.
Incassable suit scrupuleusement les codes d'un film de super-héros (genèse, découverte des super-pouvoirs, conflit intérieur sur les devoirs induits par ces pouvoirs) dans un cadre de drame psychologique.
Il y a aussi les cas très rares où un cinéaste invente un genre, mais ça, ça a du arriver deux fois dans toute l'Histoire (Welles avec
Vérités et mensonges, Fellini avec
8 1/2)
Dire qu'untel respecte les codes d'un genre ou pas, ça se discute au cas par cas. Dire qu'on apprécie un film juste parce qu'il respecte les codes du genre, ça ressemble à un raccourci (genre "
j'aime bien mais j'ai pas envie d'analyser pourquoi"). Peut-être une façon de dire qu'on s'accomode d'un film qui ne nous ébranle pas mais qui répond à des attentes basiques; j'en sais rien.