CITATION(Cooke @ 23 3 2008 - 17:00)
Plus qu'un simple musicien, Zappa est un compositeur (il a énormement travaillé avec Pierre Boulez) et vers la fin de sa carrière, il s'est tourné vers le synthéclavier et a composé un nombre incalculable de morceaux sur ce support (je n'ai par contre pas encore écouté ce que cela donnait).
Juste une précision, Zappa n'a pas "énormément" travaillé avec Pierre Boulez. En fait Boulez a conduit plusieurs compositions de Zappa sur l'album
Boulez Conducts Zappa : The Perfect Stranger. Zappa a souvent précisé par après qu'il respectait énormément Boulez (même si il le trouvait extrêmement austère et peu enclin à la rigolade) mais n'avait jamais été vraiment satisfait par cet album. Il faut dire que Zappa était d'un perfectionnisme extrême (dans le bon sens du terme). Les chances qu'une de ses oeuvres soit jouée à la perfection par d'autres musiciens étaient, de son propre aveu, très minimes.
Sur le double album
London Symphony Orchestra, il précise dans les liner notes que : "suite au manque de budget et au temps trop réduit des répétitions, cet album est loin d'être parfait et contient des erreurs que nous avons essayé d'éliminer un maximum en post-production." Très honnète de sa part même si pour la petite anecdote, il était extrêmement en colère contre certains musiciens du LSO (la section cuivres si mes souvenirs sont bons) qui lors de l'enregistrement de l'album sont revenus de la pause de midi une bonne heure en retard car ils buvaient des chopes au café d'en face. Et comme le studio était loué pour un temps minime (et que Zappa produisait lui-même, tout l'argent venait de sa poche), Zappa n'a jamais pu tirer d'eux ce qu'il désirait vraiment. D'où l'avertissement sur la pochette.
De son propre aveu, le seul enregistrement satisfaisant de ses oeuvres les plus difficiles est l'album
The Yellow Shark (le dernier album sorti de son vivant). Malheureusement lors des 4 concerts qui ont donné lieu à cet album, Zappa n'a pu être présent qu'à deux d'entre eux, trop malade pour s'amuser et pour profiter de la performance. Lors de ces deux concerts il n'a conduit lui-même que les première et dernière compositions, ce qui lui valut d'ailleurs une standing ovation de 20 minutes et enfin la reconnaissance de ses pairs, qui jusque là le voyaient surtout comme le gars vulgaire de "Dina-Moe Humm", "Bobby Brown Goes Down", "I Have Been In You", "Jewish Princess" ou "Why Does it Hurt When I Pee?"...
A noter que souvent, lors de compositions très sérieuses, comme celles présentes sur le triple album Shut Up and Play Yer Guitar, Zappa donnait volontairement des titres vulgaires et provocateurs à des compositions extrêmement compliquées et "sérieuses". Le meilleur exemple ? "I Promise Not To Come In Your Mouth".
Zappa avait d'ailleurs tendance à "monter" les chansons sur ses albums en les découpant en sections selon les meilleures performances. Ainsi, une de ses chansons les plus difficiles à jouer, Drowning Witch, qui apparait sur l'album
You Can't Do That On Stage Anymore, Volume 3 est un "mix" de 5 enregistrements live de la chanson. C'était une pratique très commune chez lui. Certaines chansons sur certains albums commencent avec une partie enregistrée dans les années 60 et se terminent (avec évidemment des coupes "invisibles", preuve de son talent) avec ûne partie de la même chanson enregistrée en concert 15 ans plus tard...
Sinon, outre son combat contre toute forme de censure, contre le PMRC, Tipper Gore et toute forme de stupidité en général, en 1990 Zappa avait également été nommé ambassadeur culturel des Etats Unis (non-officiel car pas du tout approuvé par son gouvernement ) en Tchécoslovaquie par le Président Vaclav Havel qui était un de ses plus grands fans et qui est devenu son ami. Il comptait se dévouer de plus en plus à la politique. Malheureusement le cancer en a décidé autrement.