
il est peut-être temps de renvoyer la balle aux accusateurs et de débusquer les soubassements pourris de la comédie romantique, un genre généralement admis par presque tous comme sain et inoffensif.
Je copie-colle un post tiré d'un autre topic :
J'ai toujours pensé que la comédie romantique est précisément le genre cinématographique qui insulte le plus la condition humaine.
(...)
C'est juste que 95% des comédies romantiques consistent essentiellement en de la pornographie sentimentale, avec tout ce que ça suppose en termes de simplifications grossières de sentiments humains intimes et complexes. Je sais bien que la simplification, c'est un peu le lot de la représentation en général et du cinéma grand public en particulier, mais il y a des raccourcis moins malhonnêtes que d'autres.
Tu peux raconter qu'un ado contribue à rendre le monde meilleur depuis qu'il s'est fait mordre par une araignée radioactive: c'est hautement improbable mais ça ne me gêne pas parce que le "mensonge" est en quelque sorte constructif (on part du principe que je parle des films de Raimi et que je les trouve réussis dans ce qu'ils entreprennent): c'est de la spéculation morale ("si j'avais le pouvoir, qu'est-ce que j'en ferais?").
Par contre, me dire "qu'ils étaient faits l'un pour l'autre" (ou justement non), c'est de la pure malhonnêteté fictionnelle qui endort l'intellect du spectateur en manipulant des leviers intimes qui font perdre toute force. Les meilleures comédies romantiques sont celles qui ne finissent pas, comme La Garçonnière ou, dans une moindre mesure mais pour prendre un exemple récent, High Fidelity, parce qu'elles respectent le caractère insaisissable, aléatoire et changeant des sentiments, tout en inscrivant ceux-ci dans un contexte social ou sociétal bien brossé et plus vaste que les seuls marivaudages entre copains.
Finir sur une incertitude, c'est quasiment impensable pour ce genre conservateur par excellence qu'est la comédie romantique (et je parle même pas du fait que l'amour est très souvent vécu de façon non réciproque, ce qu'aucun film de Penny Marshall ou Richard Curtis ne traitera jamais).
Attention hein: je pars pas du tout en croisade contre la comédie romantique (ce serait tout aussi couillon qu'une croisade contre le cinéma d'horreur), j'ai rien contre, j'ai en ai DVD, j'en regarde de temps en temps et j'en aime quelques unes, etc. Tout ceci n'est pas très grave, et tout ce que j'en dis peut d'ailleurs bien souvent s'appliquer à toute forme de cinéma, à des degrés divers. C'est juste que, si on doit vraiment rechercher ce que le cinéma peut avoir d'"insultant" vis-à-vis de la condition humaine (en l'occurrence, je pense que c'est une recherche assez vaine, et qu'une échelle d'étude supérieure serait peut-être plus intéressante), c'est plutôt du côté de ce genre-là qu'on devrait aller... Mais bon...
(...)
C'est juste que 95% des comédies romantiques consistent essentiellement en de la pornographie sentimentale, avec tout ce que ça suppose en termes de simplifications grossières de sentiments humains intimes et complexes. Je sais bien que la simplification, c'est un peu le lot de la représentation en général et du cinéma grand public en particulier, mais il y a des raccourcis moins malhonnêtes que d'autres.
Tu peux raconter qu'un ado contribue à rendre le monde meilleur depuis qu'il s'est fait mordre par une araignée radioactive: c'est hautement improbable mais ça ne me gêne pas parce que le "mensonge" est en quelque sorte constructif (on part du principe que je parle des films de Raimi et que je les trouve réussis dans ce qu'ils entreprennent): c'est de la spéculation morale ("si j'avais le pouvoir, qu'est-ce que j'en ferais?").
Par contre, me dire "qu'ils étaient faits l'un pour l'autre" (ou justement non), c'est de la pure malhonnêteté fictionnelle qui endort l'intellect du spectateur en manipulant des leviers intimes qui font perdre toute force. Les meilleures comédies romantiques sont celles qui ne finissent pas, comme La Garçonnière ou, dans une moindre mesure mais pour prendre un exemple récent, High Fidelity, parce qu'elles respectent le caractère insaisissable, aléatoire et changeant des sentiments, tout en inscrivant ceux-ci dans un contexte social ou sociétal bien brossé et plus vaste que les seuls marivaudages entre copains.
Finir sur une incertitude, c'est quasiment impensable pour ce genre conservateur par excellence qu'est la comédie romantique (et je parle même pas du fait que l'amour est très souvent vécu de façon non réciproque, ce qu'aucun film de Penny Marshall ou Richard Curtis ne traitera jamais).
Attention hein: je pars pas du tout en croisade contre la comédie romantique (ce serait tout aussi couillon qu'une croisade contre le cinéma d'horreur), j'ai rien contre, j'ai en ai DVD, j'en regarde de temps en temps et j'en aime quelques unes, etc. Tout ceci n'est pas très grave, et tout ce que j'en dis peut d'ailleurs bien souvent s'appliquer à toute forme de cinéma, à des degrés divers. C'est juste que, si on doit vraiment rechercher ce que le cinéma peut avoir d'"insultant" vis-à-vis de la condition humaine (en l'occurrence, je pense que c'est une recherche assez vaine, et qu'une échelle d'étude supérieure serait peut-être plus intéressante), c'est plutôt du côté de ce genre-là qu'on devrait aller... Mais bon...
Le "genre conservateur par excellence" ? "Pornographie sentimentale" ?
Même si intuitivement, le post de Muf appuie sur un sentiment qu'il m'est fréquemment arrivé d'avoir, je ne saurais dire en quoi la comédie romantique semble si souvent tendre vers le conservatisme ou carrément l'attitude réactionnaire.
Deux points me semblent intéressants :
1/ Le social. La vision de l'organisation sociale "idéale" propagée par ce genre.
et surtout
2/ Le sexe. Car qu'on le veuille ou non, ce genre s'adresse prioritairement au public de sexe féminin.
Or, beaucoup de femmes hésitent à clamer ouvertement leur goût pour ce genre, comme si elles avaient du mal à accepter ce qui les a séduit dans la structure récurrente de ces comédies (qu'elles-mêmes, en tous cas celles que je connais, reconnaissent souvent comme conservatrice).
Pourtant les faits sont là; ce genre de structure fonctionne, et plus particulièrement sur les femmes.
Déjà il serait judicieux de se pencher sur les figures, les clichés, les passages obligés de ce genre de films. Parce que certains sont très curieux.
Pourquoi, par exemple, y'a-t-il toujours une séquence où l'héroïne se ridiculise face à l'élu de son cœur ? Pourquoi l'élu de son cœur est-il le plus souvent un jeune veuf, un récent divorcé ? Pourquoi y'a-t-il presque toujours une scène où l'héroïne pourrait régler son problème en disant quelque chose à l'homme qu'elle aime, mais où elle choisit de se taire ?
En quoi ces passages obligés révèlent-ils quelque chose du public qui fait le succès de ces films ?
Et aussi, je ne peux m'empêcher de souligner que les deux "bons" films que pointe Muf dans son post, La Garçonnière et High Fidelity, sont précisément des films de mecs, qui privilégient très largement le point de vue de l'homme et donc des réflexes sentimentaux typiquement masculins. Pourquoi cette vision masculine du monde apparaîtrait-elle comme plus "progressiste" que la vision féminine ? Car franchement, je doute que les femmes aient le monopole du conservatisme.
Ce sont juste quelques pistes.
Si ce topic dépasse les trois posts, peut-être aurons-nous d'autres perspectives.