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Version complète : An American Romance - King Vidor (1944)
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Flying Totoro
Découvert il y a peu et, meêm si je ne suis pas convaincu à 100%, ça vaut le coup d'en parler*

Je précise que le film faisait initialement 2h30 et que la MGM l'a coupé d'une demie heure dès sa sortie et que la version que j'ai vu est malheureusement la courte.
Alors qu'est ce que ça raconte ça dis donc ? Et bien ça raconte l'histoire de l'Amérique, la grande Amérique, à travers l'histoire d'un immigré qui débarque sans un rond et sans savoir parler la langue de l'Oncle Sam. Heureusement pour lui il est motivé et il veut travailler plus pour gagner plus. Il se tape donc tous les boulots depuis les mines de fer jusqu'aux fonderies d'acier avant de devenir son propre patron et de produire une automobile révolutionnaire que tous les vieux qui ont pas de couilles réalisent pas que c'est l'avenir du pays. Si je vous dis qu'en plus le film a une conclusion qui soutient sans une once de subtilité l'effort de guerre US (le film date de 44), vous allez me dire "mais Totichoux ça puerait pas un peu le patriotisme faisandé là ?" Et bien pour tout dire, oui un peu. Enfin c'est le versant americana de La Terre de Dovzhenko : la glorification lyrique d'un mode de vie et d'un système de pensée auxquels on est pas necessairement obligé d'adhérer pour kiffer. Parce que King Vidor a quand même pas qu'à moitié le sens du rythme et du récit, ce qui fait que ça prend quand même pas mal. Reste que j'ai un gros problème avec l'aspect Forrest Gump du perso principal. Si j'ai bien compris que c'était un campagnard illettré, la scène où il semble ne pas comprendre la signification des mots "je taime" loin d'être touchante laisse plutôt penser que soit c'est un puceau demeuré, soit le mot a pas d'équivalent dans sa langue d'origine (et il semble venir de Russie...). En fait je pense que c'est les deux à la fois et ce genre de truc me les brise par contre assez menu. M'enfin si vous avez l'occasion de le voir, ça mérite une vision (CFury vous recommande un double programme avec birth of a nation pour avoir deux visions de l'identité américaine très diffférentes)



*En fait ce topic est fait pour appater un plus gros poisson qui vit dans les eaux troubles des caves du Vatican et qui mord facilement à l'hameçon des gros films méconnus de cinéastes majeurs. L'appat étant bien posé en évidence, retirons nous et observons si l'animal nous pond un de ses pavés très interessants de 5 feuillets...
Waco
Si j'ai bien compris ton texte (parfaitement clair au demeurant), ce film est un peu la version politiquement correcte de Birth of a Nation non?

(je grossis un peu le trait mais il n'empêche que j'aimerai bien le voir maintenant... ah bravo ! faire des topics qui donnent envie de voir des films ! c'est malin !)
Flying Totoro
CITATION(Waco @ 16 6 2007 - 22:59) *
Si j'ai bien compris ton texte (parfaitement clair au demeurant), ce film est un peu la version politiquement correcte de Birth of a Nation non?


En fait je cite le film de Griffith parce que le colonel borgne a fait un thread dessus. Le film de Darth Vidor c'est plutôt une ode au rêve américain où l'ouvrier peut devenir patron, où l'enfant d'ouvrier peut devenir président des USA et où ta famille nombreuse prospère sous le regard bienveillant de Dieu.

L'archi te vendra le bifteck mieux que moi, j'ai le même problème avec ce film qu'avec le Dovzhenko que je cite : le côté je te glorifie une vision du monde qui me fait pas bander à ce degré là, ça a tendance à déclencher chez moi un sentiment reflexe de distanciation vis à vis du film. Mais ça en fait pas des merdes pour autant, dans un cas comme dans l'autre, ce sont des films qui méritent d'être vus.
EricNS
J'aime beaucoup King Vidor. Son FountainHead est splendide (un trailer içi).

Cela se trouve quelque part An American Romance ?
L'archiviste
CITATION(Flying Totoro @ 16 6 2007 - 14:41) *
*En fait ce topic est fait pour appater un plus gros poisson qui vit dans les eaux troubles des caves du Vatican et qui mord facilement à l'hameçon des gros films méconnus de cinéastes majeurs. L'appat étant bien posé en évidence, retirons nous et observons si l'animal nous pond un de ses pavés très interessants de 5 feuillets...
J'avais vu l'hameçon traîner dans ma rivière, mais comme dans tout bon conte des tribus de chasseurs et pêcheurs, j'attendais que le propriétaire du piège fasse une invocation explicite et demande "O Dieu poisson, daigneras-tu mordre à mon hameçon ?"


Et comme en plus je suis une grosse flemmasse, je me contenterais d'un vulgaire copier-coller, blush.gif
quand bien même ce film, truffé amha de vrai classicisme (tu découvres une séquence, t'as l'impression qu'elle est à l'origine de toutes les séquences similaires que t'as vues dans ta vie) mériterait de plus amples développements.

CITATION
Grande saga familiale étalée sur près de cinquante ans d’histoire des USA, Romance américaine suit chronologiquement les pas d’un immigrant d’Europe de l’Est (Brian Donlevy), débarquant sans le sou à New York et aussitôt rebaptisé Steve Dangos par les autorités. Intelligent, travailleur, curieux et persévérant, cet homme épris d’indépendance va patiemment gravir les échelons du « rêve américain », de l’ouvrier de base au directeur d’entreprise automobile.
Vidor et ses scénaristes, William Ludwig et Herbert Dalmas, se servent habilement de cette mobilité sociale et des différents jobs de Dangos pour parcourir le trajet de l’acier (extraction du minerai, raffinement, laminoir, pièces détachées et enfin véhicules). Débarrassé de toute fausse subtilité, le récit est d’une rigueur et d’une clarté exemplaire (Dangos rencontre une femme, la désire, l’épouse. Point.) et permet de dessiner à travers ses personnages archétypaux plusieurs couches thématiques et discours complexes sur l’Amérique, ses mythes, sa culture, ses contradictions. Steve Dangos s’y révèle le parfait alter ego sublimé du réalisateur, un self-made-man épris d’indépendance, fasciné par la technologie, attaché plus que de raison aux valeurs fondamentales de son pays d’accueil, inquiet voire défiant face à toute forme de corporatisme (magnifique scène de confrontation entre le père directeur d’entreprise et son fils à la tête d’un jeune syndicat).
Romance américaine mêle admirablement la chronique, le sens épique, le drame humain, le plaidoyer et le documentaire, en usant d’un technicolor tout bonnement sublime qui ‘met en musique’ notre voyage à travers l’histoire du pays et marque définitivement notre rétine. « Il était naturel que je pense à raconter l’histoire de l’Amérique en couleurs, admet Vidor. Pour les scènes de la mine de Mesabi, je savais déjà que nous nous limiterions aux couleurs de la terre : brun, rouge, indien, noir, gris foncé et vert foncé. Il faudrait à tout prix éviter un ciel bleu clair. Le ciel bleu viendrait plus tard avec le gris-bleu des avions et les tons jaune citron et orange brillant de la Californie, qui seraient utilisés pour créer un crescendo à la fin du film. » Ce point culminant du récit, qui voit les bombardiers sortir des usines, renvoie avec ferveur, tout comme Notre pain quotidien, au montage de l’école soviétique. La partition de Louis Gruenberg va même jusqu’à emprunter ses accords au ‘Stalingrad’ de Dmitri Shostakovich, dans un élan héroïque propre à convertir le plus pacifiste des spectateurs. Et une fois de plus, cet emprunt aux soviétiques se fait pour servir un discours en tous points libéral, à la gloire du capital et de la libre entreprise.
A la première du film, Louis B. Mayer s’écrie « Je viens de voir le plus grand film que notre société ait jamais fait. ». La critique semble également enthousiaste, les quelques spectateurs ‘normaux’ invités aux premières applaudissent l’œuvre d’une durée alors rare de 2h15. King Vidor flotte sur un nuage lorsqu’un couperet s’abat soudain et qu’il apprend que, sur ordre du bureau new-yorkais, une demi-heure du film a été retirée pour satisfaire les exploitants et leur permettre de caser une séance de plus par jour. Bien sûr, les coupes ont été faites sans consulter le réalisateur. Plutôt que de tailler dans les multiples scènes d’usine à caractère documentaire, les charcutiers new-yorkais ont préféré s’en prendre aux scènes de dialogue pour ne pas avoir à refaire la bande-son. Ainsi, la vie de la famille Dangos devient plus qu’elliptique (on n’entend jamais parler sa plus grande fille ; certains seconds rôles ont totalement disparu) et rend du coup opaque plusieurs de ses actions et évolutions de caractère.
Vidor n’en revient pas : « J’étais atterré, découragé, plus déprimé que je ne l’avais jamais été depuis mon arrivée à Hollywood. J’allais à mon bureau, emballai mes livres, mes papiers, mes scénarios, mes photos et quittai le studio. »


Flying Totoro
CITATION(L @ 22 6 2007 - 13:15) *
comme dans tout bon conte des tribus de chasseurs et pêcheurs, j'attendais que le propriétaire du piège fasse une invocation explicite et demande "O Dieu poisson, daigneras-tu mordre à mon hameçon ?"

Put that ego away Ramon, you'll hurt someone !



Mais le texte est très sympa





Sinon Eric, que je sache, ke film n'est pas édité en dvd pour l'instant...
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