CITATION(Sans Nom @ 17 3 2007 - 11:21)
L'aspect politique de la chose ne m'apparait aussi clairement que ça.
Oh, bien sûr, on peut faire des comparaisons à la con en disant que 300 c'est un groupe de jeunes nazis sexy qui vont ratonner. De toutes façons, les bougnoules, c'est rien que des tafioles qui sont moches et qui puent du fion. (j'exagère un peu mais pas tant que ça)
Mais si on le fait pour 300, il faut le faire pour tout le monde avec le même a priori dégueulasse.
Et là, Le Seigneur des Anneaux devrait en prendre plein la gueule (ses elfes parfaits d'une blondeur incroyable, les méchants sur les éléphants sont des mecs vachement basanés quand même), les méchants sont moches (Gollum, le conseiller de Theoden, les urukais, les orcs, les trolls, les gobelins). Finalement, y'a que les gentils bien blancs, bien beaux qui s'en tirent et même qu'Aragorn se tape une elfe ralliant ainsi la troupe aryenne à longues oreilles. Superman et son mythe du surhomme, tout ces films avec le mythe de l'élu...
Bref, c'est facile de dire des conneries quand on politise ce qui n'a pas lieu d'être.
Je n'ai pas encore vu le film mais je le jugerait sur ce que je verrais pas sur un contexte flou en me disant que les spartiates sont des marines et que les Perses sont les Iraniens. Je ne penserais pas non plus à Miller et aux conneries qu'il a pu dire. J'ai adoré la façon dont Karajan conduisait la Septième Symphonie même si je savais que c'était un sacré salopard.
Beaucoup de films, de livres ne reflètent pas les opinions de leurs auteurs. Miller douteux ? Ok, cependant tout ce qui se rattache à Miller n'est pas forcement lié à ses idées. Je l'ai déjà dit mais je le répéte, l'oeuvre n'est pas l'auteur et c'est tant mieux.
Pourrait-on faire le même procès d'intention en ce qui concerne Fort Alamo ? Après tout, on a une poignée d'hommes tenant tête à une armée d'invasion basanée.
Franchement, c'est bien de se questionner sur le message d'une oeuvre, c'est important d'être vigilant mais bon, faut pas non plus exagérer et les termes de révisionnisme me semblent également bien mal placés tout comme comparer une société vieille de 2500 ans avec nos societés actuelles. Réjouissons nous plutôt du chemin parcouru.
nan mais le questionnement du message ou de Miller n'est pas hors-jeu dans ce cas précis puisque Miller en soi est déjà un auteur politique
Je pense pas qu'il soit fascisant mais au contraire qu'il réfléchit sur les notions de démocratie et de fascisme et que cette même réflexion passe par un choix graphique, narratif, scénaristique, bref : à tous les étages, Miller fait de 300 de l'aventure héroïque doté non pas d'un sous-texte pro-ceci ou anti-celà mais d'une réelle réfexion sur le bien-fondé des actes de ses héros, sur l'incarnation de la force morale, etc...
Frank Miller ce n'est pas Tolkien et encore moins Karajan (conduire une partition et en créer une c'est deux choses différentes)
Pour éclairer la lanterne : voici ce qu'il déclarait à la sortie :
"I've always found fascinating that a free society relies on its own-built tyrannies to protect it. That is, when we're endangered, we don't send the U.S. Congress, we send the Navy Seals or the Marines, who are trained and regimented like the people in a totalitarian state. But they're our line of defense; we need them. That's one of the almost paradoxical aspects of the story that I like so much, it's that it's the least democratic of the Greeks that were defending the democracy."
Mais comme tu le pointes son deuxième propos dans la BD est aussi de jouer avec la différence de points de vue sur ce qu'est la démocratie "The other point that I was going to make is that it's become very trendy to apply modern civilized standards to historical figures. About the only hip thing to say about Thomas Jefferson these days is that he was a slave owner and to therefore cast out all his accomplishments and his genius. That's grossly unfair because it was his thinking among others that led to the end of slavery.(...) There are many things that to our modern eyes are repugnant, that I don't think take the luster off these old characters at all."
Le fait est que Miller est conscient de sa propre fascination / répulsion envers les autorités, l'usage de la force, les droits et libertés des individus, et le fait qu'à l'intérieur de fascicules illustrés, il peut à loisir tordre, amplifier ou s'amuser des problèmes moraux de la société. Ce ne sont pas des tracts politiques mais des reflets déformants.
Et le but du papier de Guignebert, à mon sens, était de pointer du doigt l'écart considérable entre cette réflexion et celle d'un Snyder.
Oui, ben dis comme ça évidemment, c'est moins basique, plus complet et peut en effet pousser à un certain questionnement sur l'auteur, ok.
Moi j'y ai lu autre chose dans cette critique. Un point de vue plus arrêté, plus bête.
Cependant, je pense aussi qu'on peut faire un film bourrin sans vrai questionnement de fond.