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Version complète : Birth Of A Nation - D.W. Griffith
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Cfury

Et non, ça ne s'invente pas. C'est bien le chevalier Blanc!


L’histoire : La Guerre de Sécession, l’assassinat de Lincoln et la reconstruction du Sud, vu au travers de 2 familles divisés par le conflit, les Cameron et les Stoneman…

Ah ! Si vous pensiez que 300 et ses Spartiates aryens, sa horde de Perses aux grosses moustaches, ses têtes qui volent, ses homosexuels, ses musulmans qui prient, son sous texte politique et ses ralentis (très important les ralentis) étaient ce qui se pouvait se faire de pire dans l’idéologie nauséabonde au service d’un blockbuster de 200 millions $*, c’est oublier qu’en 1915 un certain D.W. Griffith réalisa une superproduction du nom de Birth Of A Nation, qui s’avérera à bien des égards une œuvre sans précédent dans l’histoire du cinéma. Dans le désert d’ambition cinématographique de l’époque, le film de Griffith s’imposait comme une véritable référence en la matière, énorme succès public (15 millions $ de recettes) d’une durée avoisinant les 3 heures et au confortable budget de 100 000 $. Mais plus que ces chiffres qui ne font désormais tourner plus aucune tête, Birth Of A Nation révolutionna le cinéma d’alors de par son filmage, son esthétisme, ses centaines de figurants et le soin tout particulier apporté à la reconstitution historique des faits, notamment au travers du gigantisme des batailles évoquant la Guerre De Sécession. Le film de Griffith se divise d’ailleurs en 2 parties bien distinctes : une s’appuyant donc en grande partie sur la reconstitution historique, (la bataille de Petersburg, mais aussi l’assassinat d’Abraham Lincoln) et une autre narrant la reconstruction du Sud, celle où Griffith laisse délibérément cours à sa haine anti-Noir, d’autant que le scénario est en parti basé sur les écrits racistes du livre du pasteur Thomas Dixon : The Clansman (aka L’homme du Clan, référence directe au KKK, pour les 2 du fond qui ne suivraient pas).


En 1915, les clichés avaient déjà la dent dure au cinéma


Peu avare en explication sur ses positions idéologiques, le film de Griffith débute par cet intertitre : "The bringing of the African to America planted the first seed of disunion". Si la vision des premières 90 mn du film s’avéreront moins explicite que les suivantes quant aux motivations de Griffith, il n’en demeure pas moins que cette petite note d’intention n’aura pas démérité à planter le décor vis à vis du spectateur non-averti. Malgré le fait que cette partie de Birth Of A Nation tente par moment de dénoncer l’absurdité de la guerre (nous sommes au début du conflit qui éclate en Europe et ce film survient 50 ans après les faits historiques qu’il relate), Griffith , comme un prélude à son message pro-aryen, s’enorgueillit de filmer une armée Nordiste composée majoritairement de Noirs (en fait seul leur chef est Blanc – ben oui, faut pas déconner !) mettre à feu et à sang une petite bourgade du Sud. Et dans sa représentation de l’homme Noir, Griffith n’oublie pas de nous les montrer souvent le dos courbé, sautillant dans les tous les sens et peu disciplinés (Charles Trenet a dû adorer !). Mais à dire vrai, tout ceci n’est rien comparer à la puissance évocatrice des images et des faits - tels que le conçoit Griffith dans l’histoire - dans la seconde partie du film, celle intervenant à la mort d’Abraham Lincoln. Prétendant toujours s’appuyer sur des faits historiques au détour de quelques intertitres mentionnant le Président Woodrow Wilson (on a les références qu’on mérite), Griffith n’hésitera pas – au profit de sa propagande raciste – à détourner purement et simplement l’histoire en affirmant que les Noirs avaient des velléités de pouvoir – via le personnage de Silas Lynch - et qu’ils ont asservis la population Blanche, les empêchant notamment de voter ! Et dans son acharnement à démontrer que le Sud était livré à des primitifs menaçants et violeurs, Griffith s’emploie à filmer les Noirs siégeant au Parlement, indisciplinés, ivrognes, les pieds sur les tables, croquant à pleines dents du poulet (KFC perpétuera d’ailleurs la légende). Une 2ème partie riche en préjugés anti-Noirs, évoquant aussi bien la naissance du KKK (et il faut voir de quelle manière, c’est proprement hallucinant) que le fait que le métissage soit un danger pour la race Blanche (le personnage de Silas Lynch – celui qui tente donc de s’approprier le pouvoir – est un mulâtre). Un des préceptes majeur de l’idéologie du Klan, d’ailleurs.


Pour bien faire peur, grimer un Blanc en Noir et sachez utiliser l'arrière-plan...


Birth Of A Nation aura donc été le film de tous les excès. Celui qui aura sans nul doute bâti les fondations du cinéma Hollywoodien de par ses moyens développés, ses techniques filmiques révolutionnaires (fondu enchainé, gros plans, plans d’ensembles, techniques de montage…), mais aussi parce qu’il aura sûrement conditionné l’image des Noirs au cinéma (et après tout, de ses autres minorités aussi) et encore plus l'esprit de celui des spectateurs. C’est une discussion que j’ai souvent eu avec les gens ayant vu Birth Of A Nation, et il ressort que ce film étant une œuvre pionnière - prétendant en plus ne s’appuyer que sur des faits historiques – il aura sans nul doute causé d’immenses dégâts, accentuant le fossé entre Blancs et Noirs d’Amérique. De plus, il ne faut pas oublier que le succès du film aura provoqué la résurrection du KKK. Rien que ça.

Le cinéma, ça fait peur parfois…



Il faut bien l'avouer, les batailles sont superbes



Pour sûr que les Noirs s'expriment mal!



On dirait du Romero



Mais la cavalerie, tout de blanc vêtu, arrive toujours à temps!



* Je ne crois pas un traître mot de ce que je viens d'écrire, mais ça me parassait une belle entrée en matière pour débuter ce texte smile.gif
kea
Chouette article et excellente description.

Wé, un des effets pervers de la chose, c'est que les chaines de télévision, lorsqu'elles le diffusent (rarement), se contentent bien souvent de passer la première partie. dry.gif
On peut les comprendre..mais d'un autre côté, ça a un chouilla épuré (si j'ose dire) la réputation sulfureuse du film. Celui-ci reste connu en tant que référence cinématographique incontournable (le premier travelling, il me semble...quand même...) mais j'ai parfois rencontré des gens qui n'avaient "pas vraiment vu ce qu'il y avait de choquant"... rolleyes.gif

Comme quoi, la censure, même quand ça part d'une bonne intention...
Cfury
CITATION(kea @ 16 6 2007 - 00:46) *
Wé, un des effets pervers de la chose, c'est que les chaines de télévision, lorsqu'elles le diffusent (rarement), se contentent bien souvent de passer la première partie. dry.gif


Ah ouais, quand même mellow.gif
Alors je sais pas si Birth Of A Nation est (ou était) étudié dans les facs de ciné, mais j’imagine que les profs doivent pas mal dépouiller le contenu idéologique du truc au profit d’une véritable analyse filmique. Griffith est quand même considéré par de nombreux spécialistes comme étant Dieu le père, celui qui a véritablement donné ses lettres de noblesse au cinéma. A juste titre d’ailleurs, parce que oui comme tu le dis, Griffith utilisa en effet pour la 1ère fois dans un film le travelling, en plus des différentes techniques de cadrage, de gestion de l’espace, le montage alterné, etc. Bon, je suis loin d’être un spécialiste en technique, mais clairement pour un muet, Birth Of A Nation fout sur le cul.
A côté de ça, faut sacrément avoir des œillères pour ne pas voir le caractère raciste et nocif de l’œuvre. Ou ne visionner que sa 1ère partie effectivement, encore que des trucs bien gratinés y soient visibles.
Dirty Flichty
CITATION(Cfury @ 16 6 2007 - 13:10) *
CITATION(kea @ 16 6 2007 - 00:46) *
Wé, un des effets pervers de la chose, c'est que les chaines de télévision, lorsqu'elles le diffusent (rarement), se contentent bien souvent de passer la première partie. dry.gif


Ah ouais, quand même mellow.gif
Alors je sais pas si Birth Of A Nation est (ou était) étudié dans les facs de ciné

C'est le cas, on s'en bouffe des docus sur lui.
J'aimerais beaucoup voir celui de John Boorman d'ailleurs (Griffith est son cinéaste fétiche).

Le cas Griffith est en tout cas plutôt complexe, considéré par beaucoup comme bigot et raciste, il détestait pourtant la façon dont les blancs et leur gouvernement traitaient et opressaient la population noire. Il a même réalisé deux films dénonçant cela (The Red's Man View et Ramona).
A vrai dire, il était indigné qu'on pense que Birth of a Nation était un film prônant le racisme et a réalisé Intolérance pour contrecarrer ces critiques. Et 4 ans avant, il avait ridiculisé le Ku Klux Klan dans The Rose of Kentucky.
Cfury
Le problème, c'est que d'un côté il a tenté d'amoindrir le truc en tournant dans la foulée Intolérance c'est vrai, mais de l'autre, il n'a eu de cesse d'affirmer qu'il se basait sur des faits historiques dans de nombreux courriers qu'il adressa à ces "agresseurs" de l'époque. Pour moi, la vision de Birth Of A Nation ne permet aucune ambiguité quant aux intentions du personnage...
Dirty Flichty
C'est vrai que le Klan qui chevauche sur fond de chevauchée des Valkyries c'est pas très nuancé.
Cfury
Ouais, mais le skeud tourne en boucle dans le film. Pas de bol, la fanfare déboule au mauvais moment excuseront ses partisans...
Flying Totoro
CITATION(Cfury @ 16 6 2007 - 00:01) *
le succès du film aura provoqué la résurrection du KKK. Rien que ça.


Ceres mais il y a d'autres facteurs bien plus infâmes derrière ça


L'archiviste
CITATION(kea @ 16 6 2007 - 00:46) *
(le premier travelling, il me semble...quand même...)

Le premier travelling, "accidentel", est attribué à l'opérateur Alexandre Promio, qui filma Venise pour les frères Lumière en plaçant sa caméra sur une gondole.
Le premier travelling volontaire et narratif est attribué à Allan Dwan (me souviens plus du titre du film, sorry)

Bonne initiative que ce topic, CFury
smile.gif
Waco
On ne peut bien évidemment nier le caractère phare de ce film (c'est un peu le Birth Of A New Art ce "truc") mais c'est justement ça qui fait vraiment chier dans toute cette histoire : qu'il soit idéologiquement puant, on en doute pas mais à la limite, c'est pas ça le plus grave (parce que malheureusement, des oeuvres douteuses, des artistes au discours tordu, on en trouve pas trop difficilement). Non, le plus chiant, c'est que c'est cette pierre angulaire, ce formidable bond en avant technique dans la manière de raconter une histoire, qui fait rentrer le cinéma dans l'âge adulte. En gros, je regrette pas que ce film ait été fait (quoi que...) mais plutôt qu'il ait été l'oeuvre d'un salopard bourré de talent.
Cfury
CITATION(L @ 16 6 2007 - 13:52) *
Bonne initiative que ce topic, CFury
smile.gif

Merci mec! wink.gif

CITATION(Waco @ 16 6 2007 - 16:04) *
(...) Non, le plus chiant, c'est que c'est cette pierre angulaire, ce formidable bond en avant technique dans la manière de raconter une histoire, qui fait rentrer le cinéma dans l'âge adulte. (...)


Et ça renforce considérablement le côté néfaste et derangeant du truc justement, c'est vrai. T'as raison, des films idéologiquement douteux, on peut en retrouver à foison, et réalisé 20 ou 30 ans plus tard Birth Of The Nation aurait sans doute été considéré comme une oeuvre propagandiste et raciste de plus (les années 40 ont du accoucher de bien belles merdes). Le problème, c'est que le film de Griffith est sorti à une époque où c'était quasiment le neant dans l'industrie, et j'ai pas de mal à imaginer l'impact que ce film a pu avoir sur les spectateurs à l'époque. Et comme en plus il a accouché de la naissance du cinema made in Hollywood...

Et pour rebondir sur le cauchemardesque cliché de Totoro (et accessoirement sur son ventre douillet), voici comment le personnage de Ben Cameron fonda le Ku Klux Klan dans le film :



Cfury




ygrael
Hollywood a quand même était construit par des immigrés européens pour la plupart juif et qui fuyaient le racket et la main mise d'Edison sur le business naissant du cinéma. Je sais vraiment pas si on peut dire que Naissance d'une nation est vraiment un acte fondateur de la naissance du cinéma hollywoodien.
Cfury
Ce que je voulais dire par made in Hollywood, c'est qu'en plus de toutes les choses évoquées auparavant le film de Griffith aura marqué le retour au 1er plan du cinéma Américain sur la scène Mondiale. Et il aura en quelque sorte prefiguré au blockbuster...
ygrael
CITATION(Cfury @ 16 6 2007 - 22:31) *
Ce que je voulais dire par made in Hollywood, c'est qu'en plus de toutes les choses évoquées auparavant le film de Griffith aura marqué le retour au 1er plan du cinéma Américain sur la scène Mondiale. Et il aura en quelque sorte prefiguré au blockbuster...


Ok, j'avais pas capté wink.gif

mais je pense qu'on pourrait aller plus loin en disant que Naissance d'une nation est l'acte fondateur du cinéma US (faut dire qu'avant Griffith c'est un peu le néant total) mais l'ancetre du blockbuster je le situerai plus du coté de DeMille et de ces péplums ou encore le Voleur de Bagdad de Walsh.
Waco
Tout cela me fait penser que le forum aurait bien besoin d'un petit topic consacré aux chefs-d'oeuvres du cinéma muet.

(je vais voir ce que je peux faire)

Sinon, ça fait bien longtemps que j'ai pas revu Birth of a Nation mais je sais pas si j'aurai à nouveau l'envie (ou le "courage"?) de le revoir (avec pourquoi pas, un regard neuf, dégagé de tout apriori négatif icon_mrgreen.gif ).
Cfury
Ben franchement, faut des conditions optimales pour le mater. C'est quand même un muet de 180 minutes. Moi, j'ai foutu tout le monde dehors pour ça.
Depuis je suis en procès avec ma femme et ma fille ne veut me plus me voir. Mais j'attends avec impatience Gone In 60 Seconds pour renouer des liens forts et solides avec ma famille.
Waco
Pour renouer contact avec ta famille, tu as en ce moment un spectacle de qualité qui, pour une fois, cartonne : Shrek 3.

(pour le Boeuf de la Nation, c'est pas tant sa durée ou le fait qu'il soit muet qui me refroidit mais plutôt une certaine idée de la "vieille Amérique" qu'il véhicule; à la limite, si une nouvelle version comprenant un ogre vert obèse soufrant d'aérophagie aigüe ou un plombier moustachu stalinien sortait bientôt, pourquoi pas mais là, en l'état actuel des choses, c'est niet).
Prosopopus
Très sympa comme sujet, pouvant facilement dévier sur les bons films racistes ou (trés) réactionnaires.

Je pense que Cfury a tout à fait raison en expliquant que l'aspect novateur du film lui permet de supporter la critique quant à son aspect plus que moralisateur et rasciste, beaucoup plus que des films comme le Juif Suss ou les inconnus dans la maison de Decoin (bonne adaptation de Simenon mais parasitée par des relents moralisateurs connotés en cette année 1941 ; l'adaptation étant de Clouzot, cela faisait une pierre de plus à ses difficultés d'après-guerre).

Par ailleurs le soutien de Griffith au KKK est lié à sa préférence, du fait de sa propre histoire, pour le Sud, et qui va finalement alimenter une grande partie des westerns à venir, généralement assez compatissants envers le Sud (même si la question des noirs est laissée de côté). Si Griffith est considéré comme un maître du cinéma, cependant il me semble que sa vision de la société américaine ou humaine est d'une naïveté et d'une bétise sans nom, que cela soit dans La Naissance d'une Nation ou dans Intolérance son soit-disant pendant "libéral" et humaniste. Finalement ces deux films sortent d'une même conception plate et rigide de l'histoire.

La naïveté du propros fait que j'ai finalement assez peu de mépris pour son Naissance d'une Nation, tout comme j'ai peu de ressentiment envers John Wayne pour son Green Beret et ses déclarations réac'.

Par contre je ne savais pas que ce film était à l'origine d'un renouveau du KKK. Est-ce lié aux manifestations qui ont suivi la distribution du film ? En quoi cela est directement imputable au film ? Pour prendre un autre exemple, j'ai du mal à considérer le Jeune hitlérien Quex comme responsable des sacrifices des jeunes allemands lors de la prise de Berlin. En dehors d'un complexe sysytème de propagande, quel impact peut avoir un film ?
Ed Wood
Naissance d'une nation est le film de tout les excés. Griffith met en place plein de nouvelles techniques pour bâtir sa fresque monumentale sur l'Amérique du 19e. Et c'est aussi la première fois que la vision d'un réal transpire du métrage. Et pratiquement 90 ans aprés, le métrage de Griffith reste toujours aussi traumatisant. La foisonnance iconique des images donnant une exaltation lyrique au séquences. Griffith y déploie un génie visuel et invente toute une gamme d'effet drammatique qui deviendront la base de l'écriture cinématographique. Alors bien sûr c'est de la porpagande raciste nauséabonde et inexcusable, mais Eisenstein propageait bien l'idéologie stallinienne. Et pourtant ce sont bien ces excés visuel et idéologique qui font que le film est gravé dans l'histoire.
Cfury
CITATION(Prosopopus @ 18 6 2007 - 00:10) *
(...)
Par contre je ne savais pas que ce film était à l'origine d'un renouveau du KKK. Est-ce lié aux manifestations qui ont suivi la distribution du film ? En quoi cela est directement imputable au film ? Pour prendre un autre exemple, j'ai du mal à considérer le Jeune hitlérien Quex comme responsable des sacrifices des jeunes allemands lors de la prise de Berlin. En dehors d'un complexe sysytème de propagande, quel impact peut avoir un film ?


Ben force est de constater que les oeuvres de Griffith et Dixon (parce qu'il ne faut pas oublier que le scénario Birth Of... est tiré de son bouquin) auront largement contribué à la résurgence du Klan. Je vais pas faire un cours d'histoire parce je suis pas doué pour ça et que j'en ai pas la prétention, mais le KKK fut dissous par le gouvernement Ricain en 1870. Dans les faits, on ne peut donc pas nier que Birth Of A Nation aura servi de propagande au Klan puisque c'est la popularité du film qui marquera sa renaissance. Quant à ses effets pervers, je crois qu'il n'y a pas matière à s'interroger (mais on peut toujours en débattre) : Birth Of... aura donner à bouffer aux productions Hollywoodiennes quant à ses stéréotypes sur les minorités, installant considérablement (voire définitivement) ceux-ci dans paysage du ciné US.
ygrael
je ne pense pas que les américains aient vraiment eu besoin de Birth of a Nation pour comme tu dis installer l'images des minorités au cinéma. Les usa (mais pas seulement hein) était un pays raciste qui a longtemps pratiqué l'apartheid. C'était le cas avant Griffith et ça l'a été jusque dans les années 70/80. L'image des minorités dans le cinoche us n'était finalement que le reflet d'une partie cette société.
Ce que j'essaye de dire maladroitement c'est que Griffith ou non, l'image des noirs aurait sans doute été la même.

CITATION
Eisenstein propageait bien l'idéologie stallinienne


oui mais non. On peut dire qu'Eisenstein a effectivement réalisé des films de propagandes qui illustraient la lutte des classes avec tout le talent et le lyrisme qu'on lui connaît mais dire qu'Eisenstein était un réalisateur de film de propagandes stalinien est tout a fait faux. Si la première partie d'Ivan le Terrible a été acclamé par l'infâme petit plombier moustachu, ce dernier a vachement déchanté en voyant, a raison, une critique de sa personne dans la deuxième partie de ce film. Cette deuxième partie n'est bien évidemment pas sortie et aurait dû subire de profonds changements que Staline aurait lui même diriger. Eisenstein décéda entre temps, le projet des retouche fut abandonné et on allat jusqu'à dire qu'Eisenstein n'avait pas eu le temps de tourner cette seconde partie, qu'il avait succombé a sa crise cardiaque avant.

Edit: et je ne parle pas du pré de Béjine qui fut détruit sous les ordres de Staline et dont il ne subsiste que quelques photogrammes.
Prosopopus
Je rejoins Ygraël sur l'influence de Griffith quant à la vision des minorités dans les films hollywoodiens, si une certaine vision de la société américaine divisée entre le nord et le sud et le problème des minorités trouvent un terreau dans ce Naissance d'une Nation, la situation aurait été la même sans Griffith.

Par ailleurs la résurgence du Klan doit beaucoup plus à William Simmons, sympathique fondateur du second Klan. Cependant, et là il me semble que Cfury a raison, Simmons s'est servi du film comme outil de propagande, mais à posteriori. Griffith a un réel amour pour le Klan, pour ce qu'il a été mais je ne souviens pas bien si le film propose une recréation du Klan. Griffith suit l'air du temps, en toute subjectivité, proche des écrits de Dixon mais aussi de Woodrow Wilson, alors président des US (celui auquel Bart pique le prénom dans un épisode des Simpsons). Il n'y a pas de réelle pensée politique hargneuse de la part de Griffith qui applique docilement un courant de pensée alors majoritaire ; ce qui me pousse encore plus à considérer ce type comme un abruti mais d'un réel génie technique.
ygrael
Abruti je ne sais pas mais Griffith était le produit de son époque.

OUI JE SAIS ce n'est pas une excuse mais certains détails aide a comprendre l'orientation de Griffith comme par exemple le fait que le père de Griffith, Jacob, fut colonel dans l'armée confédéré et qu'il berça le jeune David d'histoires sur l'insurrection des sudistes. On peut penser sans trop de difficulté que cela impressionna durablement le futur réalisateur et qu'il développera une vision rêvée, mythologique de cet évènement encore présent dans les consciences de l'époque (la je présume fort mais je ne pense pas dire de grosses conneries). Je dirai que si Griffith a eu un impact sur le cinéma américain, ce serait plutôt au niveau de la représentation cinématographique de l'histoire, une sorte de recréation idéalisé de la courte existence d'un pays qui avait sans doute besoins d'une mythologie bien a lui, une vision passé dans le filtre de l'ultra manichéisme qui perdurera encore bien longtemps.
Après tout John Ford a fait pas mal de films ou les blancs sont porteurs d'espoir et de civilisations alors que les indiens était systématiquement agressifs et destructeurs, même si cela ne concerne qu'une partie de sa carrière, cela ne fait pas de lui un raciste.

Mais comme indiqué ci dessus, c'est peut être une raison mais en aucun cas une excuse. Le film ayant déclenché un tollé a sa sortie, on peut donc penser que cette vision n'était pas étendue a toute la nation (et donc Griffith avait le choix avec une autre vision des choses) et on peut regretter un manque total de réflection et d'intelligence de sa part.

En fait si, c'était peut être un abruti finalement !!!
Cfury
CITATION(ygrael @ 18 6 2007 - 23:24) *
je ne pense pas que les américains aient vraiment eu besoin de Birth of a Nation pour comme tu dis installer l'images des minorités au cinéma. Les usa (mais pas seulement hein) était un pays raciste qui a longtemps pratiqué l'apartheid. C'était le cas avant Griffith et ça l'a été jusque dans les années 70/80. L'image des minorités dans le cinoche us n'était finalement que le reflet d'une partie cette société.

C'est pas faux, mais... Bon, clairement oui, le cinéma US n'a pas attendu Griffith pour s'emparer des stéréotypes raciaux (La Case De L'Oncle Tom, c'est avant Birth..., si je ne m'abuse), mais pour tout ce qui a déja été evoqué avant (on recause de ses performances techniques? icon_mrgreen.gif ), le film de Griffith aura ancré ces clichés dans les productions US. Le sidekick Noir qui sévissait (et sévit toujours) à la fin des années 80, c'est un peu le pendant du coon : ce personnage Noir niais et servile que l'on peut voir dans des films comme Gone With The Wind.

CITATION(Prosopopus @ 18 6 2007 - 23:58) *
(...)
Griffith a un réel amour pour le Klan, pour ce qu'il a été mais je ne souviens pas bien si le film propose une recréation du Klan.


Non, uniquement sa création dont j'ai mis les caps dans la page précédente.
oeil de faucon
Et puis en plus, il est chiant ce film.

unsure.gif Ok, je me tais...
Cfury
Je retiendrai que ton intervention aura permis la remontée de ce topic. icon_mrgreen.gif

On ne le dira jamais assez : allez voir Birth Of A Nation, véritable hymne à l'amour des grands espaces Sudistes
Batman Begins
CITATION(Cfury @ 16 6 2007 - 22:00) *
Ben franchement, faut des conditions optimales pour le mater. C'est quand même un muet de 180 minutes. Moi, j'ai foutu tout le monde dehors pour ça.

Moi aussi.
Et malgré sa longueur je dois avouer que le film n'est jamais chiant, c'est simple je n'ai pas vu le temps passer ninja.gif

Le film est d'une modernité renversante pour l'époque et certaines scènes pourraient sortir d'un film de nos jours tant elle ont clairement influencé tout le cinéma qui a suivi de par sa maitrise visuelle (l'assassinat de Lincoln, très bien pensé en terme de gestion d'espace); la première partie du film est passionnante de bout en bout de par son ambition (la naissance des USA !) et utilise avec talent l'idée de montage parallèle et d'ellipse.
Mais c'est surtout la deuxième partie qui pose problème : c'est évidemment d'une technique et d'une narration irréprochable mais l'idéologie nauséabonde (et assez naïve) rend le tout parfois un peu étrange à regarder. Le plan de fin paradisiaque est assez blink.gif dans l'idée ("on a bouté les nègres donc on peut être heureux").
Mais au-delà de l'aspect raciste du truc, c'est fascinant d'observer ce qui a servi de bases et d'inspirations pour quasiment tout ce qui a été fait depuis : l'idée d'imbriquer la petite histoire dans la grande et de créer une fresque voulant recréer des faits historiques (j'ai vraiment kiffé la 1ere partie).

Assez consternant de bêtise concernant le KKK et le traitement des noirs mais carrément passionnant sur la forme et tant qu'œuvre cinématographique forte et réussi/6
Je conseille smile.gif (ne soyez pas rebuté par la longueur, ça passe tout seul)

(la vérité c'est que j'ai un devoir à faire dessus pour mardi et que je compte y ressortir toutes les idées lues sur ce topic icon_mrgreen.gif)
dmonteil
CITATION(Batman Begins @ 11 12 2008 - 16:48) *
l'assassinat de Lincoln, très bien pensé en terme de gestion d'espace

Spoiler putain !

Ouais fraudrait que je me décide à le mater quand même celui-là.
Mais c'est long.
Et muet.
Et en noir et blanc.
Et ça date d'avant 1986...
Mechagodzilla
CITATION(dmonteil @ 11 12 2008 - 19:29) *
CITATION(Batman Begins @ 11 12 2008 - 16:48) *
l'assassinat de Lincoln, très bien pensé en terme de gestion d'espace

Spoiler putain !



c'est une plaisanterie ?
Batman Begins
D'après la novelisation, il est toujours en vie.
dmonteil
CITATION(Mechagodzilla @ 11 12 2008 - 19:38) *
CITATION(dmonteil @ 11 12 2008 - 19:29) *
CITATION(Batman Begins @ 11 12 2008 - 16:48) *
l'assassinat de Lincoln, très bien pensé en terme de gestion d'espace

Spoiler putain !



c'est une plaisanterie ?

icon_mrgreen.gif
Décidement, mon "ironie" marche pas sur toi (entre ça et Crowe qui est "à chier" dans The Insider...)
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