CITATION(Poltermok @ 05 12 2006 - 11:17)
Je suis sur que l'Archiviste qui a ete initie au rite du sacrifice humain kascher par les hautes instances des Archontes Babyloniens pedophiles du Beth-Din aura son mot a dire...
Calomnies ! Je ne suis qu'un brave soufi issu d'une branche séparatiste de la secte des Hashishin, initié aux secrets druidiques par Maître Al Rhazali sur les hauteurs du temple d'Angkor, et je n'ai jamais rien sacrifié d'autre que ma réputation en défendant des films objectivement nuls.
Sinon, il y a effectivement une confusion dans l'intitulé du topic puisqu'on y traite d'un côté d'une organisation, avec ses symboles précis et ses rituels, et de l'autre côté des thèmes qui ne sont pas sa propriété exclusive.
C'est comme si l'on considérait que les films qui traitent du sacrifice, du pêché ou du pardon étaient forcément des références au Vatican. On se retrouverait vite bien emmerdé pour savoir quoi faire d'un athée comme Bunuel ou d'un agnostique comme Chaplin.
Aussi je ne pense pas qu'on puisse rattacher si facilement le cinéma de Kubrick ou de Spielberg à la franc-maçonnerie. Ces deux réalisateurs ont grandi dans une communauté juive, et ils avaient bien d'autres façons d'être sensibilisé à certaines questions et certains mythes.
Rencontres du 3ème type a beau être un film clairement initiatique (l'élu qui reçoit l'appel, sa quête), les symboles auxquels il a recours ont beaucoup plus à voir avec la Kabbale : manipulation complexe des mots, codes mathématiques cachés dans les harmonies musicales, références à Moïse et au mont Sinaï, omniprésence des cartes etc. Mais ça n'empêche pas Spielberg d'aller ensuite faire un film comme
E.T., blindé dans tous les coins de symbolique chrétienne (groupe d'apôtres, guérisseur, crucifixion, résurrection, montée au ciel etc.), tout en parsemant par ailleurs sa filmo de symboles hindouistes. Et d'une façon nettement plus explicite, Indiana Jones lui-même est allé tour à tour en quête d'artefacts juifs (l'Arche d'alliance), hindouistes (les pierres de Shankara) et chrétiens (le Graal)
De son côté, Kubrick peut achever un film très versé dans l'alchimie (
2001) pour aller ensuite s'intéresser à la biographie d'un franc-maçon comme Napoleon.
Et au carrefour des deux, tu te retrouves avec un film comme
A.I., une telle mitraillette de références symbolico philosophico ésotérico scientifico religieuses qu'il vaut mieux pas chercher à tout lister (je m'étais amusé comme un con à en souligner certaines
sur ce topic, juste pour répondre à une énième considération de type "Spielberg=cinéma incultes pour grands enfants attardés", et j'aurais peut-être du m'abstenir vu comment ce que j'ai écrit était incompréhensible).
Bref, ce grand détour pour dire qu'on est bien loin d'être limité à un domaine aussi spécifique que la franc-maçonnerie.
Maintenant, si l'on s'intéresse à la question de la prééminence de ces thèmes et de ces symboles dans le cinéma, et plus spécialement le cinoche qui nous intéresse en ces lieux (
Matrix, Labyrinthe de Pan, Incassable, Seigneur des anneaux, Star Wars etc.), pas besoin de spécialement s'attarder sur les francs-maçons, autant emprunter directement la voie royale de la mythologie comparée. C'est, amha, la façon la plus directe d'aborder la question sous-jacente qui s'avère au final laquestion centrale, à savoir : quel est le rôle de l'artiste dans la société ?
Dès l'instant où on s'est mis d'accord pour considérer qu'un cinéaste n'était pas un scientifique ou un philosophe (il n'a pas vocation à nous démontrer les mécanismes de l'univers), qu'il n'était pas un prêtre ou un politicien (il n'a pas vocation à réguler notre vie morale et sociale), qu'il n'était pas un médecin (il n'a pas vocation à nous guérir de nos souffrances), alors à quoi sert-il et pourquoi nous apparaît-il si important ?
Perso, j'en suis venu à penser que le rôle principal (et essentiel) d'un artiste était de nous permettre de nous mettre en harmonie avec le monde qui nous entoure, par-delà sa surface phénoménologique. Dit comme ça, ça ressemble à une fonction mystique, mais ça concerne tout autant un cinéma pétri de thématique religieuse (Scorsese, Verhoeven, Mel Gibson) qu'un cinéma purement politique (Rosi, Alan Clarke) ou principalement psychologique (Cassavetes, Altman). Lever un coin du voile, partir à la découverte d'une nouvelle dimension de ce que nous croyons connaître, c'est ce qui se produit à chaque film, qu'il soit l'oeuvre d'un athée, d'un illuminé, d'un militant politique, d'un féru de psychanalyse ou de science, d'un érudit ou d'un inculte. Ken Loach, Chaplin, Eisenstein, Kubrick, Hitchcock, Spielberg, Truffaut, Antonioni, Scorsese, Kurosawa, Michael Bay même combat.
Or, le cinéma qui nous intéresse surtout ici n'est pas spécialement axé sur la question sociale ou psychologique (même s'il y a souvent recours). Il s'intéresse à des questions bien plus générales, que je qualifierais de cosmologiques, et qui mêlent donc métaphysique, théologie et science. Du coup, il m'apparaît presque inévitable qu'un cinéaste versé dans ces questions ne croise, à un moment ou un autre, le vaste champ de l'ésotérisme (terme fourre-tout, mais j'en connais pas d'autre), et c'est tout aussi naturellement qu'il aura recours à l'imagerie précise et précieuse que nous ont légué 5 000 ans (au moins) de développement autour de ces thèmes :
Del Toro abandonne le catholicisme pour remonter vers les mystères d'Eleusis via la théosophie; les Wachowski se débattent avec des questions identitaires qui les amènent vers le gnosticisme; Ethan Coen jongle avec ce qu'il a retiré de ses études de philo pour créer ses labyrinthes scénaristiques; l'obsession de Gaspar Noë vis-à-vis de la souffrance et de la mort le mène naturellement vers les sommets tibétains pour son nouveau projet; Aronofsky recopie, en bon fayot qu'il est, les sages paroles de son rabbin dont on est pas sûr qu'il ait tout compris; George Miller ou George Lucas s'approprient le "Follow your bliss" de leur gourou Joseph Campbell; James Cameron cherche à comprendre le devenir de l'humanité dans les plus anciennes prophéties; Shyamalan découvre le savoir secret de l'Egypte antique (du "pays noir" comme disaient les arabes = "Al-Khemit") etc.
Tout ceci peut effectivement croiser la route de la franc-maçonnerie, dont l'histoire et les légendes gravitent autour de ces mêmes mystères, mais l'artiste en question n'a pas besoin d'être rattaché à cette organisation. Le champ est bien plus vaste.
Sinon il existe un livre intitulé
Franc-maçonnerie et 7ème Art (que j'ai fait l'erreur d'acquérir et qui va vite se retrouver sur EBay) qui liste les oeuvres où l'on retrouve des symboles explicites, des poignées de main évocatrices, des rituels précis. On y trouve tout autant
Star Wars, Le Roi Lion, L'Homme qui voulut être Roi et
Le Retour de la Momie (ça je peux comprendre) que
Tintin et les oranges bleues, USS Alabama, Mad Max 3, Alamo, Les Pierrafeu, Le Parrain 3, Spartacus ou
4 garçons dans le vent (là je suis perdu). Le bouquin liste en fait sur la base de la présence d'objets (bagues, compas, sculptures) mais se garde bien d'évoquer des thématiques qui regrouperaient tous ces films sous un domaine particulier. La vérité, c'est qu'il y a parfois de la franc-maçonnerie dans les films, mais qu'il n'existe peut-être tout simplement pas de cinéma franc-maçon...
amha
J'insiste sur le "amha" parce que tout ce que je viens d'écrire n'engage que ma propre compréhension du bordel, et que sous mes airs de prof qui se la pète je sais surtout que je ne sais pas grand-chose
J'ai l'espoir de commencer à y entraver quelque chose d'ici 20 à 30 ans...