Pays: Japon
Année: 2005
Durée: 1h32 + making of (25 min) + bandes annonces (9 min)
Genre : Histoire de (kung) fous.
Réalisateur: Shigeki Hayase
Avec: Kisaki Tokumori (Shurei), Michiko Takizawa (Yuki), Misaki Takahashi (Christina Billie Kido), Koji Fujita (Ijuin), Yuno Hayami (Médusa), Ai Suzuki (Sparga), Serina Hitomi (Mukadiga), Yayoi (Sasorga), Action Team RAL'C (Zombies).

Dans le premier numéro de "Marvel Knights: Black Panther", le faire-valoir du héros tentait de résumer les derniers événements à sa collègue, avec forces flash-backs et disgressions, au point que son infortunée interlocutrice finissait par s'exclamer: "J'ai l'impression de regarder 'Pulp Fiction' à l'envers!" Pourquoi je vous raconte ça? Parce que c'est exactement l'impression que j'ai eu durant toute la première moitié de "Kung-Fu Fighter Shurei"! Au point que la résumer est une gageure digne de figurer dans une version des travaux d'Hercule qui ferait appel à l'intelligence plutôt qu'aux muscles, l'ensemble consistant en une succession de scènes tellement décousue qu'on se demande si le film n'a pas été tourné par plusieurs équipes se livrant à un facétieux cadavre exquis. On a ainsi droit à (à peu près dans cet ordre):
1°) Une scène d'ouverture dans laquelle un savant fou mène des expériences sur deux cobayes féminines visiblement peu consentantes.

C'est bien connu, les savants fous travaillent dans l'ombre.
2°) Une scène de combat entre les trois héroïnes et une horde de zombies (sic), le tout interrompu régulièrement par des scènes montrant d'autres zombies se prosterner devant une femme qui a une tête à s'appeler "Mme Irma". Si les combats sont en eux-même très bien faits, le réalisateur trouve hélas intelligent de faire alterner sans raison valable ralentis, accélérés et vitesse normale, en y adjoignant quelques expérimentations visuelles du style:

L'image trouble, comme ça, c'est joli, non?

Ah, c'est quand même autre chose qu'un simple zoom, ça!

Et si je tiens ma caméra comme ça, qu'est-ce que ça donne?

- Je vois… Que vous allez bientôt vous excuser…
- Je vous demande pardon?
3°) Une scène où les trois héroïnes, en civil, font du shopping, des bulles de savon, de la balançoire, jouent à pierre-papier-ciseaux et se battent à coup de pistolets à eau.

Dites, les filles, vous êtes sûres qu'on est toujours dans le même film, là?
4°) Une scène de douche (non, pas collective, bande de petits pervers!) où on découvre que l'héroïne principale a de jolies ampoules aux pieds.

L'histoire ne dit pas si le caméraman était toujours en vie après que l'actrice aie vu cette scène.
5°) Un rêve de l'héroïne principale reprenant des images de la scène 3°) agrémentées d'un attentat à base de fleurs empoisonnés.

Allo, Sigmund Freud?
6°) Une amie de l'héroïne suivant ce qu'elle croit être son père mais qui est en fait une méchante déguisée.

Yuki, je suis ton père.
7°) Une scène où trois super-vilaines se tapent dessus jusqu'à ce que Mme Irma siffle la fin de la récré.

Au lieu de se battre entre nous, on ferait pas mieux de tuer notre costumier?
8°) Le tout entrecoupé de flash-backs (filmés en noir et blanc, ça va de soi) expliquant que les parents de l'héroïne principale ont été tués par la sœur cachée de l'homme-serpent de San Ku Kai. En gros, c'est toujours la même scène avec de légères variations. A noter qu'à chaque fois, ces flash-backs ont sur notre héroïne un effet bœuf.

ARRRRGH!!! J'ai un flash-baaaaack!

Pitié! On fera tout ce que vous voudrez, mais sortez nous de ce film!

T'as compris quelque chose, toi?

Hmm… Même en regardant le film comme ça, non.

Bon, on va faire autrement. Toi: les mains en l'air et explique nous le film!
De ce capharnaüm scénaristico-visuel, on arrive miraculeusement à comprendre deux-trois choses. D'abord, les trois héroïnes ont pour noms Shurei (l'experte en arts martiaux qui a piqué la garde-robe de Chun-Li dans Streetfighter), Yuki (l'experte en sabre, hélas très effacée par rapport aux deux autre) et Christina Billie Kido (la cowgirl bilingue et tireuse d'élite). Elles sont aidées par Ijuin, un savant fou sous amphéts qui cherche un moyen de faire fusionner l'esprit et le corps des trois héroïnes. Mme Irma, qui s'appelle en réalité Médusa (C'est fou ce qu'un patronyme peut influencer le choix d'une carrière: vous avez déjà vu une méchante s'appeler Améthyste ou Rose Des Sables, vous?), veut capturer Shurei pour d'obscures raisons, aidée en cela par son armée de zombies et par trois super-vilaines qui s'habillent chez Mortal Kombat: Sasorga (sasori=scorpion), Mukadiga (mukade=scolopendre) et Sparga (dérivé de l'écriture phonétique japonaise de spider).

Ijuin et ses drôles de dames.
D'ailleurs, à votre avis, comment Médusa va-t-elle finalement capturer Shurei?
a) Elle prend un de ses proches en otage pour l'obliger à se rendre?

c) Attaquée simultanément par 380.000 adversaires, Shurei en élimine 379.999 mais le dernier la neutralise grâce à une ruse déloyale?
d) Obi Wan Kenobi?
e) Alors qu'elle s'entraîne dehors, Shurei a un flashback qui la fait s'évanouir et des zombies qui passaient par là n'ont plus qu'à la ramasser?

Réponse: E! Ca a au moins le mérite d'être original. Idiot, mais original.
A partir de là, le scénario devient enfin linéaire et cohérent. Malheureusement, il devient aussi trèèèèèèèès prévisible. Shurei est capturée et torturée par Médusa. Yuki tente de la délivrer mais est à son tour capturée et torturée. Christina a plus de chance et parvient à les libérer.

Médusa sait recevoir: elle invite sa prisonnière à sa table…

…avant de la tabasser.

Par contre, elle a une façon très personnelle de lui offrir un verre.

Là, Yuki aurait dû délivrer Shurei, mais elle a un peu merdouillé.
Pas contente, Médusa envoie ses trois guerrières contre nos héroïnes (ça fait une méchante par gentille, ça tombe bien) avant de se décider à les affronter elle-même, révélant alors sa véritable apparence. Surprise (pour la seule personne au monde qui ne l'aura pas vu venir): c'est la meurtrière des parents de Shurei!

SAVASHIEEEEEEE!!!

Un combat final truffé d'effets spéciaux hallucinants (C'est censé être un impact de balle, au centre).

Si, si, des effets spéciaux hallucinants.
Heureusatoirement, Ijuin a donné des bracelets de sa création à nos héroïnes qui, en les mettant, fusionnent en une Super-Shurei qui explose Médusa (quoi qu'elle soit un peu déconcentrée par les voix de Christina et de Yuki qui lui disent comment elle doit se battre).

L'équation de la création.

Je peux pas te parler maintenant: je suis en plein combat.
Et on termine sur une séquence censée nous expliquer la scène d'ouverture… Sauf qu'à moins de parler couramment le Japonais, on n'y comprend rien. De deux choses l'une: ou bien Ijuin est un traître, ou bien il essaye de guérir nos héroïnes des effets secondaires de leur fusion. La troisième explication possible (et la plus plausible, d'ailleurs), c'est celle-là:

Au secours! Zen-Pictures nous retient prisonnières pour nous forcer à tourner dans une suite!
Si le trio d'héroïnes est plutôt bien trouvé et leur fusion, une bonne idée, "Kung-Fu Fighter Shurei" souffre de l'absence d'un véritable scénario et d'une extrême confusion dans toute sa première moitié. Plutôt dommage, car les scènes de combat sont bien chorégraphiées et que le film bénéficie d'une bonne dose d'humour, en particulier grâce aux personnages de Christina et de Ijuin. Dans le rôle titre, on retrouve Kisaki Tokumori, une habituée des productions Zen. Ravissante et athlétique, elle sait se montrer à l'occasion bonne comédienne, malgré une nette tendance à exagérer ses expressions. (S'il y a des actrices inexpressives, Kisaki est expressive pour deux… non, trois… allez, une bonne dizaine de personnes!) Cerise sur le gâteau, on a droit à deux génériques de fin, dont un avec bêtisier nous montrant, entre autres: une méchante s'excuser d'avoir réellement éclaté le nez de Shurei, une autre s'assommer en faisant des moulinets darthmauliens avec sa lance, et Yuki qui ne se rend pas compte que son épée lui a échappé des mains et qui continue le combat comme si de rien n'était.