Bon.
J'ai plutôt bien aimé.
La faute à un certain jusqu'au boutisme, et à une réelle ambition popculturelle (mais on s'en doutait un peu
)
Je me demande quand même ce que warhol penserait de ses enfants, parce que le film souffre tout de même de plusieurs gros défauts.
Le premier, le plus évident, celui qui fait que ça ne trouve pas son public (amha) et celui qui me surprend le plus vu le film, c'est au niveau du scénar lui-même. Je ne comprends vraiment pas, il y a quelque chose qui m'échappe.
Lorsqu'on met en place un projet si OUVERTEMENT "pop-culture", si visiblement destiné à un public qui se définit lui-même comme une "communauté geek", qu'est-ce qui peut bien justifier qu'on construise ça comme un film pour enfants, calibré "comédie familiale à la disney" ?
C'est pas que ce soit trop mal fait, là n'est pas le problème, mais c'est vraiment d'un classicisme et d'une naïveté totalement désarmante.
Seulement voilà, les otakus occidentaux, il approchent de la trentaine ou ils l'ont dépassée. Contrairement à ce que semblent croire les wachos, je doute que leurs référence (et le trip en général) fasse particulièrement saliver les 8-12 ans.
Je pense que le film aurait franchement gagné à s'affirmer comme un flambeau de la sous-culture, au lieu de se donner des airs de comédie familiale traditionnelle. C'était perdu d'avance. Quel parent quarantenaire va envoyer son môme perdre 5 dixièmes à chaque œil devant ça ? tant qu'à se lâcher, autant jouer franc-jeu et y aller à donf, avec du sang et du nichon.
Si c'était pour ménager les producteurs, je ne suis pas sur que c'était un calcul gagnant sur le long terme, vu la gamelle. Z'auront peut-être plus une telle occasion avant longtemps.
Les frangins veulent se la jouer modestes ? (ce serait bien la première fois
)
Le second défaut, c'est au niveau de la construction et du montage. Et là on est en plein dans un problème lié à l'ambition (voire l'arrogance -pas taper-) des brothers. Que le film veuille adopter les nouveaux codes narratifs liés au jeu vidéo, à l'anime japonaise etc...très bien. Seulement, le cinoche à papa, ce n'est pas qu'un carcan de codes ennuyeux, c'est aussi un langage plutôt bien rôdé, avec sa grammaire peaufinée au fil du temps. Alors la construction zapping-MTV, ça a son côté marrant, mais c'est parfois contre-productif.
Le problème , c'est une construction narrative qui a le cul entre deux chaises, et qui est plus ou moins foirée, amha. Déjà la construction en flash-backs dans les flash-backs etc, ça demande une grande rigueur si on veut que ça reste efficace plus de 5 minutes. Hors là, on a quoi ? Des scènes de courses qui veulent tellement faire dans l'intense qu'elle en perdent le fil. Déjà, comme disait Lurdo, les scènes de course sont mal construites en tant que scènes de courses. Trop hachées, pas de suivi sur la longueur, quasiment aucun plan large, aucune vue d'ensemble.
En plus, les frangins se sentent obligés d'insérer tous les enjeux narratifs "en temps réel", ce qui est une grave erreur, je pense. Avoir 15 flash-backs en pleine course pour expliquer qui a fait quoi avant, ça casse le rythme, et ça interdit toute assimilation des enjeux. Résultat, presque, on se ferait chier.
Ils auraient mieux fait de faire monter le pression de manière plus traditionnelle, de préparer le terrain en amont, quoi. Suaf que comme TOUTES les scènes non-courses sont dédiées à la comédie familiale gentillette et à la-famille-racer-au-pays-du-sitcom, on se retrouve avec des séquences beaucoup trop denses entrecoupées de trucs pas-honteux-mais-chiants.
La preuve, c'est que le seul départ de course où on ressente un peu d'émotion, c'est la course finale, parce que les enjeux et les persos sont déjà posés. Course qui comprend aussi le seul duel filmé de façon un tant soit peu compréhensible et impliquante (le
duel final contre snake...là on suit les caisses un petit moment, et on s'intéresse à ce qui se passe...)
Bref, virez-moi le môme, son singe, voire même (l'excellent) goodman, et foutez-moi un background pour les méchant.
Donc comme ça, on dirait que j'ai trouvé ça à chier, alors que j'ai plutôt bien aimé. Parce qu'ils le font à donf (même si j'aurais préféré encore plus), parce que le viking noir (!? Spam ?) et son triple fléau d'armes, parce que les ninjas \o/, parce que ricci, parce que trackmania sur écran géant, parce que j'ai pleuré du sang, et parce que le final "j'ai pas compris 2001 et je te le fais genre imagerie traditionnelle pénétration\orgasme pour ado" (-1 pour l'épilogue sur X bien moisi, keumême), parce que le gamin en incrustation qui se prend pour judoboy, et parce que wawawoum, merde !
Je n'attendais plus rien des wachos, mais là, paradoxalement, je me dis qu'une bonne gamelle ne leur fera pas forcément de mal. Ca les fera peut-être un peu dégonfler, et je suis curieux de voir ce qu'ils feront par la suite.
Enfin, pour élargir le débat au niveau de "l'art cinématôgraphiiiique, tu voiiiis", je diras que je sais pas si la mochioncapeuture, c'est l'avenir du ciné (j'ai comme un doute, la façon de capturer le mouvement, à la limite, c'est pas l'essentiel...plutôt le cadrage et le montage, amha), mais je sais qu'on est à un palier, et que le medium est amené à évoluer.
Alors je vais vous faire une image à deux balles. On est devant la porte de l'avenir. Je sais pas ce qu'il y a derrière (nan ! pas beowulf !) mais la porte, on la voit bien. Devant la porte, y'a un paillasson fatigué sur lequel on s'essuie les pieds avant d'entrer. Y'a marqué "POTC" dessus. Et la porte, elle a deux charnières. La première, c'est bay qui l'a faite, elle s'appelle transfomers. Bay il a bien assimilé le cinoche hollywoodien publicitaire, et il nous livre un medley épuré, condensé, du code pur, quoi. La seconde charnière, c'est speed racer, qui envoie valdinguer pas mal des codes narratifs (en conservant la guimauve, quand même
) pour les remplacer par ceux du JV, des animes etc...
Les deux charnières sont un peu branques, toutes seules elles servent pas à grand chose. Une charnière, c'est con, tout seul. C'est pas fascinant, comme objet. On la fout dans un tiroir et on l'oublie.
Par contre, avec un peu de chances, elles suffiront pour ouvrir la porte. On verra bien ce qu'il y a derrière.
J'offre 10 millions de dollars à celui qui me révèle comment il dit "nulja" en VO \6