SI VOUS NE VOULEZ PAS DE SPOILER, NE LISEZ PAS CE TEXTE. MERCI !Encore un p...ain de bon film de la part de Marty même si je dois avouer que je suis un poil déçu.
Disons que la première heure est fabuleuse, Scorsese s'affranchit (sans mauvais jeu de mot) totalement de son modèle et nous livre une longue scéne d' intro soufflante, au timing parfait et posant avec virtuosité le background des personnages ainsi que l'ambiance si particulière de Boston. Bien plus qu'un simple remake,
The departed (le titre français est trop h.i.é...On dirait un mauvais boulard

) est un pur Scorsese movie habité par le souffle romanesque d'un
Goodfellas, doublé d'un putain de polar rock n'roll boosté à la "badass" attitude et bénéficiant d'interprètes parfaits (Nicholson en parrain crâmé du bulbe, Walhberg en flic patibulaire qui jure comme un charretier, Di Cap' et ses accès de violence à la Pesci/Cagney...Bref, que du bonheur !). Sans oublier des dialogues génialement vulgos qui claquent dans nos esgourdes comme une décharge de chevrotine à bout portant (mais ce n'est pas pour ça qu'il faut aller voir le film avec des boules quiès...). Pas de doute possible, le dernier Scorsese est une fresque policière hargneuse, gouailleuse, fun à s'en taper le cul par terre et possédant une identité propre (et quelle identité mes amis !)... Hélas au bout d'une heure (à peu près hein ? Je n'ai pas une montre greffée au cervelet !) le film commence à ressembler de plus en plus à un simple remake d'
Infernal affairs. Cela ne sous entend aucunement l'absence de fulgurances Scorsesiennes dans la seconde partie du métrage (bien au contraire...Voir plus loin dans le texte), mais seulement que
The departed qui, jusqu'à présent, brodait intelligement autour du pitch de son modèle (il s'agit, à mon avis, de la meilleure approche lorsqu'on entreprend le remake d'un film récent), se met à lui coller aux basques, et ce jusque dans le moindre détail (on y retrouve même la scène avec les hommes de main qui jouent à reconnaître les flics en civil dans la rue). Là où la première heure du film atteignait un rare degré d'excitation (pas de doute possible, je pensais être devant le film de l'année), le suite sent trop le "déja-vu" pour atteindre le même niveau...C'est (très) loin d'être désagréable, c'est même carrément excellent (interprétation au top, mise en scène virtuose, montage au cordeau etc...), mais c'est surtout sans suprises. A un tel point qu'on en vient vite à jouer au petit jeu des comparaisons avec l'original, d'ailleurs jouons y !
Pour commencer je soulignerais que, mis à part le boss de la police (Martin Sheen est très bon mais il ne bénéficie pas d'un personnage aussi intéréssant et attachant que celui d'Anthony Wong), les personnages sont globalement mieux écrits que dans
IA: Les protagonnistes campés par Di Caprio et Nicholson s'avèrent bien plus charismatiques et "vivants" que les originaux (pourtant interprétés avec talent...Mais il faut bien avouer que le chef de triade joué par Eric Tsang ne devient véritablement passionant que dans
IA II), de même la relation avec la psy semble bien plus aboutie (et donc moins artificielle que dans le métrage de Lau et Mak) et le personnage de Walhberg fait office de grosse valeur ajoutée (il est cependant dommage qu'il disparaisse quasiment du film au moment où ce dernier se met à singer l'original)...Le seul point sur lequel le
The departed se révèle moins riche que le film d'Andrew Lau et Alan Mak est celui qui concerne les rapports attraction/répulsion qu'entretiennent la police et la pègre (et par conséquent leur chefs respectifs), mais il faut bien avouer que le boss psychotique campé par Nicholson s'y prête beaucoup moins que le chef de triade interprété par Eric Tsang.
Pour ce qui est des scènes clés, il y'a du mieux et du moins bien dans chaque film. Le deal avec les chinois (Thaïs dans
IA) se révèle nettement moins tendu que dans le film de Mak et Lau (mais plus fun grâce à la frime affichée de chaque personnage et aux répliques cinglantes de Nicholson). En ce qui concerne la mort du chef de la police ainsi que celle de Tony Leung/Leonardo Di Caprio, l'approche sèche et brutale du padre Scorsese me semble tout aussi intéréssante que la démarche plus lyrique et émotionelle d'Andrew Lau...Quitte à réaliser exactement les mêmes scènes autant employer un ton différent. Par contre, là où Marty écrase l'original c'est incontestablement durant la séquence d'arrestation (exécution) du parrain, carrément plus violente et burnée. La brève fusillade, filmée de main de maître (voir l'utilisation géniale de l'arrêt sur image) est anthologique et rivalise sans peine avec celle du
Miami vice de Michael Mann (encore un film réussi mais légèrement en décà de ce qu'on pouvait attendre d'un tel génie).
...Je pourrais jouer à ce petit jeu pendant des heures mais je préfère m'arrêter là...En fait, j'ai pas grand chose à lui reprocher à
The departed. Le seul truc qui me chiffone un peu est la démarche de Scorsese, disons que je m'attendais à un film ne devant rien à l'original hormis le fait qu'il soit basé sur le même pitch... Bref, a un truc radicalement différent (apparament c'était dans la note d'intention de Scorsese) et non pas à un simple remake (superieur ou égal à l'original, ce qu'il est malgré tout) reprenant
Infernal affairs scène par scène (du moins dans sa seconde partie). Il y'a certes de la valeur ajoutée (y'a pas à dire, le traitement plus "hard-boiled" et décomplexé ne penche pas en faveur de l'original) mais dans l'ensemble, ce qui m'a gêné c'est ce côté trop prévisible, trop balisé...Je ne m'attendais vraiment pas à ça. En contrepoids, je mentionnerais la dernière séquence (celle avec le rat) qui tranche violemment avec le film de Lau et Mak et fait carrément plaisir à voir.
Passée la suprise d'un film ne répondant pas totalement à mes attentes (disons que la première heure m'a induit en erreur en me confortant dans ce que j'en attendais), je pense que
The departed mérite une seconde vision pour que je puisse le juger pour ce qu'il est vraiment...D'ailleurs, j'ai déjà envie de le revoir (ce qui est bon signe).
5/6Voila