CITATION(kea @ 29 7 2007 - 13:12)
Prenons l'une des scènes clefs du film (...) La scène du jardin (...) toute la scène est clairement filmée comme une comédie pour mioches, et fait directement référence au E.T. de tonton steven.
Hmmm.
"
J'ai un robot géant planqué à l'extérieur de la maison qui cherche quelque chose à l'intérieur; pourvu que Maman le voie pas" = Le Géant de fer.
sinon + 1 pour le reste de la démonstration
CITATION(LMD @ 29 7 2007 - 13:16)
Bah c'est une logique de fan de film de stonb Totti, aucun probléme avec ça dans l'absolu, un film comme Ong Bak ne vaut que pour son tiers de tape.
Voilà un titre intéressant pour s'amuser à déterminer où s'arrête l'aspect fête foraine d'un métrage et ou débute le "cinéma".
Ong Bak, c'est Youtube pendant 1h30. On t'annonce 2 mn que Paulo va sauter du toit de sa maison pour rebondir sur le trampoline, et tout ce que tu attends du caméraman, c'est qu'il ait la bonne idée de garder Paulo dans le champ ou qu'il ne zoome pas trop. Hop ! Paulo saute. Woaw, comment k'il est souple le gars ! Fin de la vidéo on passe à la suivante où Paulo va sauter entre du fil barbelé. Là je dis qu'on a les deux pieds fermement plantés dans la "fête foraine". Le Cinématographe vient juste d'être inventé l'année précédente et on a pas encore compris qu'on pouvait faire autre chose que capturer de l'image avec.
Transformers n'est pas une succession d'exploits capturés au petit bonheur la chance. C'est un concept élaboré autour d'idées simple voire primitives, mais le mot qui fait toute la différence est "élaboration". Dès l'instant où Michael Bay équilibre ses plans, répartit ses éclairages, demande à ses comédiens de respecter leurs marques, il est déjà en train de nous raconter quelque chose. Comme l'a fait remarquer Kea, il y a eu réflexion préalable sur le concept de destruction : la destruction à l'échelle de la middle class américaine avec le jardin qui se fait retourner, la destruction du quotidien géopolitique avec le village Quatar déjà en ruine avant l'arrivée de robots, les emprunts insistants à
Gremlins et
Gremlins 2 qui étaient déjà entièrement construits autour du mystère de la jouissance de la destruction (Bay nous en balance deux scènes complètes tout de même, dont une au moins aussi drôle que chez Joe Dante), la destruction de l'image égocentrée que tente de se créer le héros (qui passe par tous les stades de l'humiliation, entre sa mère qui lui parle de masturbation, le robot qui lui retire son froc et le laisse en caleçon, le robot médecin qui grille ses émissions de phéromones etc.), des analogies sans fin à la culture de la puissance dans l'inconscient collectif occidental (des super trucks chromés, des voitures de sport en pagaille, un stade de foot éventré, des tanks qui valdinguent dans les airs, un concert d'explosions de pare-brise de voitures "pas puissantes", des jeunes excités jusqu'à l'éjaculation parce qu'une comète a détruit leur quartier, Bumblebee qui se prend pour la destructrice Uma Thurman de
Kill Bill) 'fin bref que ce soit au niveau de l'écriture ou de la mise en scène, il y a tout un travail de gradation et d'élaboration autour de ce que le spectateur est venu chercher dans ce film, la main sur la bite, les yeux pétillants et la bave au bord des lèvres.
A la rigueur, on pourrait reprocher à
Transformers de ne pas tenir ses engagements puisque la note d'intention artistique induit logiquement la destruction du monde, et que le film se contente en fait de détruire une seule rue de Los Angeles. Mais on ne peut pas lui retirer cet effort d'élaboration scénique, donc cinématographique, autour du concept qui a fait se déplacer des centaines de milliers de spectateurs.
Après il est évident qu'un tel film ne cherchera pas à nous questionner sur le mystère de notre libido, mais ce n'est pas le questionnement ni la théorisation qui font la valeur artistique. La valeur artistique naît de l'organisation d'éléments qui vise à l'invocation, et pas à l'évocation. L'évocation, c'est le cadeau bonux pour les intellos de notre espèce qui souhaitent justifier leur place dans la société. L'invocation, c'est le riff de guitare tout pourri mais puissant qui fait trembler à la fois les enceintes et la cage thoracique du public
(avec le muscle rouge qui vibre à l'intérieur).
Transformers vs
Ong Bak ? Très bonne comparaison je trouve pour tracer une ligne claire entre le cinéma et le "divertissement".
AMHA et autres formules diplomates...