CITATION(Arnaud Bordas @ 21 1 2008 - 02:31)
La famille de Charlie n'est pas une famille de freaks, c'est une famille de pauvres dans la grande tradition de Charles Dickens, peuplée de gens méritants, travailleurs, soudés et aimants. Le freak du film, c'est Willy Wonka, faudrait voir à pas confondre.
Une famille qui dans l'univers décrit dans Charlie apparaît comme marginale et pas normale. Le freak chez Burton n'est pas qu'un monstre, c'est avant tout un marginal, un outcast, il ne faut pas non plus l'oublier (et tu le rappelles à juste titre dans ton papier). Dans Mars Attacks, les héros ne sont pas des monstres. Dans Sleepy Hollow, Crane n'est pas un monstre. Etc, etc, etc... ce sont des marginaux, qui cherchent à s'intégrer d'une manière ou d'une autre, soit en se trouvant une famille, soit en trouvant l'amour, en tout cas en trouvant le bonheur.
Soit exactement ce qui arrive à Wonka. Et à Charlie. Les deux freaks du film.
Encore une fois, j'ai surtout l'impression que depuis quelques années, Burton a affiné son propos; il fait des films où le freak est plus nuancé, et n'est pas forcément le perso principal, perso principal qui sert de prétexte, ou plutôt de vecteur. Je pense à POTA (où le freak burtonien marginal est clairement Helena Bonham Carter), à Charlie, donc (avec Charlie légèrement en position d'outcast, mais surtout avec Wonka en freak burtonien), je pense à Big Fish (où le héros est transparent, puisque le freak, c'est en quelque sorte le père), voire même Corpse Bride, dans lequel Viktor est tout autant freak que la Bride.
Et c'est ça qui crée la confusion, pour beaucoup, et qui provoque ce "il a retourné sa veste, il fait des films avec des héros normaux" pas franchement mérité.
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Lurdo, encore une fois, que ce soit tiré d'un bouquin, c'est une chose. Que le cinéaste qu'est Burton s'accapare ce bouquin, c'en est une autre, qui me semble révélatrice de ce qu'il veut désormais raconter. Tu analyses le film d'un point de vue moral là où je te parle de la cohérence interne de l'univers d'un auteur. Au risque de me répéter, je me contrefous de savoir si les gamins finissent le film heureux ou pas, tout ce que je constate c'est que Tim Burton, l'homme qui a toujours proclamé son amour inconditionnel des monstres, décide de montrer des personnages négatifs qui sont punis en étant transformés en monstres. Encore une fois, C'EST DANS LE FILM, je n'ai rien inventé.
Ben on pourrais dire que tu attribues quand même à cette intrigue une importance qu'elle n'a pas forcément, tout en faisant l'impasse sur le reste, totalement fidèle aux thématiques burtoniennes classiques. Ce qui a intéressé Burton dans Charlie, tu crois que c'est plutôt quoi ? Le personnage de Wonka, son problème d'intégration, de père, et tout son cheminement, ou bien le sort des gamins, qui ne sont qu'accessoires à la véritable histoire racontée?
Il me semble que la réponse est évidente. Et alors les enfants (gentiment) punis ? Ben ouais. Ils sont punis. Mais généralement, les gens normaux s'en prennent aussi plein la gueule, dans les Burton. Dans Mars Attacks, Brosnan et Parker sont aussi transformés en monstres. Dans Edward, il y a des morts. La vengeance dans les Burton n'est pas non plus un thème nouveau (zou, on retombe sur Sweeney Todd) et là, il a choisi de suivre le roman, et de faire des gamins des freaks.
So what ? Les gamins ne semblent pas traumatisés, et Wonka est la preuve vivante que les freaks s'en sortent bien dans l'univers de Charlie et la Chocolaterie.
Alors quand à côté, on a Charlie et Wonka qui suivent le parcours classique du freak burtonien, et qui sont clairement montrés sous un jour positif/compatissant par Burton, j'ai du mal à voir en quoi la transformation des gamins pose problème, et serait indicatrice d'une inversion radicale des valeurs burtoniennes.
(m'enfin je me doute bien qu'on arrivera pas à se faire changer d'avis mutuellement, donc...)
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Par contre, ce que je peux te conseiller, c'est d'éviter ce petit ton arrogant et méprisant, qui sous-entend que je ne connais rien au sujet dont je parle. Tu verras que la discussion ne s'en portera que mieux.
Si je voulais être taquin, je te dirais que le ton en question, c'est un peu aussi celui qui ressort par moments de ta critique dans le Figaro (volontairement ou non), mais vu que je ne cherchais pas du tout à être arrogant et méprisant en te répondant dans le post du dessus, sorry, j'aurais du rajouter un smiley.
(et puis franchement, si je posais la question sur ce que tu sous-entendais, c'est parce que si j'étais un mec ne connaissant pas particulièrement Bruton ou son oeuvre, en lisant ton papier, l'impression que j'aurais retiré de la phrase de fin, c'est "Burton s'est fait virer de Disney il y a X années, et maintenant il revient chez eux, c'est donc un vendu". Alors que quand on sait que Disney et Burton ont produit plusieurs films entre deux, tout de suite, la phrase n'a pas le même sens)
(et la marginalité de Burton en tant qu'artiste, oui, elle existe, c'est même clairement grâce à ça qu'il a fait son beurre. Maintenant, moi, le fait que Disney lui file désormais de la thune pour refaire son Frankenweenie en mieux, et lui déroule le tapis rouge, je vois ça comme une belle revanche, plutôt que comme une récupération par le système... two sides of the same coin...)