Aide - Recherche - Membres - Calendrier
Version complète : Sweeney Todd - Tim Burton
Mad Movies > Forums Discussions > Cinéma Fantastique
Pages : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
the_Daydreamer
CITATION(uhu @ 19 1 2008 - 14:26) *
Juste pour dire que Bordas consacre une page au film dans le fig mag, et qu'il défonce le film copieusement.


Une page consacrée à Tim Burton pour un paragraphe sur le film serait plus juste.
Jesus Gris
C'est quoi ses arguments, en gros? je suis curieux mais j'ai pas forcément envie d'acheter le figaro.
Foubert
CITATION(Jesus Gris @ 19 1 2008 - 18:04) *
C'est quoi ses arguments, en gros? je suis curieux mais j'ai pas forcément envie d'acheter le figaro.


C'est sur le site web du Figaro :

Hop

Enfin c'est une petite critique, hein.
Jesus Gris
Thanks. Pas du tout d'accord avec lui sur Sweeney Todd...
Lurdo
CITATION("Bordas")
Une période de changements importants qui se traduit par Big Fish, le film de la transition, sorte de best of plutôt mou, ponctué d'aberrations, comme cette morale finale qui désigne la petite maison de banlieue américaine middle class comme l'idéal du bonheur sur Terre (c'est-à-dire le contraire exact d'Edward aux mains d'argent)


On a pas du voir le même Edward aux Mains d'argent, alors... et sinon, pour le reste de l'article, je préfère rien dire tant c'est bourré de raccourcis foireux.
Batman Begins
CITATION
Mais, encore une fois, un spectacle déprimant tant Burton continue de se renier sans rien proposer de neuf, ressassant les mêmes figures (le générique, déjà repris dans Charlie, le repaire du barbier et son maniement du rasoir sont autant de rappels stériles d'Edward aux mains d'argent) mais sans les transcender. Lent, terne, privé de toute grâce visuelle, Sweeney Todd n'est qu'un simulacre nous renvoyant le reflet déformé et grotesque d'un cinéaste en état de mort artistique. Une dernière preuve ? Son prochain film sera un remake de Frankenweenie... produit par Disney ! Tout est dit.

C'est ça sa critique ? 4 malheureuses lignes sans développement ? (le journalisme français se porte toujours aussi bien dis donc)
Motoko
CITATION(Batman Begins @ 19 1 2008 - 19:42) *
CITATION
Mais, encore une fois, un spectacle déprimant tant Burton continue de se renier sans rien proposer de neuf, ressassant les mêmes figures (le générique, déjà repris dans Charlie, le repaire du barbier et son maniement du rasoir sont autant de rappels stériles d'Edward aux mains d'argent) mais sans les transcender. Lent, terne, privé de toute grâce visuelle, Sweeney Todd n'est qu'un simulacre nous renvoyant le reflet déformé et grotesque d'un cinéaste en état de mort artistique. Une dernière preuve ? Son prochain film sera un remake de Frankenweenie... produit par Disney ! Tout est dit.

C'est ça sa critique ? 4 malheureuses lignes sans développement ? (le journalisme français se porte toujours aussi bien dis donc)


Il doit être fan de Die Hard 4 lui (chercher le lien j'en vois pas mais bon) en tout cas c'est un type qui n'a rien compris au cinéma de Burton visiblement!
Batman Begins
La question n'est pas de savoir si il a "compris" le cinéma de Burton ou pas, il a le droit de trouver le film pourri, mais de se dire journaliste et de se contenter d'une minable critique de ce genre (journaliste français forever!)
Manna Marie Weasley
Arnaud Bordas c'était montré bien plus convainquant dans sa critique du revirement du cinéma de Burton... mellow.gif

(Sa critique de Corpse Bride et son développement dans ce forum...)
Motoko
CITATION(Batman Begins @ 19 1 2008 - 19:51) *
La question n'est pas de savoir si il a "compris" le cinéma de Burton ou pas, il a le droit de trouver le film pourri, mais de se dire journaliste et de se contenter d'une minable critique de ce genre (journaliste français forever!)


Ouai ok il aurait des arguments je ne pourrais rien dire mais la tu as raison c'est plus que de la connerie, et pas mal de gens vont se contenter de ça!
Tingle
La deuxième vision marche encore mieux que la première!Cool!
Du coup, je m'en veux un peu d'avoir poussé un coup de gueule plutôt que de parler des vraies qualités du film dans ma critique.
M'enfin bon, je vais retravailler ça.
nicco
CITATION(Varkos @ 19 1 2008 - 19:43) *
CITATION(Batman Begins @ 19 1 2008 - 19:42) *
CITATION
Mais, encore une fois, un spectacle déprimant tant Burton continue de se renier sans rien proposer de neuf, ressassant les mêmes figures (le générique, déjà repris dans Charlie, le repaire du barbier et son maniement du rasoir sont autant de rappels stériles d'Edward aux mains d'argent) mais sans les transcender. Lent, terne, privé de toute grâce visuelle, Sweeney Todd n'est qu'un simulacre nous renvoyant le reflet déformé et grotesque d'un cinéaste en état de mort artistique. Une dernière preuve ? Son prochain film sera un remake de Frankenweenie... produit par Disney ! Tout est dit.

C'est ça sa critique ? 4 malheureuses lignes sans développement ? (le journalisme français se porte toujours aussi bien dis donc)


Il doit être fan de Die Hard 4 lui (chercher le lien j'en vois pas mais bon) en tout cas c'est un type qui n'a rien compris au cinéma de Burton visiblement!


Fan de Die Hard 4 ? Rien compris à Burton ? On parle d'Arnaud Bordas, chais pas si t'as vu.

Et non, en effet, il ne liste pas un quintal d'arguments (et dieu sait si y a matière tant ce film est un ratage total - mais on peut commencer par la BO, naze que c'en est insondable, embêtant pour une comédie musicale composée à 80% de chansons), mais il développe le contexte dans lequel Sweeney Todd a été réalisé, et, truc de ouf, met en corrélation la baisse de qualité des oeuvres (que Bordas a jadis expliqué et argumenté) avec la vie de leur auteur (le mec qui est derrière la caméra et qui décide de ce que sera le film). Et c'est tout aussi intéressant (si ce n'est plus) que de lister des arguments ; car au cinéma comme ailleurs, il y a rarement de hasard : un cinéaste oeuvrant avec une certaine intention ne livrera pas un film à l'opposé de celle-ci.
(Et de toutes façons, arguments ou pas, la plupart du temps quand le lecteur n'est pas d'accord il balance "oué mais ses arguments tiennent pas la route, il est pas objectif le gars, il connaît pas Burton lol, il aime Die Hard 4 et il mange des bébés", donc à choisir autant s'en tenir aux faits des fois... En tous cas je préfère ça à "y a du sang qui gicle, 6/6")(d'autant plus que même là, alors qu'il vient de te raconter la vie et l'oeuvre de Burton, tu décides qu'il ne le connaît pas juste parce qu'il n'est pas de ton avis. De quel côté est l'objectivité dans ce cas ? Enfin bref...)


Burton était intéressant et inventif lorsqu'il clamait son amour pour les freaks et son aversion pour la normalité.
Quand il décide que devenir un monstre sera dorénavant une punition (Charlie) ou que raconter des histoires fantastiques c'est pas bien et qu'il faut donc le repprocher à son papa (Big Fish), je n'y vois que du conformisme noyé dans un decorum de publicitaire singeant le style Burton de ses débuts (tiens, d'ailleurs, cette série de mauvais films (subjectivité, AMHA, tout ça) n'avait pas été précédée de pubs réalisées pour Hollywood Chewing Gum ? Difficile de se remettre en question quand le système qu'on dénigrait, qui avait valeur de moteur artistique, se met à vous faire des courbettes. Burton n'arrive pas à passer ce cap, et quelque part c'est ce qui en fait un cas fascinant).

Mais je dois moi aussi être fan de Die Hard 4...
LMD
Bon alors, la critique elle est plus longue que ça comme vous pouvez le voir ici, donc on peut la trouver nulle mais ce serait bien de vérifier avant de descendre l'auteur parce qu'il "n'a rédigé que 4 lignes"

Ensuite c'est assez savoureux que ce soit Bordas qui en soit l'auteur: non pas qu'il doive bénéficier d'une immunité particuliére parce qu'il faisait partie de Mad, mais de par son statut de pilier de l'ancienne rédaction on peut quand même penser qu'on éviterait les procés "Ahah il doit kiffer DH4 lui!".

Enfin voila, démontez sa critique si ca vous chante mais avec autres chose que des remarques à la volée sur l'auteur ou le texte, surtout qu'elles n'ont pas lieu d'être et que ca se vérifie assez facilement.
astroboy
Assez d'accord avec les gens au dessus, j'ai beau aimer certain des derniers Burton (Charlie en tête), le petit papier de Bordas n'a rien de deshonorant et possède de vrais arguments et un point de vue très interessant sur l'oeuvre burtonienne. Au moins ça change de l'espèce de consensus mou qu'il y avait autour du film avant même sa sortie.
J'ai surtout l'impressions que le seul crime qu'il ai commis est de ne pas avoir aimer le film, ce qui apparement à l'air d'en froisser certain au point d'en faire un fan de Die Hard 4 décérébré.

Motoko
Je n'avais pas vu qui en était l'auteur et puis que se soit lui ou un autre hein, donc pas besoin de s'énerver non plus et quand je dis qu'il ne connait l'univers de Burton c'est que comment peut on reprocher à un type de faire un film dans son style, c'est comme si on voulait que Zombie nous fasse le remake de Rambo ou même de Conan, c'est pas du tout son style et donc si un auteur s'accroche à ce qu'il a fait dans sa vie d'auteur, ou en est le mal si c'est bien fait? Ok revoir un patchwork de ses anciens films ne doit pas plaire à tous le monde et ça je ne peux être contre, mais de la à dire que c'est nul euh la je vois pas mais y'aurai un truc qui cloche, je préfère de loin un type qui continue de faire ce qu'il fait dans la catégorie ou il excelle que de voir un type nous pondre une oeuvre presque impersonnel conne l'a fait Burton avec La Planète des Singes!
LMD
CITATION(Varkos @ 20 1 2008 - 10:06) *
Je n'avais pas vu qui en était l'auteur et puis que se soit lui ou un autre hein, donc pas besoin de s'énerver non plus et quand je dis qu'il ne connait l'univers de Burton c'est que comment peut on reprocher à un type de faire un film dans son style, c'est comme si on voulait que Zombie nous fasse le remake de Rambo ou même de Conan, c'est pas du tout son style et donc si un auteur s'accroche à ce qu'il a fait dans sa vie d'auteur, ou en est le mal si c'est bien fait? Ok revoir un patchwork de ses anciens films ne doit pas plaire à tous le monde et ça je ne peux être contre, mais de la à dire que c'est nul euh la je vois pas mais y'aurai un truc qui cloche, je préfère de loin un type qui continue de faire ce qu'il fait dans la catégorie ou il excelle que de voir un type nous pondre une oeuvre presque impersonnel conne l'a fait Burton avec La Planète des Singes!


Bah c'est pas de l'énervement mais tenter de disqualifier l'auteur ou son texte par une pique infondée avant de dire pourquoi, c'est pas forcément très "sain".
Je pense que ce que Bordas reproche surtout à Burton, au délà du manque de sincérité dans son style depuis quelques films (il fait du Burton, il s'auto-singe) -ce que tu as remarqué-, c'est la "trahison" de son propos et le retournement à 180° de son message (Ses deux choses coincidant, pour Bordas).

Mais je sais qu'il y en a certains ici qui sont en complet désaccord avec ce point de vue. Je pense que ca à déjà du être débattu dans les sujets concernant les derniers films de Burton, mais je ne suis pas sur.
astroboy
Ben au contraire ce que veux dire Bordas (AMHA), c'est que le style de Burton à changé, pas d'un point de vue formel mais plutôt dans le fond du propos et que sa seule tentative de faire du Burton autrement en changeant la forme de son film mais pas forcement le fond s'est soldé par un echec avec la planète des singes.
en tout cas c'est le genre d'article qui me rend encore plus nostalgique de l'"ancien" mad

Edit : 2 fois grillé par LMD qui tappe et pense plus vite que son ombre unsure.gif
Motoko
CITATION(LMD @ 20 1 2008 - 10:13) *
CITATION(Varkos @ 20 1 2008 - 10:06) *
Je n'avais pas vu qui en était l'auteur et puis que se soit lui ou un autre hein, donc pas besoin de s'énerver non plus et quand je dis qu'il ne connait l'univers de Burton c'est que comment peut on reprocher à un type de faire un film dans son style, c'est comme si on voulait que Zombie nous fasse le remake de Rambo ou même de Conan, c'est pas du tout son style et donc si un auteur s'accroche à ce qu'il a fait dans sa vie d'auteur, ou en est le mal si c'est bien fait? Ok revoir un patchwork de ses anciens films ne doit pas plaire à tous le monde et ça je ne peux être contre, mais de la à dire que c'est nul euh la je vois pas mais y'aurai un truc qui cloche, je préfère de loin un type qui continue de faire ce qu'il fait dans la catégorie ou il excelle que de voir un type nous pondre une oeuvre presque impersonnel conne l'a fait Burton avec La Planète des Singes!


Bah c'est pas de l'énervement mais tenter de disqualifier l'auteur ou son texte par une pique infondée avant de dire pourquoi, c'est pas forcément très "sain".
Je pense que ce que Bordas reproche surtout à Burton, au délà du manque de sincérité dans son style depuis quelques films (il fait du Burton, il s'auto-singe) -ce que tu as remarqué-, c'est la "trahison" de son propos et le retournement à 180° de son message (Ses deux choses coincidant, pour Bordas).

Mais je sais qu'il y en a certains ici qui sont en complet désaccord avec ce point de vue. Je pense que ca à déjà du être débattu dans les sujets concernant les derniers films de Burton, mais je ne suis pas sur.


Je suis d'accord avec ce que tu dis, mais après moi j'ai découvert Burton quand j'étais gamine avec mon père donc on va dire que c'est un truc que j'aime beaucoup et je n'arriverai pas vraiment à trouver ce qui ne va pas dans le dernier film, mais bon je ferais plus attention à mes propos la prochaine fois!
LMD
CITATION
mais bon je ferais plus attention à mes propos la prochaine fois!


Pas de soucis wink.gif
De toute façon, le cassage de critiques c'est un peu un sport national sur Mad, je pense qu'on est nombreux (moi y compris) à être tombé dans ce genre de facilité.

(Et un film de Burton sans débat sur la question de savoir si c'est devenu un vendu sans âme depuis La Planete des Singes, ca semble aussi prévisible que le lever du soleil tous les matins).
Jesus Gris
Personellement je suis plutôt d'accord avec l'article de Bordas, je suis juste pas d'accord avec ce qu'il dit sur Sweeney Todd.
Pas de problème en soit hein, je pense pouvoir m'en remettre, mais j'aurais juste aimé avoir quelques arguments autres que des "lent, terne, etc", qui prêtent à tout sauf à la discution. Moi qui ne l'ai trouvé ni lent, ni terne, souvent parcouru de certains moment de grâce visuelle comme j'en avais pas vu chez Burton depuis Sleepy Hollow, moi qui l'ai même trouvé interressant ce film, tant il y a à dire dessus (faudra m'expliquer ou il y a du reniement... AMHA de mon point de vue tout à fait subjectif et discutable je vois plus un regard doux-amèr posé sur toute sa carrière qu'un quelquonque: "ouh mais les freaks c'est les maychants, vive la normalité!!! (Big Fish, Charlie)", beaucoup plus un changement subtil de position qu'un virage à 180°), bin j'aurais bien aimé pouvoir réfléchir (pour répondre ou faire évoluer mon propre jugement) de manière constructive à son avis, d'autant plus qu'il s'agit d'Arnaud Bordas, en qui j'ai assez de respect pour entendre ce qu'il a à dire. Son avis m'intrigue pour l'instant, il faudra qu'il se montre plus convaincant pour qu'il me fasse rééllement réflechir (ce que j'attend d'un journaliste, et encore plus d'un journaliste de sa carrure).
muf
Le truc c'est que la critique est parue dans Le Figaro, dont le lectorat n'a pas exactement la même culture que les madnautes quand il s'agit d'évoquer la filmo de Burton. 'N'en reste pas moins que je trouve le texte hyper léger dans la forme et l'argumentaire (qui peut se résumer à "avant c'était un paria mais maintenant il a du succès et il est marié et donc il refait ses films en inversant totalement le message"), et que je suis en désaccord total sur le fond (le fond étant la question du reniement et non la qualité de Sweeney Todd, que je n'ai pas encore vu mais dont il n'est quasiment pas question dans ce papier). Big Fish, Charlie et Les Noces Funèbres sont des films très moyens selon moi mais il y a beaucoup plus à en dire que cette antienne du reniement. D'ailleurs le père Bordas est bien placé pour le savoir, puisqu'à l'époque de Corpse Bride, son papier dans le magazine avait déjà fait réagir les madnautes pour les mêmes raisons, au point qu'il était venu s'en expliquer sur le topique (ce qui était tout à son honneur).

(Et sinon je rejoins Lurdo qui a bien résumé le problème: c'est pas de Sweeney Todd dont il faut parler, mais d'Edward aux mains d'argent, manifestement.)
LMD
Merci pour avoir retrouvé un lien muf.

Concernant le papier, dont je pense pas grand chose par ailleurs, sa longueur est conditionné par le journal ou elle est parue. Ce n'est pas le même lectorat, pas la même ligne éditoriale (Y a t'il même un cahier cinéma dans Le Figaro? Ou s'agit t'il juste de deux pages), donc c'est certain que quoi qu'il arrive Bordas n'aura pas l'occasion de détailler autant son avis que dans Mad. Mais grace au lien de muf, on peut de toute façon trouver une explication plus compléte car le débat est posé sur exactement les mêmes bases que Corpse Bride.

EDIT: A.Bordas à peut être franchi le pas d'évoquer la vie privée de Burton pour donner un background à cette possible évolution/non-évolution de son oeuvre, mais c'est grosso modo la seule différence.
Jesus Gris
Merci, là c'est plus clair... mais je suis toujours pas d'accord icon_mrgreen.gif
Il y a ici, à mes yeux (et contrairement à ses 3 précédents films), une véritable démarche dans la reprise de l'"imagerie" Burton (qui pour une fois n'est pas désincarnée, mais c'est un point sur lequel il y aura beaucoup de désacords), à commencer par le générique décrié par Bordas... Mais bon, là je dois y aller donc j'argumenterais plus tard icon_mrgreen.gif
Arnaud Bordas
Allez, c’est reparti sur Burton ! wink.gif

Bon, écoutez, même si j’avoue ne pas en être très satisfait, mon papier était plus une manière de faire une sorte de bilan sur la carrière de Tim Burton que de livrer une longue critique analytique de Sweeney Todd (effectivement, je devais prendre en compte que je m’adressais ici à un lectorat beaucoup plus général et non à des amateurs de cinéma fantastique ou à des burtonophiles émérites).

J’ai grandi avec les films de Burton, qui ont façonné mon imaginaire cinéphilique pendant des années, mais désolé si aujourd’hui il me semble que quelque chose s’est cassé dans cet univers-là. Il y a quand même un truc que je ne comprends pas chez les admirateurs inconditionnels actuels de Burton : j’admettrais volontiers qu’on m’explique pourquoi ses films récents sont excellents tout en prenant en compte tout ce qui a changé dans le cinéma de Burton ces dernières années, mais non, ceux qui crient au chef d’œuvre sur Big Fish, Charlie, Les Noces funèbres ou Sweeney Todd emploient exactement les mêmes arguments que pour Ed Wood ou Edward aux mains d’argent. Pour eux, rien ne semble avoir changé. Or, il suffit de se pencher sur les films en question pour reconnaître au moins que oui, il s’est passé quelque chose. Je ne vais pas revenir sur les reniements déjà pointés du doigt dans ces derniers films (j’en parle dans mon papier du Fig Mag, j’en parlais à l’époque des Noces funèbres sur ce site, et je vous renvoie également à l’excellent papier de l’indispensable Stéphane sur Big Fish, publié dans Mad à l’époque de la sortie du film). Par contre, puisque c’est le passage de mon papier sur Sweeney Todd qui fait apparemment scandale, je vais développer un peu.

Effectivement, j’ai tiqué dès le générique d’ouverture, cette animation en images de synthèse bâclées qui duplique sans vergogne le générique de Charlie (on remplace juste le chocolat par du sang) signant d’entrée l’aveu d’impuissance de Burton à renouveler son imagerie. Alors que la thématique qui irrigue cette imagerie a considérablement changé, comme on le voit dans le film. Burton ne raconte plus, comme il le faisait à l’époque de Batman Returns (la mort du pingouin) ou d’Edward aux mains d’argent, l’humanisation d’un monstre : au contraire, il s’agit désormais de la transformation d’un humain en monstre. La monstruosité n’est plus ici une condition que l’on peut transcender (voir les terribles lames d’Edward qui le stigmatisent dans tous les sens du terme mais qui lui permettent, dans un final magnifique, de faire tomber la neige pour sa bien-aimée) mais une fatalité, un point de non-retour, un châtiment même, comme le montre le final de Sweeney Todd. Alors, encore une fois, ce bouleversement profond serait artistiquement appréciable si le bonhomme montrait clairement dans sa mise en scène et dans son imagerie un changement correspondant à ce bouleversement.

Or, non, rien n’a changé, les emprunts dénaturés à la filmo de Burton balisant Sweeney Todd comme autant de tristes aveux. Pire, là où l’on ressentait viscéralement l’inspiration grisante de l’artiste dans la composition des tableaux visuels dont il avait le secret autrefois (remember le landau du petit Oswald Cobblepot flottant dans les égouts de Gotham), ici, pas un frisson qui passe, rien, nada. La faute à un traitement visuel du genre investi, la comédie musicale, totalement affligeant. Là où Burton avait souvent montré par le passé l’importance qu’il accordait à la musique dans l’organisation de sa dramaturgie, ici, la façon dont la musique pourrait nourrir l’image est constamment niée : ainsi le filmage des séquences chantées se résume systématiquement à une accumulations de gros plans paresseux (exit les décors de Dante Ferretti !) et se clôture à de nombreuses reprises de la même manière (le chanteur, filmé en plongée, hurle vers le ciel les bras en croix tandis que la caméra s’envole dans le ciel – une fois ça va, au bout de la troisième fois, ça devient gonflant). De même, il faut attendre une bonne heure (oui, une heure ! je le sais, j’ai regardé ma montre à ce moment-là) pour bénéficier de ce qui fait l’intérêt d’une comédie musicale, à savoir une chanson qui raconte quelque chose par l’image (même si elle le fait très mal, la chanson en question entrecroise, si mes souvenirs sont bons, deux ou trois actions parallèles). Avant, il faut se taper pendant une heure des chansons interminables ne contenant qu’une idée de scène et où le perso qui chante ressasse tout du long ladite idée (exemple : Mrs Lovett, qui chante pendant 4 minutes qu’elle s’emmerde ferme dans sa boutique à cuisiner des tartes à la viande). Voilà pourquoi, personnellement, j’ai trouvé Sweeney Todd, lent, terne et déprimant.

De plus, au final, j’ai trouvé le film inquiétant pour le mental de Burton, inquiétant dans ce que la situation familiale de Sweeney Todd renvoie de manière insistante à celle de Tim Burton. Je vais pas développer (je vous renvoie aux spoilers dévoilés par Jésus Gris) mais, outre le fait qu’après Les Noces funèbres Burton confie une fois de plus le rôle d’une usurpatrice à sa femme Helena Bonham-Carter, les nombreux parallèles avec la vie de Tim Burton (sa séparation d’avec sa muse Lisa Marie, son mariage avec Bonham-Carter et l’enfant qui en a résulté) résonnent comme autant de cris de désespoir. Un désespoir qui retentit à l’issue d’un film creux, désincarné et peuplé de fantômes burtoniens n’ayant plus rien à voir avec leur splendeur passée. Ah non vraiment, ça fait de la peine de voir un film pareil…
Gary
Bien que ce text soit, j'en suis sûr, très intéressant, sa présentation en un seul bloc compact le rend totalement indigeste et je n'ose commencer à le lire... Serait-il possible de faire apparaître, par la magie de l'édition, quelques paragraphes bien sentis ? smile.gif
Arnaud Bordas
CITATION(Gary @ 20 1 2008 - 20:25) *
Bien que ce text soit, j'en suis sûr, très intéressant, sa présentation en un seul bloc compact le rend totalement indigeste et je n'ose commencer à le lire... Serait-il possible de faire apparaître, par la magie de l'édition, quelques paragraphes bien sentis ? smile.gif


Et voilà !

(désolé, j'ai une légère tendance au monolithisme...)
darkcowboy
CITATION(Arnaud Bordas @ 20 1 2008 - 19:49) *
(...) les nombreux parallèles avec la vie de Tim Burton (...) résonnent comme autant de cris de désespoir. Un désespoir qui retentit à l’issue d’un film creux, désincarné et peuplé de fantômes burtoniens n’ayant plus rien à voir avec leur splendeur passée.

Faut savoir, c'est creux et desincarné, ou c'est rempli de plein de choses persos ?
icon_mrgreen.gif
Pas grave, on va pas s'etriper... Moi, j'ai adoré...
Lurdo
Je crois qu'il y a un point sur lequel personne ne semble tilter, et qui me semble pourtant essentiel quand on commence à analyser la filmo de Burton à l'aune de sa vie privée, c'est que tous ces films qui dérangent les fans (et par "dérangent", j'entends qui provoquent la polémique) sont des adaptations de récits préexistants. Big Fish, Sleepy Hollow, POTA, Charlie, Corpse Bride, Sweeney, autant d'adaptations, autant de films pour lesquels la critique a commencé à remettre en question le talent de Burton.

Et que par conséquent, analyser ces films et leurs thématiques pour affirmer que Burton s'est renié ou non, c'est à faire avec de grosses pincettes.

Parfois, ça reste valable, et on devine tout de suite ce qui a motivé Burton dans tel ou tel récit. (Big Fish, de l'aveu même de Burton, c'est l'histoire de sa relation avec son père.) Mais chercher autant de significations cachées et de résonnances dans un Sweeney Todd, à l'histoire déjà presque écrite dans le marbre avant l'adaptation, que dans un Edward Scissorhands, c'est amha faire preuve de raccourcis hasardeux... (HBC dans le rôle d'une usurpatrice, oooooh... c'est oublier que dans Charlie elle est dans le rôle d'une mère de famille adorable. Et que dans POTA elle est l'héroine.)

Et puis après, encore une fois, Nono, ya le problème de l'interprétation. Tu trouves que Burton est passé de l'humanisation d'un monstre à la transformation en monstre d'un humain, j'ai envie de dire que tout Charlie et la chocolaterie, c'est l'humanisation d'un freak qui se découvre une famille (oh, tiens, un joli parallèle avec la vie de Burton, encore), et que les gamins transformés en monstres ne prennent pas vraiment ça comme une punition (il n'y a qu'à voir le perso d'AnnaSophia Robb qui s'en va en faisant des cabrioles... on a connu plus traumatisée...). Donc la transformation en monstre d'un humain, à priori, à part dans Sweeney - qui encore une fois est un récit préexistant, une histoire de vengeance très inspirée du Comte de Monte Christo - je vois pas trop.

Enfin bref, de toute façon, c'est un débat sans fin, je crois.

(après pour la qualité intrinsèque de ST, je ne me prononce pas, pas vu, et puis comme à la base je ne suis pas fan de la comédie musicale, ça risque de ne pas m'enthousiasmer particulièrement)
Sanjuro
Merci Arnaud Bordas pour ce post, j'arrive enfin à mettre le doigt sur les aspects qui me font trouver le film terne, monotone et, par conséquent, longuet.

En y repensant quelques heures après la projection (je l'ai vu vendredi en avant première), j'avais du mal à cerner la façon dont Burton traite ses "monstres". Car si d'un côté il les icônise et en fait les seuls personnages un tant soit peu intéressants de son film, leur condition de "freak" est tout de même montrée comme une punition irreversible, un chatiment (comme le souligne Arnaud Bordas). Et il n'est jamais question de leur humanisation, mais au contraire d'une, plus ou moins, lente déshumanisation. D'ailleurs je ne ressentais plus rien pour eux lors du final tragique, Burton ayant réussi à les transformer progressivement en "méchants" parfaitement antipathiques (ce qui fait que le plan final, picturalement chiadé certes, m'en touche une sans bouger l'autre).
Mais ici, contrairement à un film comme Big fish ou Charlie et la chocolaterie (qui reste à mon avis le pire film de Burton) les personnages "bons" censés représenter la "normalité" sont constamment tournés en ridicule (voir la chanson du jeune matelot qui fonctionne comme un running gag). Ce qui me donne l'impression que, mis à part son esthétique "marque de fabrique", Burton rejette en bloc tout ce qu'il à pu faire jusqu'a présent tout en ne proposant rien de nouveau... Et je dois avouer que cet aspect profondémment cynique (envers ses personnages, envers ses spectateurs, envers son oeuvre) m'a au départ laissé perplexe (en sortant de la salle, je ne savais trop quoi en penser), pour finalement me paraître plutôt désagréable.
Reste quelques jolies vignettes, une interprétation de qualité (Sacha Baron Cohen, hélàs trop peu présent, est énorme !) et un aspect jusqu'au boutiste assez suprenant dans une production de cette envergure. Mais plus j'y pense, plus la perplexité ressentie une fois les lumières de la salle rallumées, laisse place à un sale goût dans la bouche.

2/6
(alors qu'en sortant de la projection c'était plus de l'ordre de 3,5/6, pour être exact^^)

Voila
darkcowboy
Je vais faire une apparté idiote, visant les notions que vous mettez en exergue plus que vos appreciations de l'oeuvre et si elles vous ont ou non touché :
"Sa façon de traiter les monstres".
On dirait que pour vous, il n'y a que deux camps, les bons et les méchants. A priori, vous partiez pour croire que selon l'idée que vous aviez de l'oeuvre de Burton, les "monstres" étaient les "bons", et les "normaux" les "méchants". Ce qui est faux et absurde. Et d'autres le demontreront (ou l'on déjà demontré) mieux que moi.
A force de rejet, pourquoi le monstre ne tuerait pas tout le monde ?
A la fin d'Edward aux mains d'argent, Edward ne tue pas l'autre connard ? Légitime défense ? Vraiment ?

Bon, bah, je sent que j'aurait mieux fait de me taire... Je disparais... Bye...
Jesus Gris
SPOILERS!!!!


D'abord merci pour la réponse Arnaud smile.gif
Je suis toujours d'accord avec toi sur une bonne partie de ton avis (Burton a changé et à force de non adaptation de son style, s'est souvent renié, etc.). Je suis toujours pas vraiment d'accord sur Sweeney Todd.


CITATION(Arnaud Bordas @ 20 1 2008 - 19:49) *
Par contre, puisque c’est le passage de mon papier sur Sweeney Todd qui fait apparemment scandale, je vais développer un peu. Effectivement, j’ai tiqué dès le générique d’ouverture, cette animation en images de synthèse bâclées qui duplique sans vergogne le générique de Charlie (on remplace juste le chocolat par du sang) signant d’entrée l’aveu d’impuissance de Burton à renouveler son imagerie.

Il y a, à mon sens, bien au delà d'un aveu d'impuissance, une démarche qui donne une idée de ce que va faire Burton dans le film: subvertir les codes, images et idées dévelloppés tout au long de sa carrière, afin d'en extirper des pendants nihilistes. Au delà de toute considération sur l'incarnation (j'y reviendrais plus tard), je trouve que Sweeney Todd est un film incroyablement violent dans sa manière de détruire rageusement (et AMHA consciemment) tout "Burton" (ce qu'il a été, ce qu'il est devenu). Rien que pour ça, il mérite de bien meilleurs égards que Big Fish, Charlie ou Les Noces Funèbres, car il ne s'agit plus de reniement à proprement parler. Dans le générique, on remplace du chocolat par du sang et de la viande humaine, dans l'intrigue on remplace Edward par un sérial-killer cynique, Sally par une traitresse, Charlie ("je suis pauvre, j'aime le chocolat et Johnny Depp il fait partie de ma famille maintenant") par un petit alcoolique ("j'aime le gin") pauvre et destiné à être le bourreau de Johnny Depp, etc. C'est un film profondément désespéré, et, comme tu le dis, inquiétant quand au mental de Burton (il ne serait pas étonnant que le cinéaste soit en pleine crise de dépression d'ailleurs, pour s'atteler à une telle "mise à mort"), voir extrêmement triste. J'éprouve le même genre de réactions face à Batman Returns, son autre monument de nihilisme, ou il détruisait pelle-melle son héro (desormais un frustré sociopathe) et une certaine idée des monstres (comment ne pas voir déjà, en Hoswald, vivant reclu du monde avec ses mains difformes, un pendant grotesque et profondément dépressif du merveilleux Edward?). Burton se sert encore une fois de son art comme pur exhutoire, à la différence que cette fois sa rage et accompagnée d'un désenchantement total. Sweeney Todd en même temps que d'accomplir son entreprise de destruction, pose un regard amer (et éprouvant pour celui qui a aimé Burton) sur tout l'univers du cinéaste. Comme tu le dis dans ta réponse, il y a quelquechose qui s'est cassé. Que Burton décide enfin de mettre en scène cette fêllure me parait tout à la fois la démarche la plus sincère qui l'ait animé depuis près de 15 ans et rend le film juste déchirant. Et c'est en partie grâce à cette réutillisation détournée de l'imagerie (la sincère et l' estampillée) Burton que je chialle devant le film. Deux femmes, deux mythologies. D'un côté, les naïfs romantiques sont ridicules, les amours sincères sont égorgés, les monstres cèdent à leur instinct les plus rageurs, etc. (et ici il ne s'agit que de la continuité logique de Batman Returns) De l'autre, l'illusion de la famille est exécutée, les nouvelles amantes sont brulées, les enfants sont des assassins, etc. Une scène comme le rêve de Miss Lovett est juste hilarante pour quelqu'un qui n'aime pas le Burton dernière période, il n'empêche qu'elle est également douloureuse tant elle fait figure de destruction de toute illusion de "normalité", ce qui est quand même significatif quand on est chez Burton. Une scène comme les retrouvailles entre Todd et ses rasoirs n'est pas anodine tant elle porte un regard tragique et amer sur le "monstre", à travers des références constantes à Edward Scissohands. L'imagerie est réutillisée, certes, mais pas de manière paresseuse AMHA. Sanjuro me disait à la sortie qu'il trouvait la démarche cynique, mais je ne peux, pour une fois icon_mrgreen.gif , pas adhérer à son opinion tant la sincérité prime dans cette démarche. Bien sûr, tout comme pour Batman Returns, tout celà, ce jeu de massacre, n'aurait aucune valeur si par ailleurs Burton ne montrait pas une réélle tendresse (mais c'est là que certains avis divergent, ce traitement paradoxalement plein de compassion AMHA n'a pas l'air d'être perçu par tous). Quand je vois Miss Lovett qui a vécu dans la merde toute sa vie, accepter tout pour que ses rêves se réalisent, je trouve que c'est juste beau. Burton la rend immediatement tragique en présentant son amour comme étant à sens unique, puis pousse le bouchon lorsqu'il représente un rêve totallement coupé de toute réalité, risible, mais qu'on est forcé de comprendre (donc compassion pour le personnage). Quand je vois Todd se contemplant dans un mirroir brisé, quand je le vois, sur la plage tel un Vincent, refermé sur lui-même et son fantasme de mort comme un grand gamin, je le trouve rééllement touchant, quand Burton nous le montre égorgé dans les bras de son amour perdu (un passage d'ailleurs ou le cinéaste réinvente son imagerie pour signer sans doute un des plus beaux plans de sa carrière), il y autant humanisation que chez Le pinguin (et si notion de chatiment il y a, elle était tout aussi présente chez Hoswald). Pour le jeune gamin idem, quand je le vois chanter à Miss Lovett qu'il va la protéger, j'éprouve immediatement de l'empathie pour lui, et il devient rééllement tragique. Etc. Alors oui après, Sweeney Todd est fataliste, c'est le propre de toute tragédie (et puis bon, j'y reviens mais Batman Returns avec son héro forcé à observer devant lui les évenement sans rien pouvoir y changer, c'est fataliste).

Pour ce qui est de l'émotion présente ou non, et donc de l'incarnation, je reconnais volontier que l'on est loin d'atteindre les sommets que représentent Edward, Batman Returns ou Ed Wood, mais je n'arrive pas à ne rien ressentir devant le film (là ou c'était vraiment le principal problème devant ses précedents). Question de subjectivité sans doute.
Par contre, si je n'aime pas particulièrement les chansons (ça va du "ça fait mal aux oreilles" au sympathique), je trouve leur traitement particuliérement brillant (et non il n'y a que 2 scènes - deux pics dramatiques, ou les enjeux sont redeterminés- qui se terminent par un plan d'ensemble avec Todd les bras en croix). Là ou justement la comédie musicale n'est pas un modèle de narration par la musique, Burton prend les devants et va, à chaque scène, mettre en place une progression dramatique, cerner tous les enjeux animant les personnages et les faire évoluer dans une logique purement narrative. Non, pas de simples gros plans paresseux (je trouve que c'est l'argument qui est paresseux ici, mais bon, c'est une broutille). L'ouverture, le destin de la femme de Todd, les retrouvailles de Todd et ses rasoirs, le défi de Pirelli, le premier rasage du juge, le rêve de Miss Lovett, les 15 dernières minutes. Tous sont des modèles de construction, appuyant les enjeux, les faisant évoluer à travers une mise en scène purement musicale. On peux tempérer et citer les scènes impliquant le jeune amoureux con-con et la fille de Todd, pour le coup pas franchement terribles. On pourra trouver la scène des égorgements ou celle de l'ouverture du restaurant répétitives (elle me font beaucoup rire et une pause dans la narration n'est pas une chose à bannir, ou alors on pourra citer beaucoup de comédies musicales considérées comme des classiques intouchables ici et là). Mais il ne faut pas non plus passer à côté de petits bijoux de mise en scène, certes pas aussi fulgurants et traumatiques que celle de l'"âge d'or" Burton, mais quand même.

Enfin brefle, j'ai sans doute pas été super clair ou structuré, scusez moi hein, mais voilà icon_mrgreen.gif

EDIT: Pour répondre à Sanju, je trouve qu'au delà de l'imagerie "Burton" qu'il a déjà utillisée (encore que, Dickens revisité par Burton c'est plutôt pas trop vu avant... et sur ses dernières 40 minutes le film propose une esthétique du sang et du feu assez inédite dans la carrière du monsieur), le cinéaste se permet quand même des trouvailles de mise en scène nouvelles chez lui. Enfin, AMHA tout ça.
Lurdo
Sans avoir vu le film, j'ai du mal avec cette idée de Burton dépressif, juste parce que le film est nihiliste, désenchanté, désespéré, tout ça...

Le côté désespéré a toujours été présent chez Burton. Que ce soit dans Edward ou Batman Returns, on ne peut pas vraiment parler de happy end... Quant au côté nihiliste, Mars Attacks est là pour rappeler que les jeux de massacre, Burton les aime beaucoup.

Maintenant, Burton a très bien pu s'amuser à démonter son imagerie au travers de Sweeney Todd, mais encore une fois, tout le côté désespéré et nihiliste du film était dans la pièce originale, ce n'est pas un ajout made in Burton. Donc y coller des interprétations sur sa vie privée, tout ça - et là, je rejoins mon précédent post - , c'est un pas énorme, que je ne me risquerais pas à franchir.




Tiens, et sinon, je reviens sur le papier de Nono Bordas... Arnaud, quand tu dis
CITATION
Sweeney Todd n'est qu'un simulacre nous renvoyant le reflet déformé et grotesque d'un cinéaste en état de mort artistique. Une dernière preuve ? Son prochain film sera un remake de Frankenweenie... produit par Disney ! Tout est dit.

C'est sensé sous-entendre quoi? Que Burton tourne en rond parce qu'il fait un remake ? (même si amha étendre un court en long tient d'un autre processus que le simple remake), Qu'il le fait chez Disney ? Les deux?
Jesus Gris
Oui enfin bon, le côté nihiliste et désenchanté il est aussi bien présent dans la mise en scène de Burton, l'univers esthétique et les renvois visuels destructeurs à son oeuvre passée. Quand à l'interprétation personnelle Burton nihiliste/déprimé, je précise "ça ne m'étonnerais pas" (donc incertitude) avant d'exposer ma toute petite théorie, et je me base sur certaines déclarations et sur la vision de son film, qui serait étonnant venant de la part d'un mec tout joyeux (et là encore, je ne parle pas du récit mais de la manière dont Burton le mène).
Sanjuro
CITATION(Jesus Gris @ 20 1 2008 - 21:53) *
EDIT: Pour répondre à Sanju, je trouve qu'au delà de l'imagerie "Burton" qu'il a déjà utillisée (encore que, Dickens revisité par Burton c'est plutôt pas trop vu avant... et sur ses dernières 40 minutes le film propose une esthétique du sang et du feu assez inédite dans la carrière du monsieur), le cinéaste se permet quand même des trouvailles de mise en scène nouvelles chez lui. Enfin, AMHA tout ça.


Je dois avouer que sur le coup, l'esthétique du feu et du sang (surtout du sang en fait... je pense en particulier à son rouge irréel évoquant fortement les films de Bava et Fisher) m'a pas mal fait penser à Sleepy hollow, mais étant donné que je ne l'ai pas revu depuis sa sortie en DVD, je me base sur des souvenirs assez évasifs (donc, peut être que je dis des conneries en fait icon_mrgreen.gif ).
En fait en parlant de l'imagerie Burton, je pensais à tout l'attirail "gogoth" (voir le look de ses 2 personnages principaux) qu'on retrouve dans certains autres de ses films.

En ce qui concerne les trouvailles de mise en scène, si c'est pour nous balancer des plans en full CGI (très moches) de caméra qui file à toute allure dans les rues de Londres, le père Burton aurait très bien pu s'en passer.

(Oui je suis un tantinet de mauvaise foi^^).

Voila
Jesus Gris
CITATION(Sanjuro @ 20 1 2008 - 22:44) *
Je dois avouer que sur le coup, l'esthétique du feu et du sang (surtout du sang en fait... je pense en particulier à son rouge irréel évoquant fortement les films de Bava et Fisher) m'a pas mal fait penser Sleepy hollow, mais étant donné que je ne l'ai pas revu depuis sa sortie en DVD, je me base sur des souvenirs assez évasifs (donc, peut être que je dis des conneries en fait icon_mrgreen.gif ).

Moi aussi ça fait longtemps, mais il ne me semble pas que le feu ait une si grande importance (ici il y a une très nette assimilation monde décri/enfer dans Sweeney), ni le sang d'ailleurs (y a pas, dans mon souvenir, un tel fétichisme du sang, je me rappelle surtout d'effets gorasses et de taches ici et là, mais pas de jet d'héglobine). Dans tout les cas, je ne me rappelle pas de passages ou, comme dans Sweeney Todd la tonalité esthétique est dictée par le sang rouge vif et les flammes.

CITATION

En fait en parlant de l'imagerie Burton, je pensais à tout l'attirail "gogoth" (voir le look de ses 2 personnages principaux) qu'on retrouve dans certains autres de ses films.
Oui enfin bon, ça on peux reprocher à Batman Returns de déployer le même attirail golgoth/expressioniste que Edward, Vincent et compagnie, ou à Mars Attack d'être carnavalesque comme Beetlejuice. Il peux y avoir des nouveautés dans un même style formel. EDIT: D'autant que comme j'ai dit il y a une dimension "à la Dickens" qui est aussi inédite que l'aspect "architectures monumentales" de Returns ou l'aspect "épouvante à l'ancienne" de Sleepy Hollow.

CITATION

En ce qui concerne les trouvailles de mise en scène, si c'est pour nous balancer des plans en full CGI (très moches) de caméra qui file à toute allure dans les rues de Londres, le père Burton aurait très bien pu s'en passer.

(Oui je suis un tantinet de mauvaise foi^^).

Voila


Ca c'est batard icon_mrgreen.gif , d'autant plus que TOI plus que d'autres tu sais que ce n'est pas ce dont je parle ici, vu que le premier truc que j'ai dit en sortant de la salle c'est : "putain, qu'est-cequ'ils sont moches les plans en CGI!!!" icon_mrgreen.gif Attend attend, j'aurais ma vengeance icon_twisted.gif
Sanjuro
CITATION(Jesus Gris @ 20 1 2008 - 22:58) *
Ca c'est batard icon_mrgreen.gif , d'autant plus que TOI plus que d'autres tu sais que ce n'est pas ce dont je parle ici, vu que le premier truc que j'ai dit en sortant de la salle c'est : "putain, qu'est-cequ'ils sont moches les plans en CGI!!!" icon_mrgreen.gif Attend attend, j'aurais ma vengeance icon_twisted.gif


Oui, je suis une raclure. icon_mrgreen.gif

Sinon, pour ce qui est de l'esthetique "gothique" typiquement Burtonienne, je ne reproche absolument pas au bonhomme de la décliner de film en film.
Je disais juste que dans le cas de Sweeney Todd, il s'agit de la seule chose inhérente à son cinéma à laquelle il semble se raccrocher (étant donné qu'a mon avis, dans son petit jeu de massacre, il se complait à renier toutes les autres spécificités de son cinéma... Quelle que soit la "période").

(j'suis crevé...Sur ce je vais me coucher)

Voila ninja.gif
Jesus Gris
Bin si, tu dit qu'il ne propose rien de neuf (tu m'a expliqué ça par la reprise de l'esthétique gothique), donc tu le lui reproches icon_mrgreen.gif
Oui tu m'a l'air fatigué. Ou alors c'est moi. Je sais pas... et merde, je me tais.

CITATION
Oui, je suis une raclure.


'tention hein, j'ai des otages icon_mrgreen.gif
Oui moi aussi je suis une raclure. icon_mrgreen.gif
Diane
Peut-être qu'on devrait prévenir Helena Bonham Carter que son mari est toujours amoureux de son ex et qu'il a envie de tuer toute sa famille icon_mrgreen.gif

(J'ai trop peur d'aller le voir à cause de la critique de Monsieur Bordas maintenant, je croyais presque l'annonce de la résurrection du bonhomme. Je suis trop triste maintenant, la déprime c'est contagieux rolleyes.gif)
Jesus Gris
icon_mrgreen.gif
Vas-y Diane, ça fait longtemps que j'ai pas eu le plaisir de débattre avec toi icon_mrgreen.gif
Arnaud Bordas
CITATION(Lurdo @ 20 1 2008 - 21:00)
Je crois qu'il y a un point sur lequel personne ne semble tilter, et qui me semble pourtant essentiel quand on commence à analyser la filmo de Burton à l'aune de sa vie privée, c'est que tous ces films qui dérangent les fans (et par "dérangent", j'entends qui provoquent la polémique) sont des adaptations de récits préexistants. Big Fish, Sleepy Hollow, POTA, Charlie, Corpse Bride, Sweeney, autant d'adaptations, autant de films pour lesquels la critique a commencé à remettre en question le talent de Burton.


Certes Lurdo, mais bon, on a à faire ici non aux récits originaux mais à des adaptations. A partir de là, je pense qu'un auteur (et Burton est un auteur, on est tous d'accord là-dessus) ne s'intéresse pas innocemment à une histoire.

CITATION(Lurdo @ 20 1 2008 - 21:00)
Et puis après, encore une fois, Nono, ya le problème de l'interprétation. Tu trouves que Burton est passé de l'humanisation d'un monstre à la transformation en monstre d'un humain, j'ai envie de dire que tout Charlie et la chocolaterie, c'est l'humanisation d'un freak qui se découvre une famille (oh, tiens, un joli parallèle avec la vie de Burton, encore), et que les gamins transformés en monstres ne prennent pas vraiment ça comme une punition (il n'y a qu'à voir le perso d'AnnaSophia Robb qui s'en va en faisant des cabrioles... on a connu plus traumatisée...).


Désolé mais Charlie et la chocolaterie, c'est un freak qui accepte de se renier et de renier son univers pour s'intégrer dans une famille de gens "normaux". Mais encore une fois, le problème n'est pas dans le fait de faire un film qui raconte cela, une telle histoire aurait même pu donner un très bon film. Non, le problème est dans le fait que ce soit Tim Burton qui réalise ce film-là et surtout qu'il le fasse en reprenant à la lettre toute l'imagerie qu'il a créé et en la dénaturant totalement. Pour ceux qui n'ont plus Charlie et Edward bien en tête, par pitié, revoyez-les à la suite et je vous jure que vous comprendrez ce que je dis. Il suffit de voir le plan d'ouverture d'Edward et le plan final de Charlie pour que la lumière se fasse : c'est le même plan mais fonctionnant à l'envers (inversion thématique et inversion du mouvement de caméra). Observez bien tous les détails de ces deux plans (comme la neige par exemple, créée mécaniquement par l'agitation de sucrières géantes au dessus de la ville dans Charlie, tandis que la neige d'Edward était créée artistiquement par un Edward sculpteur de glace et transi d'amour), je n'invente rien, tout est là.

Quant aux enfants de Charlie, il importe peu que la gamine parte en faisant des cabrioles. Par contre, ces gamins, tous unanimement antipathiques et montrés comme de sales morveux capricieux et lobotomisés (la palme revenant au sale petit con dopé aux jeux vidéo...), ils sont explicitement punis en étant transformés en monstres de foire. Je ne peux rien dire d'autre, c'est dans le film.


CITATION(Jesus Gris @ 20 1 2008 - 21:53)
Au delà de toute considération sur l'incarnation (j'y reviendrais plus tard), je trouve que Sweeney Todd est un film incroyablement violent dans sa manière de détruire rageusement (et AMHA consciemment) tout "Burton" (ce qu'il a été, ce qu'il est devenu).


Et tu ne trouves pas ça effrayant ? Que le mec choisisse de tout détruire ce qu'il a créé et ce que nous avons tant aimé (processus dans lequel il s'est engagé depuis Big Fish) mais en ne recréant rien derrière (puisqu'il se contente de détruire en singeant ce qu'il a fait), moi je trouve ça assez dingue. Je me dis qu'en plus d'être devenu artistiquement stérile, Burton a basculé dans une haine de soi manifeste. Cela n'a rien à voir avec un quelconque nihilisme, avec un quelconque point de vue sur la vie. Sweeney Todd est un dangereux criminel, de même que le Pingouin, mais là où Burton nous montrait le second comme un monstre pathétique, il nous montre effectivement le premier comme un serial killer cynique.

CITATION(Jesus Gris @ 20 1 2008 - 21:53)
Non, pas de simples gros plans paresseux (je trouve que c'est l'argument qui est paresseux ici, mais bon, c'est une broutille). L'ouverture, le destin de la femme de Todd, les retrouvailles de Todd et ses rasoirs, le défi de Pirelli, le premier rasage du juge, le rêve de Miss Lovett, les 15 dernières minutes. Tous sont des modèles de construction, appuyant les enjeux, les faisant évoluer à travers une mise en scène purement musicale.


On a effectivement pas vu le même film. Quand je parle de gros plans, c'est parce que les séquences chantées, ça n'est quasiment que ça. Mis à part la mansarde du barbier (encore une fois décalquée du repaire d'Edward), on ne retient d'ailleurs quasiment aucun décor de ce film, tant ils sont peu exploités. Et quant à parler de "mise en scène purement musicale", Tim Burton n'est certainement pas McTiernan ou Mann, il n'a jamais été un grand metteur en scène au sens formel du terme, il a été un créateur d'images, avec un univers visuel très fort, mais il n'a jamais fait montre d'un sens du découpage époustouflant. Lorsque cet univers et cette grâce sont niés, biffés, contredits et remplacés par le seul reflet inversé de ce qu'ils ont été, il ne reste effectivement plus rien à se mettre sous la dent pour le spectateur. Sinon un simulacre grotesque et dérangeant.

CITATION(Lurdo @ 20 1 2008 - 22:17)
C'est sensé sous-entendre quoi? Que Burton tourne en rond parce qu'il fait un remake ? (même si amha étendre un court en long tient d'un autre processus que le simple remake), Qu'il le fait chez Disney ? Les deux?


ça ne sous-entend rien, ça rappelle juste que Tim Burton va refaire pour Disney le film pour lequel il s'est fait virer de chez Disney. En d'autres termes, l'artiste qui s'est construit contre le système réintègre le système, système qui le réclame à cors et à cris après l'avoir viré à coups de pied dans le cul. Je pense que tout le drame actuel de Tim Burton se ramasse dans cet épisode particulièrement ironique...
Lurdo
CITATION(Arnaud Bordas @ 21 1 2008 - 01:29) *
Certes Lurdo, mais bon, on a à faire ici non aux récits originaux mais à des adaptations. A partir de là, je pense qu'un auteur (et Burton est un auteur, on est tous d'accord là-dessus) ne s'intéresse pas innocemment à une histoire.


Tutafé d'accord, mais il importe aussi de faire alors la différence entre ce qui est dans le récit originel, et ce qui est de l'ordre du rajout. Ainsi...

CITATION

Désolé mais Charlie et la chocolaterie, c'est un freak qui accepte de se renier et de renier son univers pour s'intégrer dans une famille de gens "normaux". Mais encore une fois, le problème n'est pas dans le fait de faire un film qui raconte cela, une telle histoire aurait même pu donner un très bon film. Non, le problème est dans le fait que ce soit Tim Burton qui réalise ce film-là et surtout qu'il le fasse en reprenant à la lettre toute l'imagerie qu'il a créé et en la dénaturant totalement.


Sauf qu'il n'intègre pas une famille de gens normaux, il intègre une famille de freaks. La famille de Charlie est tout sauf une famille normale, pour le coup. Et ce sont les autres gamins qui sont la norme de l'univers illustré dans ce film. Ce sont les autres gamins qui sont adulés par les médias, ce sont les autres gamins qui sont tous représentatifs de leurs milieux respectifs, où ils sont la norme. La famille de Charlie, c'est une famille qui vit dans une maison pourrie et tordue, c'est une famille dans laquelle ils vivent tous dans la même pièce, voire le même lit. C'est pas la norme, hein.

Donc Wonka se réconcilie avec son père (thématique burtonienne plus récente depuis Big Fish), et intègre une famille toute aussi atypique que lui. Un freak, dans une famille de freak.

C'est totalement cohérent avec la thématique familiale qui est depuis toujours dans les films de Burton.

CITATION

Quant aux enfants de Charlie, il importe peu que la gamine parte en faisant des cabrioles. Par contre, ces gamins, tous unanimement antipathiques et montrés comme de sales morveux capricieux et lobotomisés (la palme revenant au sale petit con dopé aux jeux vidéo...), ils sont explicitement punis en étant transformés en monstres de foire. Je ne peux rien dire d'autre, c'est dans le film.


Bah non seulement c'est directement tiré du bouquin, mais encore une fois, ces gamins antipathiques, et pourtant désespérément normaux en regard de la société moderne, ne finissent pas le film plus malheureux qu'ils l'étaient avant.

Là où ça aurait été génant, thématiquement, c'est si Burton les avait ramené à leur état normal, en leur infligeant un discours moralisateur genre "vous voyez ce que c'est d'être monstrueux, alors tenez vous à carreaux".

CITATION
ça ne sous-entend rien, ça rappelle juste que Tim Burton va refaire pour Disney le film pour lequel il s'est fait virer de chez Disney. En d'autres termes, l'artiste qui s'est construit contre le système réintègre le système, système qui le réclame à cors et à cris après l'avoir viré à coups de pied dans le cul. Je pense que tout le drame actuel de Tim Burton se ramasse dans cet épisode particulièrement ironique...


Il s'est construit contre le système !? Rappelle moi quel studio a produit et distribué Nightmare, Ed Wood, et James & The Giant Peach, déjà ?

C'est bien ce qui me semblait...
Arnaud Bordas
CITATION(Lurdo @ 21 1 2008 - 01:51)
Sauf qu'il n'intègre pas une famille de gens normaux, il intègre une famille de freaks. La famille de Charlie est tout sauf une famille normale, pour le coup. Et ce sont les autres gamins qui sont la norme de l'univers illustré dans ce film. Ce sont les autres gamins qui sont adulés par les médias, ce sont les autres gamins qui sont tous représentatifs de leurs milieux respectifs, où ils sont la norme. La famille de Charlie, c'est une famille qui vit dans une maison pourrie et tordue, c'est une famille dans laquelle ils vivent tous dans la même pièce, voire le même lit. C'est pas la norme, hein.


La famille de Charlie n'est pas une famille de freaks, c'est une famille de pauvres dans la grande tradition de Charles Dickens, peuplée de gens méritants, travailleurs, soudés et aimants. Le freak du film, c'est Willy Wonka, faudrait voir à pas confondre.

CITATION(Lurdo @ 21 1 2008 - 01:51)
Bah non seulement c'est directement tiré du bouquin, mais encore une fois, ces gamins antipathiques, et pourtant désespérément normaux en regard de la société moderne, ne finissent pas le film plus malheureux qu'ils l'étaient avant.

Là où ça aurait été génant, thématiquement, c'est si Burton les avait ramené à leur état normal, en leur infligeant un discours moralisateur genre "vous voyez ce que c'est d'être monstrueux, alors tenez vous à carreaux".


Lurdo, encore une fois, que ce soit tiré d'un bouquin, c'est une chose. Que le cinéaste qu'est Burton s'accapare ce bouquin, c'en est une autre, qui me semble révélatrice de ce qu'il veut désormais raconter. Tu analyses le film d'un point de vue moral là où je te parle de la cohérence interne de l'univers d'un auteur. Au risque de me répéter, je me contrefous de savoir si les gamins finissent le film heureux ou pas, tout ce que je constate c'est que Tim Burton, l'homme qui a toujours proclamé son amour inconditionnel des monstres, décide de montrer des personnages négatifs qui sont punis en étant transformés en monstres. Encore une fois, C'EST DANS LE FILM, je n'ai rien inventé.

CITATION(Lurdo @ 21 1 2008 - 01:51)
Il s'est construit contre le système !? Rappelle moi quel studio a produit et distribué Nightmare, Ed Wood, et James & The Giant Peach, déjà ?

C'est bien ce qui me semblait...


Si tu pouvais éviter de manipuler ce que je dis, ça m'arrangerait grandement. Je n'ai pas dit que Burton a effectué toute sa carrière contre le système, j'ai dit qu'il s'était CONSTRUIT contre le système, c'est-à-dire que c'est quelqu'un qui s'est formé, qui a mûri son art en prenant le contre-pied de la norme, par exemple en réalisant un truc comme Frankenwinnie au sein d'un studio comme Disney. Se construire contre le système, ça ne veut pas dire qu'on est en dehors du système, bien au contraire. Et de même, je n'ai jamais dit que cette étape était nouvelle et débutait avec le remake de Frankenweenie, je sais très bien qui a produit les films que tu énumères, merci, je disais simplement que le drame de Burton est bien de s'être construit contre le système et de se voir peu à peu récupéré par ce même système (et je suis bien conscient que cela ne date pas d'hier, comme je le disais dans mon papier du Fig Mag lorsque je parlais notamment du merchandising de Mr Jack). Maintenant, si tu penses que la marginalité d'un artiste comme Burton n'a jamais existé, je ne peux rien pour toi. Par contre, ce que je peux te conseiller, c'est d'éviter ce petit ton arrogant et méprisant, qui sous-entend que je ne connais rien au sujet dont je parle. Tu verras que la discussion ne s'en portera que mieux.
Lurdo
CITATION(Arnaud Bordas @ 21 1 2008 - 02:31) *
La famille de Charlie n'est pas une famille de freaks, c'est une famille de pauvres dans la grande tradition de Charles Dickens, peuplée de gens méritants, travailleurs, soudés et aimants. Le freak du film, c'est Willy Wonka, faudrait voir à pas confondre.


Une famille qui dans l'univers décrit dans Charlie apparaît comme marginale et pas normale. Le freak chez Burton n'est pas qu'un monstre, c'est avant tout un marginal, un outcast, il ne faut pas non plus l'oublier (et tu le rappelles à juste titre dans ton papier). Dans Mars Attacks, les héros ne sont pas des monstres. Dans Sleepy Hollow, Crane n'est pas un monstre. Etc, etc, etc... ce sont des marginaux, qui cherchent à s'intégrer d'une manière ou d'une autre, soit en se trouvant une famille, soit en trouvant l'amour, en tout cas en trouvant le bonheur.

Soit exactement ce qui arrive à Wonka. Et à Charlie. Les deux freaks du film.

Encore une fois, j'ai surtout l'impression que depuis quelques années, Burton a affiné son propos; il fait des films où le freak est plus nuancé, et n'est pas forcément le perso principal, perso principal qui sert de prétexte, ou plutôt de vecteur. Je pense à POTA (où le freak burtonien marginal est clairement Helena Bonham Carter), à Charlie, donc (avec Charlie légèrement en position d'outcast, mais surtout avec Wonka en freak burtonien), je pense à Big Fish (où le héros est transparent, puisque le freak, c'est en quelque sorte le père), voire même Corpse Bride, dans lequel Viktor est tout autant freak que la Bride.

Et c'est ça qui crée la confusion, pour beaucoup, et qui provoque ce "il a retourné sa veste, il fait des films avec des héros normaux" pas franchement mérité.

CITATION

Lurdo, encore une fois, que ce soit tiré d'un bouquin, c'est une chose. Que le cinéaste qu'est Burton s'accapare ce bouquin, c'en est une autre, qui me semble révélatrice de ce qu'il veut désormais raconter. Tu analyses le film d'un point de vue moral là où je te parle de la cohérence interne de l'univers d'un auteur. Au risque de me répéter, je me contrefous de savoir si les gamins finissent le film heureux ou pas, tout ce que je constate c'est que Tim Burton, l'homme qui a toujours proclamé son amour inconditionnel des monstres, décide de montrer des personnages négatifs qui sont punis en étant transformés en monstres. Encore une fois, C'EST DANS LE FILM, je n'ai rien inventé.
Ben on pourrais dire que tu attribues quand même à cette intrigue une importance qu'elle n'a pas forcément, tout en faisant l'impasse sur le reste, totalement fidèle aux thématiques burtoniennes classiques. Ce qui a intéressé Burton dans Charlie, tu crois que c'est plutôt quoi ? Le personnage de Wonka, son problème d'intégration, de père, et tout son cheminement, ou bien le sort des gamins, qui ne sont qu'accessoires à la véritable histoire racontée?

Il me semble que la réponse est évidente. Et alors les enfants (gentiment) punis ? Ben ouais. Ils sont punis. Mais généralement, les gens normaux s'en prennent aussi plein la gueule, dans les Burton. Dans Mars Attacks, Brosnan et Parker sont aussi transformés en monstres. Dans Edward, il y a des morts. La vengeance dans les Burton n'est pas non plus un thème nouveau (zou, on retombe sur Sweeney Todd) et là, il a choisi de suivre le roman, et de faire des gamins des freaks.

So what ? Les gamins ne semblent pas traumatisés, et Wonka est la preuve vivante que les freaks s'en sortent bien dans l'univers de Charlie et la Chocolaterie.
Alors quand à côté, on a Charlie et Wonka qui suivent le parcours classique du freak burtonien, et qui sont clairement montrés sous un jour positif/compatissant par Burton, j'ai du mal à voir en quoi la transformation des gamins pose problème, et serait indicatrice d'une inversion radicale des valeurs burtoniennes.

(m'enfin je me doute bien qu'on arrivera pas à se faire changer d'avis mutuellement, donc...)

CITATION
Par contre, ce que je peux te conseiller, c'est d'éviter ce petit ton arrogant et méprisant, qui sous-entend que je ne connais rien au sujet dont je parle. Tu verras que la discussion ne s'en portera que mieux.


Si je voulais être taquin, je te dirais que le ton en question, c'est un peu aussi celui qui ressort par moments de ta critique dans le Figaro (volontairement ou non), mais vu que je ne cherchais pas du tout à être arrogant et méprisant en te répondant dans le post du dessus, sorry, j'aurais du rajouter un smiley.

(et puis franchement, si je posais la question sur ce que tu sous-entendais, c'est parce que si j'étais un mec ne connaissant pas particulièrement Bruton ou son oeuvre, en lisant ton papier, l'impression que j'aurais retiré de la phrase de fin, c'est "Burton s'est fait virer de Disney il y a X années, et maintenant il revient chez eux, c'est donc un vendu". Alors que quand on sait que Disney et Burton ont produit plusieurs films entre deux, tout de suite, la phrase n'a pas le même sens)

(et la marginalité de Burton en tant qu'artiste, oui, elle existe, c'est même clairement grâce à ça qu'il a fait son beurre. Maintenant, moi, le fait que Disney lui file désormais de la thune pour refaire son Frankenweenie en mieux, et lui déroule le tapis rouge, je vois ça comme une belle revanche, plutôt que comme une récupération par le système... two sides of the same coin...)
David Dunn
Ca me surprend (notez que je suis dans la subjectivité là) toujours que certains ne voient pas de changement radical et brutal dans l’œuvre de Burton, tant avant même d’avoir commencé à essayer de découvrir le pourquoi de la chose, ses films que j’aimais tant me repasser en boucle en vidéo sont soudain devenu pour moi ennuyeux.
Aprés Ed Wood, il y a vraiment quelque chose qui ne faisait plus "click". Un changement soudain dans la personnalité qui transparaissait dans les œuvres de l’auteur. D’un coup, ses films ne me parlaient plus (et ce n’est pas moi qui ait changé, tant ses anciens métrages fonctionnement toujours autant).

Après, certains ont essayé de me convaincre à l’aide de telle ou telle scène que Burton n’avait pas changé, qu'il défendait toujours les freaks (etc, etc), mais non, rien à faire, c’est le sens global des films qui était radicalement diffèrent pour moi. Et je rejoints ici parfaitement l’avis et la frustration d’ancien fan d’Arnaud Bordas.
Et puis il y a cette espèce d’énergie viscérale noire (oui, ça ne veut rien dire, mais j’ai du mal à exprimer cette idée) qui a disparu, comme si après Ed Wood, Burton ne faisait plus ses films avec ses tripes (ce qui faisait ça force, vu qu'il n'a jamais été un génie de la mise en scène), mais avec sa tête. Manque d'inspiration ? Probablement.

Du coup, Burton s’est mis à pondre ce qu’on attendait de lui (toujours AMHA hein), c’est à dire du gothique et autres gimmicks visuels, alors qu’il possédait avant cela un style bien à lui (certes d’influence gothique, mais pas uniquement), et qui était au service de films à l’aspect bien plus poétiques dans leur "défense" du freak (ou en tout cas dans l’affirmation de leur beauté propre) que ne le sont les justifications intellectuelles cherchant à prouver que derrière les apparences, Burton n’aurait pas changé.
En gros, oui, pour moi, Burton a changé brutalement et fondamentalement, et c'est palpable avant même de sortir les outils analytiques. Après, on aime ou pas.

Sinon, tout ça ne me rassure pas pour Sweeny Todd (ben vi, j'espère toujours un miracle). sad.gif
Lurdo
Bah, en même temps, après le tryptique émotionnel (& personnel, pour le dernier) Scissorhands/Batman2/Ed Wood, ya eu coup sur coup Mars Attacks, Sleepy Hollow, et Planet of the Apes, donc ouais, ya clairement eu une rupture, durant laquelle les films de Burton ne cherchaient pas à toucher, mais juste à divertir. (et j'englobe effectivement dedans Sleepy Hollow, que je trouve beau, mais froid).

Maintenant, je ne trouve pas qu'il y ait eu changement sur le fond... quant au côté émotionnel, Big Fish m'arrache une larmichette à chaque fois, et dans Corpse Bride, la mélodie de la Bride me déprime profondément (ouais, je sais, c'est la faute à Elfman, pas Burton).

Donc en ce qui me concerne, s'il y a eu passage à vide, il s'est bien repris (en basculant paradoxalement sur des adaptations, et en étant moins flagrant sur ses persos de freaks... il a évolué, quoi.)...
David Dunn
J’aimerais pouvoir en dire autant.
Malheureusement, Big Fish me donne des boutons (même si j’admet que le film en lui-même a des qualités) et Corps Bride a failli nous endormir moi et ma copine (pourtant une grande fan de L’Etrange Noël de Monsieur Jack). sad.gif
Quand à Charlie... je ne veux plus jamais le revoir, j'ai trop grincé des dents pendant tout le film.
Bref, je préfère encore les 3 précédents.
Loki
Je reste marqué par "Big Fish" et par son héros "premier de la classe".
Je ne sais plus où j'avais lu qu'autrefois, Tim Burton se serait davantage intéressé à "l'abruti lourdaud qui reste au second plan, sur le banc de touche" qu'au jeune premier aux dents blanches.

De Burton, je me souviendrai des "Batman", de "Bettlejuice", de "Mars Attacks" mais surtout de "Edward aux Mains d'Argent", qui reste selon moi son meilleur film, parce que c'est le plus stylisé, le plus direct, le plus saugrenu, dans le fond, et peut-être le plus cruel.

Après, le reste... bon sang, ça ressemble plus à de la reproduction de Burton par un faiseur quelconque. À croire qu'il s'est trouvé remplacé par un clone sans talent.

Je sais que je ne fais pas avancer le débat, mais c'est assez stupéfiant, comme évolution, on a plus de difficultés à s'en convaincre qu'autre chose. C'est pas possible, ça ne peut PAS être le même Burton.

Déjà, tu passes de "Edward" à "Big Fish", le choc, l'un est carrément l'antithèse de l'autre !
Jesus Gris
CITATION(Arnaud Bordas @ 21 1 2008 - 01:29) *
CITATION(Jesus Gris @ 20 1 2008 - 21:53)
Au delà de toute considération sur l'incarnation (j'y reviendrais plus tard), je trouve que Sweeney Todd est un film incroyablement violent dans sa manière de détruire rageusement (et AMHA consciemment) tout "Burton" (ce qu'il a été, ce qu'il est devenu).


Et tu ne trouves pas ça effrayant ? Que le mec choisisse de tout détruire ce qu'il a créé et ce que nous avons tant aimé (processus dans lequel il s'est engagé depuis Big Fish) mais en ne recréant rien derrière (puisqu'il se contente de détruire en singeant ce qu'il a fait), moi je trouve ça assez dingue. Je me dis qu'en plus d'être devenu artistiquement stérile, Burton a basculé dans une haine de soi manifeste. Cela n'a rien à voir avec un quelconque nihilisme, avec un quelconque point de vue sur la vie. Sweeney Todd est un dangereux criminel, de même que le Pingouin, mais là où Burton nous montrait le second comme un monstre pathétique, il nous montre effectivement le premier comme un serial killer cynique.



D'abbord je trouve la démarche fondamentalement différente que celle de Big Fish et compagnie. Là ou dans ces films, Burton AMHA se sert de son imagerie de manière cynique dans la volonté d'être "accepté", conforme, commercialisé... dans Sweeney il ne s'agit pas de cynisme mais de pur nihilisme (si, totallement) et la volonté, au contraire, de porter un regard destructeur et anticommercial sur son univers sincère et ce qu'il est devenu. Je dis ça parceque je l'ai ressentit, après je me trompe totallement peut-être, mais on ne me fera pas croire que c'est pour être conforme à ce que les gens attendent de lui, pour se normaliser ou pour être rentable commercialement qu'il a fait ce film. Il y a mis ses tripes. Je ne trouve pas plus choquant la demarche que dans Batman Returns. Oui il y a la volonté de détruire un univers, mais puisque tu le dis toi-même, il y avait déjà quelquechose de cassé. A quoi bon alors continuer, sur un projet qui lui tient à coeur depuis Edward aux mains d'argent en plus, à le nier. Pourquoi mettre en scène cette fêllure à travers un film rageur mais sincère serait-il quelquechose de mauvais? Reprendre une imagerie pour la détourner, en sois ce n'est pas quelquechose à bannir, de très grands cinéastes l'ont fait. Comme tu le dis si celà ne sers qu'à renier le sens de son univers, c'est gerbant. Hors ici, destruction ne veux pas dire reniement, Burton les perverti ces images, c'est sûr (tout comme Batman Returns), mais ne se renie pas pour autant. Quand tu me cites tu ne prend que le paragraphe sur la destruction, le nihilisme et tout ça. Mais j'avais établis un lien avec le côté émotionnel de la chose. "Cette démarche n'aurait aucun interêt si par ailleurs Burton ne faisait pas preuve d'une grande tendresse pour ces personnages". Il n'y a pas haine de soi, il y a sans doute un regard amer et désabusé sur soi (et c'est là que je me dis que Burton est sans doute en pleine dépression). On ne peux pas reprocher à Spielberg d'être plus désabusé en faisant AI qu'en faisant ET. Pourquoi on fairait de même avec Burton. Pour moi, je le redis, il y a autant de tendresse envers les personnages dans Sweeney Todd que dans Batman Returns. Et le personnage principal est autant un monstre pathétique à partir du moment ou il se met à tuer que ne l'est le Pinguouin. Et tout aussi cynique que le bad guy de Returns. Et de toutes façons, là il faut bien faire la différence entre la pièce (Sweeney Todd y est un tueur cynique, on ne pouvait pas y couper) et la mise en image de Burton: il donne au personnage une ampleur pathétique à travers ses simples images.

CITATION

CITATION(Jesus Gris @ 20 1 2008 - 21:53)
Non, pas de simples gros plans paresseux (je trouve que c'est l'argument qui est paresseux ici, mais bon, c'est une broutille). L'ouverture, le destin de la femme de Todd, les retrouvailles de Todd et ses rasoirs, le défi de Pirelli, le premier rasage du juge, le rêve de Miss Lovett, les 15 dernières minutes. Tous sont des modèles de construction, appuyant les enjeux, les faisant évoluer à travers une mise en scène purement musicale.


On a effectivement pas vu le même film. Quand je parle de gros plans, c'est parce que les séquences chantées, ça n'est quasiment que ça. Mis à part la mansarde du barbier (encore une fois décalquée du repaire d'Edward), on ne retient d'ailleurs quasiment aucun décor de ce film, tant ils sont peu exploités. Et quant à parler de "mise en scène purement musicale", Tim Burton n'est certainement pas McTiernan ou Mann, il n'a jamais été un grand metteur en scène au sens formel du terme, il a été un créateur d'images, avec un univers visuel très fort, mais il n'a jamais fait montre d'un sens du découpage époustouflant. Lorsque cet univers et cette grâce sont niés, biffés, contredits et remplacés par le seul reflet inversé de ce qu'ils ont été, il ne reste effectivement plus rien à se mettre sous la dent pour le spectateur. Sinon un simulacre grotesque et dérangeant.


Bin excuse moi mais je me rappelle d'un découpage ou les gros plans avaient leur raison d'être (sans être omniprésents). J'y ferait attention quand je le reverrais, mais je reste plutôt sûr de ce que j'avance (il me reste énormement d'images dans le crâne). Des décors je retiens le magasin de Miss Lovett, tout droit sorti de chez Dickens, filmé sous presque tous les angles, quelques rues, la place, le tribunal, le fourneau. A peu près tous les lieux ou se déroule l'action. Bien sûr que l'antre de Sweeney Todd est décalquée sur celle d'Edward, Burton veux faire, de manière évidente il me semble, un parralèle entre les deux personnages.
Concernant la mise en scène de Burton, je suis tout à fait d'accord, loin de moi l'idée de la comparer à celle d'un McTiernan. Quand je parlais de sommets de mise en scène dans ses anciens films, il s'agissait plutôt de moment d'inspirations ou l'imagerie, la musique et l'enchainement, pas forcément virtuose, des plans entre eux, provoquait une émotion extrêmement forte. Celà dit, je le pense, ici, la mise en scène retrouve par moments cette alchimie (par moment) et, sans être des modèles de mise en scène, les passages musicaux se construisent en fonction d'une vraie dramaturgie, avec des idées et une réelle mise en valeur des enjeux. C'est pas d'une complexité phénoménale, c'est pas renversant au point de crier au génie et de vouloir partir dans des analyses ultra-poussées. Donc non, pas de petits bijoux de mise en scène, j'y suis allé un peu fort, mais quelquechose qui va bien plus loin que ce à quoi nous a habitué Burton ces derniers temps, et qui reste très honorable et bien foutu. Et la mise en scène se permet même, à quelques occasions, d'être franchement sublime. Après, je trouve que le film regorde justement d'images extrêmement fortes, dans lesquelles j'ai retrouvé le Burton que j'avais laissé à Sleepy Hollow.
En ce qui concerne la grâce, là j'avoue, j'ai été déçu. Mais je me contente des quelques instants ou elle ressors dans toute sa splendeur. Mais il reste la rage et nettement plus d'inspiration que précedemment. Il manque aussi et surtout une BO qui aurait sû mettre en valeur les images de Burton AMHA.

EDIT: Quand je parle des passages musicaux, j'en exclu automatiquement cerains hein: "Not while I'm around" et ses champs/contre-champs paresseux, "A little Priest" franchement inégal ou les scènes faisant intervenir le jeune matelot et sa copine, qui se construisent effectivement sur de simples gros plans.

CITATION(David Dunn @ 21 1 2008 - 04:02) *
Et puis il y a cette espèce d’énergie viscérale noire (oui, ça ne veut rien dire, mais j’ai du mal à exprimer cette idée) qui a disparu, comme si après Ed Wood, Burton ne faisait plus ses films avec ses tripes (ce qui faisait ça force, vu qu'il n'a jamais été un génie de la mise en scène), mais avec sa tête. Manque d'inspiration ? Probablement.


Oui mais justement, cette énergie viscérale noire, elle y est dans Sweeney Todd.
AbsInthe
CITATION(Varkos @ 20 1 2008 - 10:06) *
comment peut on reprocher à un type de faire un film dans son style


T'as pas du bien lire l'article....le problème c'est pas que Burton fasse du Burton, mais c'est au contraire qu'il n'en fasse plus : l'esthétisme de ses films se reconnait, mais se qu'il raconte va à l'encontre de ce qu'il disait dans ses premiers films et en plus en général c'est creux (corpse bride).

Après je ne suis pas d'accord sur Big Fish....pour moi le film est l'apologie d'un freaks, sauf que celui ci est de ceux qu'on peut rencontrer dans notre monde à savoir un mythomane !
et si je ne m'abuse à la fin son fils ne renie pas son père il va dans son sens. C'est pour moi le dernier film où Burton dresse un portrait où les freaks ont le pouvoir, dans le sens où le père n'est jamais condamner pour ses affabulations, alors certe comparé à ces films précédents, c'est un freaks différent, mais ça en est encore un alors qu'après......

J'ai été déçue par Corps Bride et Charlie. Pour le premier je pensais qu'il y avait de quoi faire un film intéressant avec le perso de la mariée.....et je crois que ce qui m'a le plus agacée c'est que Burton arrive à
faire une histoire creuse avec un tel perso.
Quand à Charlie, ce n'est pas tant le fait que les méchants enfants sont punis qui me choquent, ( ça c'était déjà dans le bouquin après tout), mais c'est plus le happy end (ajout de Burton) et le perso de wonka, trop gentil à mon gout.

J'irais tout de même voir Sweeney, histoire de me faire mon opinion.

toto joke
Le consensus grand public autour de Tim Burton et de ses gimmicks visuels usés jusqu'à la corde - yeux cerclés de noir et visages blafards, univers tarabiscotés, pose gothique - me fatigue. Ca fait bien dans les soirées lambdas de dire qu'on aime Tim Burton, ca veut dire automatiquement qu'on a du goût, qu'on est cinéphile, puisqu'on aime un auteur considéré comme indépendant, même si on sait qu'il fait des films pour les majors. C'est LE cinéaste qui ratisse large, à la fois "underground" et grand public. Même de nombreux artistes tous domaines confondus se réclament de lui.
Perso à part Ed Wood, Mars Attacks et Sleepy Hollow (ca fait pas mal finalement), son cinéma m'emmerde pas mal, je le trouve trop artificiel, trop fabriqué pour me toucher. On dirait trop un adulte qui essaie de se rappeler ses cauchemars de gamin pour en faire quelque chose.
Ceci est une version "bas débit" de notre forum. Pour voir la version complète avec plus d'informations, la mise en page et les images, veuillez cliquer ici.
Invision Power Board © 2001-2009 Invision Power Services, Inc.