CITATION(kitano @ 25 2 2007 - 14:52)
CITATION(Flying Totoro @ 25 2 2007 - 14:37)
CITATION(darkseid @ 25 2 2007 - 12:30)
De toutes manière, le problème du cinéma fançais a toujours été de privilégier le fond à la forme et celui du cinéma américain de privilégier la forme au fond, de manière générale, n'importe quel véritable cinéphile sait que les grandes oeuvres sont celles qui associe forme et fond dans une même problématique.
Jusqu'aux années 50 le cinéma français est on ne peut plus formel (...)
Et enfin, même si le terme "fond" est suffisament vague pour que ce soit discutable à l'infini...
Pour faire plus simple l'erreur est dans le "De toutes manière, le problème du cinéma fançais a
toujours été " alors que c'est plus une tendance actuelle et encore...
Si je peux permettre de faire ièch... Le Cinéma français de ces trente dernières années est bien obsédé par la forme, mais une forme particulière basée sur une vision exclusive du monde; à savoir la "réalité" est moche, elle n'a pas de couleur, pas de mouvement, pas de profondeur, et le rôle du Cinéma serait d'imiter au mieux cette "réalité".
On applaudit des quatre mains quand une Maïwenn réalise
Mon nombril, mon clito et moi en DV, parce qu'elle a su "capturer" la réalité moche pourrie du monde, ou comme le disait si bien Nicco "
lol la DV sé bi1, sé la vie".
On s'émoustille quand les Dardennes Brothers suivent une caissière de supermarché avec la caméra planquée dans un sac de sport, avec problème de mise au point et réfraction du néon sur l'objectif, "
mais passke c'est ça la "réalité" mec ! Le monde c'est comme un reportage de Capital sur M6".
Claude Sautet a fait jouir des générations de critiques parce qu'il usait et abusait de la longue focale, te suivait en un seul plan, sur un zoom interminable, le mec qui sort de sa voiture, traverse le boulevard, va dans le café en face commander une pression au comptoir, donnant ainsi cette impression de voler des moments à la réalité. Mais c'est "
parce que, cher ami, la vie des gens, elle ne devient véritable et palpable que lorsque tu la chopes au téléobjectif, comme en couverture de Voici".
Catherine Breillat pourrait tourner un de ses boulards dans la salle des galeries de Versailles, elle se démerderait pour qu'on ait l'impression que la pièce fait 2 mètres sur 3. Mais ça c'est parce que ça fait réel. Car dans la vraie vie qu'elle est vraie, on voit pas les perspectives.
Tout ce qui viserait à introduire là-dedans de la couleur (travail de design, du chef-op), du mouvement (découpage, caméra élégante), de la profondeur (cadrage élaboré) serait immédiatement associé à de "l'artifice", à un "cinéma de l'effet".
"Artificiel" ! LE terme qui tue et par lequel on assassine quotidiennement des pans gigantesques de la cinématographie mondiale dans nos gazettes. La couleur, le mouvement et la perspective sont des artifices, c'est pas la réalité. L'Humanité est en fait un troupeau de daltoniens autistes et borgnes...
Si on veut comprendre ce qui se passe, philosophiquement, il faut bien se mettre dans le crâne que les 3/4 des gens du Cinéma français et 99% de la critique française sont des cathos fondamentalistes, tendance féodale. Qu'importe qu'ils soient intimement convaincus d'être athées et de gôôôche; au fond leur vision du monde est celle d'une "réalité" faite d'austérité, d'ennui, d'immobilisme, de pénitence, de contrition.
Est considéré comme
pêché mortel tout ce qui respire la joie ("
la comédie sé caca, sé pa de l'art"), tout ce qui a été produit avec beaucoup d'argent ("
Heureux ceux qui ont une âme de pauvre car le Royaume des cieux est à eux"), tout ce qui est fait de mouvement (action), ce qui est carnassier (horreur), bref tout ce qui est vivant et qui court dans les champs le dimanche matin, au lieu de se flinguer les genoux sur le sol dur et glacé de la vieille église, est à proscrire.
Lars Von Trier, opportuniste un peu plus intelligent que le troupeau, savait exactement ce qu'il faisait lorsqu'il baptisait son mouvement "Le Dogme" en préconisant une démarche "ascétique" faite "d'abstinence technologique" (ce sont ses termes). Le succès immédiat de son arnaque crypto-catho, en Europe et en particulier en France, en dit long sur les soubassements philosophiques du problème.
In nomine Teleramé et Liberati et Cesarus sancti
Amen