
Pas facile tous les jours d’être un super héros. Surtout au Japon. Pour tenter de regagner un peu de popularité, Dai Sato, héros japonais dont le pouvoir est de pouvoir grandir a volonté décide d’organiser un reality show le mettant lui-même en scène afin de sensibiliser l’opinion sur la difficulté de sa tâche.

Dai Nipponjin est une nouvelle preuve que, pour ceux qui en doutais encore, les japonais ne sont pas comme nous. Le film, porté et conçu de A à Z par Hitoshi Matsumoto, star de la télévision nippone (comme Takeshi Kitano), narre les mésaventures de Dai Sato, cinquième génération d’une famille de héros nationaux renommée et réputée. Mais pour les super héros, les temps ont bien changé. Autrefois adulé et traité en demi dieux, les héros ne sont plus aujourd’hui que des citoyens de second zone conspués par le peuple qu’il protège. Bref Sato est au plus bas. Qu’à cela ne tienne il engage une équipe de télévision afin de le suivre jour et nuit. Pas de doute la dessus, un film de cet acabit serait impossible à monter en Europe ou au States. Une fois plus ce genre d’OFNI ne peut provenir que de l’archipel nippone. Pour mieux comprendre le film, il est impératif de faire un petit zoom sur son auteur et réalisateur.

Hitoshi Matsumoto est un phénomène au Japon. Il se décrit d’ailleurs lui-même comme une « superstar de la télé japonaise » mais est totalement inconnu hors de ses frontières. Comme Kitano à l’époque, il officie dans un registre comique absurdo-nonsensique. Un beau jour il a envie de faire rire plus de monde et se décide de faire un film. A force de persuasion il obtient même un des plus gros budget de l’histoire du cinéma nippon, l’équivalent de 30 millions de dollars, une montagne d’argent pour l’industrie japonaise. Faisant fi des a prioris, Matsumoto s’est lancer corps et âme dans l’aventure et signe là un excellent film. Drôle, absurde et ne ressemblant à rien de connu à ce jour. Mais pas seulement. Il profite de son personnage pour asséner quelques vérités sur la société japonaise et ses dérives symbolisées par l’impresario de Big Sato, prête à tout pour vendre des espaces publicitaires sur le corps de son poulain. Car qui dit émission de télé dit visibilité et qui dit visibilité dit publicité. De demi dieu veneré par tout un peuple au siècle dernier, le super héros n’est devenu qu’un simple homme sandwich employé par l’armée japonaise pour un salaire de misère afin de s’accomplir de sa tâche première : défendre le pays contre les attaques de monstres géants en tout genre. Ah oui j’ai oublier de vous dire…Dai Nipponjin à le pouvoir de grandir jusqu'à atteindre la taille d’un immeuble de trente étages, ce qui est plutôt utile pour combattre des ersatz de Godzilla.
Matsumoto signe un vibrant hommage au kaiju eiga et au tokusatsu avec une bonne dose de critique de la télé réalité. Malgré un budget plus que conséquent il s’est mis en tête de conserver l’aspect naïf et bricolé propres aux genres. Sur cette note d’intention il signe une réflexion burlesque sur le sort des super héros, le montrant désabusé, solitaire et aigri par ce qui lui arrive. Il faut dire aussi qu’il n’est pas le plus courageux ni plus habile de la corporation. Ce n’est pas rare qu’il fuie devant un monstre où qu’il occasionne d’innombrables dégâts à la ville, facturés bien sur, au contribuable. Mais malgré tout il s’acquitte toujours de sa tâche devant les caméras de télévision. Dai Nipponjin reste une comédie très drôle reposant entièrement sur les épaules de son géniteur. Le film alterne avec brio les scène de confessions (Matsumoto s’exprimant sur divers sujet seul face à la camera) et scène de combats plus surréaliste les une que les autres. Et je ne vous parles même pas du look des ennemis plus farfelus et ridicules les uns que les autres. Monstre péteurs, tête géante montée sur une seule jambes, monstre en rut, fils caché de hello kitty et de Hellboy,…j’en passe et des meilleurs. Les scènes de combats emprunte d’ailleurs beaucoup au catch japonais basé sur des clés de bras et des prises très techniques.

Dai Niponjin est donc un film totalement atypique dans sa conception, son fond et sa forme. Un film qui doit être absolument vu pour ses qualités de mise en scène, son humour nonsensique et la performance de son auteur aussi à l’aise devant que derrière la caméra. Marque des plus grands, il signe une fin semant le doute sur la véracité de tout le film. Et si Matsumoto nous avaient mené en bateau depuis le début ? Une comédie à base de monstres géants qui se permet le luxe de livrer une réflexion sur les médias et l’image, moi je dis qu’on tient là un grand film.
Je pense pas que ça sortie un jour en salle par chez nous donc bon, vous savez ce qu'il vous reste a faire...