Taxi DriverVu hier, ce n’est sûrement pas, amha, le meilleur Scorsese mais cela reste une œuvre de qualité explorant principalement, via un De Niro brillant, les thématiques de l’homme, ses contradictions, son environnement…
Dès l’intro du film, le spectateur comprend que Travis a une perception particulière de son environnement…Il est insomniaque, et les premiers plans nous offrent le visage de Travis parcourant la ville dans son taxi, visage éclairé par les lumières citadines nocturnes tour à tour bleues, rouges, vertes symbolisant le fait que sa perception du monde subit un autre éclairage que celle du citadin lambda…
Travis, homme seul, visiblement vétéran du Vietnam
(bien que cela ne soit que sous-entendu dans le film, il évoque son passé dans les Marines, son corps est blessé et ses problèmes de socialisation pourraient, mais cela reste une simple possibilité, trouver une partie de leur source dans son passé au Vietnam)est un personnage paumé et contradictoire, il décrit son environnement comme étant «
the scum of the earth » où se mêle putes, macs, drogués mais passe volontairement ses journées dans ce même cadre, dans les «
porn theatres » ou les rues malfamées.
C’est amha ce que dépeint Taxi Driver
, la psyché et l’aliénation graduelle d’un homme au sein d’une société urbaine qu’il assimile à une jungle, société qui semble rejeter ses tentatives de socialisation (
d’ailleurs il est souvent hors champ dans ce film) et son désir d’appartenance (
Betsy, blonde Wasp idéalisée, en est une métaphore)… Il sombre petit à petit, ses frustrations sexuelles et autres et sa propension à la violence (guns) augmentent et lui qui pensait que «
someone should become a person like other people » vivra très mal son incapacité à appliquer cette idée (
voir la scène où il est incapable de structurer sa pensée pour expliquer à son collègue ce qui le ronge), jusqu’à décider de tout détruire (
sa TV, les politiques avec Palatine, lui-même devant son miroir etc…)
Iris mettra en lumière une autre vision possible du monde (son prénom est d’ailleurs significatif) et incapable de gérer sa souffrance, Travis fera tout pour l’aider et lui rendre sa « pureté »…comme un moyen de se purifier lui-même.
Bref, plusieurs thèmes habillent la toile de fond de cette œuvre ; la solitude, la peur qu’elle engendre, la folie qu’elle peut provoquer…
Are you talkin’to me ? Well, i’m the only one here…Seul donc, avec les conséquences que cela peut impliquer.
Le climax-catharsis où Travis, désireux d’apporter une contribution « honorable » par ces meurtres et de laver cette ville des « rebuts » symbolise l'achèvement de la quête du perso depuis le début, la rédemption.
Quant à savoir si la fin où il est dans son taxi avec Betsy et semble en paix avec lui-même est réelle où si ce n’est qu’une vision pré-mortem...Je ne sais pas, j’opterai davantage pour une fin passant s’achevant sur sa mort mais bon...Simple interprétation.
Bon, traitement des thèmes intéressants donc, à la fois englobées dans un contexte (les années 70, le Vietnam) bien défini et en même temps atemporelles et universelles (la peur de soi, de la solitude, illustration de la thématique récurrente « Autrui nécessaire pour s’assurer de la réalité de sa propre existence..., le désir de s’intégrer etc. »
...) Le tout servi par un très bon jeu des acteurs...Ceci dit, en point négatif, le film souffre d‘une certaine lenteur amha...
Très bon quand même ce film
Bref, Are you talkin' to me?/6