CITATION(Bret Gimson @ 16 4 2007 - 15:32)
Ha bah justement je me demandais si c'étaient des films sérieux ou pas... si c'est bien débiloïde, ça m'intéresse tout de suite plus. 'Vais peut-être me chopper ça.
Attention il me semble que les 3 films sont très différents les uns des autres, le Fukasaku est (parait-il, je ne l'ai pas encore vu) un Chambarra/ jidai geki tout ce qu'il y'a de plus sérieux. Quand à
Shogun shadow c'est certes excessif et parfois un peu bis sur les bords, ça n'en est pas pour autant une grosse pantalonnade.
Reste que la critique de Ygrael de
Shogun ninja donne bien envie (je suis persuadé que ça va me plaire !^^)
Vu
Les 11 guerriers du devoir de Eiichi Kudo (je commence le coffret par celui-là pour ne pas faire comme tout le monde !^^):
Réalisé en plein âge d'or du chambarra "traditionnel",
Les 11 guerriers du devoir s'inscrit dans la lignée des oeuvres anti-féodalistes ayant marqué le cinéma japonais des 60's. Bien que réussi le film de Kudo (pas de mauvais jeux de mots svp) se révèle tout de même moins marquant que des chefs d'oeuvre tels que
Rebellion,
Hara-kiri,
Samourai ou, dans un registre plus picaresque,
3 samouraï hors la loi.
En fait, le principal défaut du métrage est un grief assez récurrent dans les films mettant en scène un groupe conséquent de héros, à l'instar des
14 amazones de Cheng Kang (pour prendre un exemple parmi tant d'autres),
Les 11 guerriers du devoir ne propose, parmi les combattants éponymes, que 2 ou 3 figures véritablement identifiables. Cette carence en ce qui concerne la caractérisation des personnages provient, en partie, d'un script dénué de la profondeur et de la richesse des classiques inoxydables cités plus haut. Mais malgré tout, le déroulement de l'histoire s'avère plutôt bien mené...Il faut dire que la durée du film (guère plus d'une heure et demie) lui confère un rythme soutenu et lui permet d'aller droit à l'essentiel (quitte à sacrifier certains protagonistes donc). Ainsi, le réalisateur des
13 tueurs nous ménage un récit parsemé de rebondissement tragiques s'enchaînant à vive allure et mise une grande partie de la réussite de son métrage sur la puissance visuelle des scènes de violence (parfois assez crue: œil crevé, mutilations, etc...). Ces dernières évoquent d'une certaine façon les monuments nihilistes réalisés par Kihachi Okamoto (
Sword of doom et
Samourai pour les 2 du fond). A ce titre, il est impossible de passer sous silence le long (pas loin de 20 minutes) final en forme de carnage rageur et violent dans lequel les personnages se tordent de douleur dans le sang et la boue. Ce climax filmé de main de maître parviendrait presque à nous faire oublier les quelques réserves émises à l'encontre du film et conclue ce dernier en beauté.
A l'instar de très nombreux chambarras en noir et blanc des 60's,
Les 11 guerriers du devoir possède un visuel splendide où la maîtrise du format scope et la beauté de la photographie nous explosent les mirettes tous les 2 plans. Kudo se révèle des plus doués lorsqu'il s'agit de magnifier la nature et les éléments...Il parvient à leur donner une véritable présence physique, voire viscérale. On retiendra en particulier cette scène d'embuscade sylvestre dans laquelle la forêt semble devenir un personnage à part entière (on peut en dire de même concernant la brume lors du final). En extrapolant un peu, on pourrait comparer le travail de Kudo à celui de Raoul Walsh sur
Aventures en Birmanie...Ce qui n'est pas le plus mince des compliments.
En résumé
Les 11 guerriers du devoir est un chambarra qui, bien qu'inférieur aux grands classiques de l'époque, est porté par une véritable rage lors de ses divers affrontements, une forte dimension tragique (malgré un léger manque d'identification aux personnages), sans oublier un excellent score signé feu Akira Ifukube (qui, bizarrement, se rapproche surtout de son travail dans le domaine de kaiju-eiga) et, cerise sur le gâteau, une grande beauté picturale qui justifie presque à elle seule l'acquisition de ce très sympathique film de sabre.
4,5/6 (un beau, tout musclé et doré)
Voila