N'étant pas spécialiste de l'histoire du pays, je ferai juste un court résumé :
La Corée du Sud produit des films depuis les années 20 mais n'a jamais été réputé pour son cinéma, même si des oeuvres comme Aimless Bullett (1961) ou Dolmuji (1967) n'ont pas à rougir de la comparaison avec le cinéma japonais (pays dont la Corée se rapprochait le plus cinématographiquement parlant). Le pays du matin calme est donc toujours resté très discret à ce niveau malgré une industrie très vivante. Industrie qui a littéralement connu une renaissance vers 1997/98 avec l'arrivée d'une nouvelle génération de producteurs. Le septième art, déjà très présent dans la vie des coréens, est alors devenu le loisir numéro un, d'où les records de box-office annihilés chaque année.
S'il est vrai que 80% de la production est composée de films ultra-commerciaux, un bon nombre d'auteurs sortent du lot et parviennent à donner une véritable identité au cinéma de ce pays. Des réalisateurs comme Im Kwon-Taek, Kim Ki-Duk, Hong Sang-Soo, Park Chan-Wook, Kwak Kyung-Taek ont permis à la Corée du Sud de se faire connaitre hors de ses frontières. Le pays est à présent devenu quelque peu à la mode. Et vas-y que je te gagne plein de prix dans les festivals, et vas-y que la France se met à l'heure coréenne en sortant des films datant de plus de 2/3 ans. Et souvent, pas les mieux.
Pour ceux qui veulent lire quelque chose d'un tout petit peu plus complet :
http://www.iletaitunefoislecinema.com/arti...n%E9ma-cor%E9en
Deux sites incontournables :
http://www.krmdb.com/ (une base de donnée du cinoche coréen depuis 2000)
http://www.koreanfilm.org/ (le site d'un américain installé en Corée du Sud, avec critiques, box-office, réflexions et la boutique en ligne de DVD de sa femme)
J'ai eu une période où je buvais du coréen par packs de 12 mais j'ai presque complètement lâché sauf en de rares exceptions, pour les film qui me paraissent présenter un minimum d'intérêt (alors qu'auparavant je regardais tout et surtout n'importe quoi). Je devrais essayer le cinéma d'avant 90 ça me fera du bien.
J'introduis donc le topic avec quelques avis sur une partie de ce que j'ai pu voir (en fait j'avais commencé à écrire sur les plus nuls pour monter progressivement mais j'ai jamais été jusqu'au bout, du coup il manque le fin du fin, le caviar du cinéma coréen, mais je me rattraperai). Le tout en utilisant cette formidable invention qu'est l'ordre chronologique.

The Quiet Family, 1998, Kim Jee-Woon
Premier film du réalisateur du formidable Foul King et du chiantissime 2 Soeurs, The Quiet Family s'essaie à la comédie ultra-noire et caustique avec plus ou moins de réussite. On suit les péripéties d'une famille propriétaire d'une auberge où d'un seul coup, les clients viennent se suicider un par un. Ne tenant pas à avoir de problèmes, celle-ci s'évertue désespérément à cacher les corps des victimes. S'ensuient alors une multitudes de saynètes cocasses et souvent bancales. Ca commence par un plan-séquence assez cool sur fond de "Tres Delinquentes" des mexicains de Delinquant Habits pour, hélas, virer ensuite dans la mollassonerie pas très passionante On retrouve dans le rôle des deux fils Song Kang-Ho et Choi Min-Sik qui feront vraiment parler d'eux l'année suivante avec Shiri.

Shiri, 1999, Kang Je-Gyu
Mon avis ne reflète sûrement pas les nombreuses qualités de Shiri. L'ayant visionné dans des conditions quelque peu insalubres (VF, camarade de chambrée avec qui je faisais tout, mais pas n'importe quoi hein, sauf regarder la télé) et étant le premier film coréen que j'ai vu de toute ma vie, la subjectivité dont je fais preuve à son égard n'est peut-être pas mérité. Mais ne l'ayant pas revu depuis, il reste tel qu'il est dans mon esprit, c'est-à-dire long, chiant, bourré de clichés, et manquant énormément d'action pour un film classé dans cette catégorie. Je m'acharne pas trop dessus et attendre de le regarder à nouveau, dans des conditions optimales cette fois ci. Surtout que j'ai adoré Taekugki du même réalisateur.

2009 : Lost Memorie, 2001, Lee Si-Myeong
Je tiens tout d'abord à signaler que le titre du film ne correspond pas à l'année de sa production. Auquel cas mon calendrier est à foutre à la poubelle. Le film se déroule dans un univers réaliste mais uchronique. En effet, suite à une tentative d'assassinat d'un officier japonais déjouée en 1909 (la réalité est tout autre puisque l'homme a été bel et bien tué cette année là), le cours de l'histoire est changé puisque le Japon devient un allié des Etat-Unis durant la seconde guerre mondiale et que le pays s'approprie la Corée. Jamais 2009 n'utilise cet argument scénaristique pour proposer une réflexion sur les interactions entre le Japon et la Corée du Sud. On est dans un film d'anticipation à tendance action basique et je ne m'en plains pas, loin s'en faut. Malgré tout, la tendance à verser dans l'utra-nationaliste primaire (presque raciste) gâche légèrement la vision du film. Mais ça, c'est habituel chez les coréens, impossible de parler de l'histoire de leur pays sans sombrer dans la vulgarité la plus crasse (sauf en de rares exceptions, comme dans Memories of Murder par exemple). Autre point noir : les ralentis omniprésent doublant quasiment la durée du film (non, je n'exagère jamais). Bonjour, je coupe une motte de beurre en slow-motion pour épater mes enfants qui n'en demandaient pas tant. Par contre, quand 2009 vire SF, ça surprend et ça fait bien plaisir.

My Boss, My Hero, 2001, Yun Je-Gyun
On a là une comédie coréenne lambda avec son pitch de départ simple et con (un jeune leader de gang est obligé de retourner au lycée pour avoir son diplôme, ses supérieurs le jugeant trop stupide) prétexte à une enfilade de gag en rapport avec le sujet. C'est symptômatique d'une grande partie de la production commerciale nationale : on a pas une histoire bien écrite parsemée d'anecdotes pour la rendre plus attrayante, mais des anecdotes servant à coller entre elles les différentes scènes du film un peu à l'arrache. My Boss, My Hero s'en sort plutôt bien dans le genre même si la dernière demi-heure tombe dans le bordel le plus total (mais est-ce que les scénaristes savaient comment finir le film ?) avec une succession de bastons sans queue ni tête. De toute façon on s'en fout, le film respire la bonne humeur et permet de passer un bon moment.

My Wife is a Gangster, 2001, Cho Jin-Gyu
A nouveau une référence mais au niveau comédie cette fois. Alors soit je tente de détester ce que tout le monde aime pour me démarquer (c'est un peu vrai mais chut), soit ils ont tous des goûts de chiotte et que St-Marc (patron des carrelages luisants) les protège. Non mais franchement, qu'est-ce qu'on peut trouver de bien dans ce film lourdaud et chiant ? Et en plus, Gaumont ose nous sortir cette merde en DVD dans sa collection Asian Premium. PREMIUM ! Ainsi que le second épisode qui est encore plus merdique et inutile. Mais réveillez-vous ! Il y a quand même mieux à distribuer non ?
Rhooo.

The Last Witness, 2001, Bae Chang-Ho
Polar à tendance historico-réaliste, The Last Witness ne marque pas vraiment l'esprit. Il convient parfaitement à la catégorie des insignifiants, 1 heure après l'avoir vu, il n'en restait rien dans mon esprit sauf une grande trace d'ennui. La question est : 2 lignes sont-elles suffisantes pour donnes son avis sur un film ? Oui, surtout quand on ne sait absolument pas quoi dire et que l'on ne se rappelle de rien à propos du film sus-cité. Une fois de plus, ma flemme légendaire a frappé.

2424, 2002, Lee Yeon-wu
Bon j'aurais bien fait le coup du "il ne faut pas confondre le titre avec l'année de production" mais je l'ai déjà fait avec 2009 : Lost Memories et comme je suis pas du genre à me répéter (ou si peu), je m'abstiendrai. 2424 (à ne pas confondre avec l'année de production ahahahahahahah) est, comme l'affiche le montre à la perfection, un drame intimiste assez touchant sur deux hommes vivant dans un carton. Chose drôle, le premier s'habille tout le temps en costard-crav...oui ok je me suis trompé mais ça peut arriver à tout le monde. 2424 (à ne pas confondre avec l'année de production ptdr) est une comédie déjantée, car sans pneus, où une jeune équipe de déménageurs peu expérimentés puisque jeunes va avoir fort à faire avec des gangsters et des flics en civils ayant eu la bonne idée de se grimer en....déménageurs ! Fou ça ! On se marre beaucoup, ça tombe bien, c'est une comédie. Basé sur les quiproquos, 2424 (à ne pas confondre avec l'année de production lolmdr) va à 100 à l'heure. En plus en carton c'est super balèze. Même avec des roulettes.

Bet on my Disco, 2002, KIM Dong-won
Les coréens sont toujours très bons quand ils font des films sur les 80's de leur pays natal. Conduct Zero ou le second sketch de No Comment en sont des preuves flagrantes. Bet on my Disco n'échappe pas à la règle et permet à toute une gallerie extravagante de personnage de s'épanouir au beau milieu de cette époque. Pour les gens intuitifs (et qui savent surtout lire un titre et regarder une affiche), oui il va y avoir de la danse et oui, de la danse disco. Formidable ! On en demandait pas temps. Pong-pal est ses deux amis doivent remporter le disco contest annuel du cabaret de leur ville pour permettre à sa soeur de quitter son job, job qu'elle occupe pour rembourser les dettes de son père envers le patron de ce dit cabaret. Problème : ils ne savent absolument pas danser. Bon ça a l'air un peu concon comme ça (ça l'est parfois en fait) mais le film ne cède pas à la facilité et croque des personnages très intéressants aux relations plus que touchantes. Le père de Pong-pal en est le parfais exemple. Oui ok, je vais parler de la chose que vous attendez tous : the annual disco contest ! Hé bien c'est un grand moment, hilarant et euphorisant (de même que les séances d'apprentissage avec le prof efféminé. Oooooooh le cliché....pouet).

Champion, 2002, Kwak Kyung-taek
Décidément, 2002 est une année faste pour la Corée du Sud (contrairement à 2004). Champion est le 4ème film de Kwak, il succède à Friends, un des plus grands succès de tout les temps au pays du matin calme. Même si je respecte énormément ce dernier, je lui préfère Champion, plus "chaleureux", plus généreux. Le film retrace l'histoire vraie de Kim Deuk-goo, boxeur coréen issu d'un milieu défavorisé qui mourut sur le ring en 1982 en combattant le champion mondial en titre. Oh mince, j'ai raconté la fin, tant pis, c'est ça de manquer de culture générale. Il y a un truc que je n'ai jamais compris : je déteste la boxe, je trouve ça inintéressant au possible, mais les 3/4 des films que j'ai vu traitant du sujet m'ont passionné au plus haut point (Gentleman Jim, Fat City, Raging Bull, When we were Kings, Bullet Ballet, Ali). Les noms des réalisateurs n'y sont certainement pas pour rien, a chaque fois on a à faire à des gens à l'univers bien marqué et au talent indéniable. Kwak fait désormais partie de ceux-là, ce qui est un énorme honneur de ma part, t'as intérêt à le mériter mec.

Conduct Zero aka No Manners, 2002, Cho Geun-shik
2002 again. 80's style again. Conduct Zero est sûrement le film le plus nostalgique de toute cette vague. Le début peut laisser pantois : gigantesque baston à grand coup d'effets numériques (réussis pour une fois) mais c'est juste un délire que s'est octroyé le réalisateur pour surprendre les spectateurs. Le bur étant surtout d'amener la mythologie du héros dont le personnage principal (intérprété par Ryu Seung-Beom) est "victime" alors qu'il n'est qu'un loser pas très intelligent qu'on ne verra jamais se battre. Jouant les durs pour se faire respecter, il va tomber amoureux d'une fille plutôt sage et gentille : comment c'est trop la honte pour lui ! Son comportement va donc changer au fur et à mesure du film pour conquérir le cœur de la demoiselle. Un bonheur de film, entrainant, cool et fun. Et si c'est fun, c'est bien.

Dig or Die, 2002, Ko Eun-Gi
Le sommet de ma liste, quelque chose que même un esprit dément n'aurait pu imaginer dans la pire de ses expériences. De toute façon c'est bien simple, qui dit affiche coréenne horrible, dit film qui aurait dû rester à l'état d'idée (et quelle idée : 2 familles de cambrioleurs se disputent la distinction d'être la meilleure. Ohlala, ça va être rigolo tout plein). Ca partait pourtant bien pendant les 10 premières minutes : mise en scène stylé, acteurs cools et puis après c'est la catastrophe. Décor quasi-unique durant le reste du film sans que ce soit un huis-clos, juste un budget lamentable. C'est aussi à ça que l'on reconnait les gens doués, ils sont capables de se débrouiller avec le peu qu'on leur donne. Ah oui, le film est censé être une comédie. Sachant qu'il aligne les gags (si on peut appeller ça comme ça) pathétiques, le jeu des acteurs à base de grimaces (ahah, hilarant) et qu'on est dans la farce bien grasse mais mal fichue, on est donc bien loin du film comique annoncé. Si Jean-Marie Poiré était coréen, ça donnerait Dig or Die. Un non-film dans toute sa splendeur car non-écrit, non-réalisé, non-joué et non-pensé. Une purge.

H : Murmurs, 2002, Lee Jong-Hyuk
Totalement ancré dans la mouvance post-Seven, H verse souvent dans le glauque et le sordide. Et moi, j'adhère immédiatement. Malheureusement, ce n'est pas ça qui fait un film et Lee Jong-Hyul se perd assez souvent dans les méandres d'un scénario (un peu) tordu mais sauvé par le fait que la psychologie des personnages, et surtout de l'acteur principal jouant un inspecteur rongé par le doute, relègue la plupart du temps l'intrigue policière au second plan. Reste un tantinet de suspense crée par le fait qu'on soit devant quelque chose ressemblant à un whodunit. Et donc forcément, comme c'est la mode depuis un certain temps, il faut LE twist final qui surprend tout le monde même s'il est totalement incohérent et contredit la totalité du film. Apparait alors la bonne idée du film, le véritable sens du H avec le mot dont il est la première lettre qui s'inscrit sur l'écran lors du dernier plan. Le tueur était-il Horticulteur ? Va-t-il souvent chez l'Homéopathe pour se faire guérir de ses Hémorroïdes avec des crèmes à base d'Hormones de Hérissons Hermaphrodites au(x) sexe(s) Hypertrophiés et à l'habitation fonctionnant sur le principe de l'Hydroélectricité ? Je ne dirai rien en dehors du fait que la noirceur jusqu'au-boutiste qui s'en dégage est sublime.