L’histoire : Pour Harry Caul (Gene Hackman), un as de la surveillance, il s’agissait là d’une filature de plus : enregistrer à la demande d’un puissant homme d’affaires la conversation d’un jeune couple. Mais, ce qui devait être une affaire de routine va très vite se transformer en un véritable cauchemar…Le milieu des années 70 auront donc été une période charnière pour le cinéma Américain, animé qu’il fut depuis les révélations du Watergate, par de fortes convictions contestataires à l’égard du gouvernement US. Alan J. Pakula en véritable maître artificier (
Klute,
Les Hommes du Président,
A Cause D’un Assassinat) entraîna dans son sillage Sydney Pollack (
Les 3 Jours Du Condor) et le jeune Francis Ford Coppola, tout juste auréolé de son fracassant succès avec
Le Parrain. Toutefois, il semblerait que l’idée de Coppola pour
The Conversation soit antérieure au Watergate (elle aurait émergée lors d’une discussion avec Irvin Kerschner à la fin des années 60) et l’on peut aisément supposer que l’impact du film aurait été moindre, si celui-ci avait été réalisé avant l’éclatement de ce scandale.
L'objet du délit...
Thriller policier traitant de notre condition d’être face à notre perception de l’image par le son, le film de Coppola s’affirme comme le pendant idéal de celui d’Antonioli -
Blow Up - qui s’articulait, lui, autour du thème de la manipulation par l’image. Sur un rythme particulièrement lent (si le style peut décontenancer, il n’en reste pas moins efficace), le réalisateur de
Rusty James brise parfois la mélancolie ambiante par de soudain éclairs de violence, et tandis que l’enregistrement sonore dévoile au fil du film un peu plus sa vérité, le personnage joué par Gene Hackman sombre inexorablement dans la folie paranoïaque. D’une cinglante évidence, Coppola annonçait donc clairement la couleur sur le sentiment qui prédominait les Américains durant cette période...
Mais qu'est-ce qui terrifie Hackman de la sorte?
Dans un pays toujours aussi désireux de s’identifier à des personnages forts, Coppola prend l’art du contre-pied en mettant en scène un personnage principal silencieux, effacé et terriblement solitaire, parfois troublé par d’inattendu excès de colère. Dans un de ces meilleurs rôles (le meilleur ?) Gene Hackman semble carrément habité par l’interprétation de ce professionnel de la surveillance, prisonnier de son obsédant enregistrement sonore. A fortiori, il faut saluer l’incroyable travail de Walter Murch (qui fut également le monteur du film), tant le travail sonore effectué sur le métrage est oppressant (avec une réussite égale, je place le boulot fait sur
L’Exorciste au même niveau).
Le jeune loup et sa proie
Flirtant avec le fantastique, bercé par une vision pessimiste mais finalement lucide sur la manipulation des individus,
The Conversation fut couronné de la palme d’or à Cannes en 74 (ironie du sort
Le Parrain, 2 ans plus tôt, fut sévèrement critiqué sur notre sol), demeure certainement l'oeuvre la plus personnelle de son auteur (il s’agirait là de son unique ( ?) scénario originale) et à ne pas en douter l’un de ses plus grands films.
PS: Pour les Parisiens, j'ajoute que la Fnuk du Forum des Halles propose le Z1 à 9 ou 10€
y'a Jeremiah Johnson au même prix aussi .
A ce tarif là, pour un zone1 en import, ce serait archi-con de passer à côté. Son 5.1 en VO mais mono en Français, sans sous-titres French. Mias commentaire audio et de Coppola et de Walter Murch, s'il vous plaît!
Ce matin y'en avait encore un bon paquet
(de toute façon, je pense pas que ça va partir très vite...).