Dans L'EXCELLENT
PHANTOM N° 5 Christophe Gans s'exprime sur l'aventure Starfix et le cinéma qu'il aime.
En ressort deux extraits assez passionants qui tombent pas vraiment dans le sujet du thread mais bon, je ne le savais pas où le mettre et mon kul est déjà bordé de nouilles donc... c'est histoire de disserter :
"
Phantom of the Paradise ?
_ C'est le film qui m'a donné la passion du cinéma. Je ne saurai pas où je serai aujourd'hui si je n'avais pas vu ce film. J'ai mis des années à comprendre pourquoi j'avais percuté sur cette oeuvre. Au départ, la chose qui pouvait sembler évidente, c'était une fusion très spectaculaire, surtout pour un jeune, entre le fantastique et le rock'n roll. Ensuite j'ai compris que c'était avant tout un mélodrame. Le mélodrame est le coeur du cinéma. Je mesure l'état de santé des cinématographies dans le monde à leur capacité à faire des mélodrames. Le mélodrame c'est la chapelle de la croyance du public de base.
C'est pour cela que j'aime le cinéma de Hong Kong (note du Postman : le n° date de 1996, date de sortie de
Crying Freeman, allez hue Silver !). Quand tu vois là-bas un film en salle, le public pleure et rit au bon moment. il ne ricane pas des films comme aujourd'hui. Le mélodrame c'est l'esprit, l'âme du cinéma. C'est pour cette raison que j'ai aimé
Phantom of the Paradise, comme plus tard j'ai aimé
The Killer.
(...)
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A la poursuite d'Octobre Rouge ?
C'est pour moi le plus grand film américain des années 80. (nd re-moi : bon il doit dire en fait années 90 vu qu'il est sorti en 1990 mais je sais pas trop. Si ça se trouve il laisse entendre que 1990 fait partie de la décennie des 80s ce en quoi, il n'a pas tort.). Tant que le cinéma US peut encore produire des films de ce niveau, il restera toujours, quelque part, le plus grand cinéma du monde.
Octobre Rouge c'est directement ce que John Ford arrivait à faire aux westerns. C'est un film sur la rectitude morale représentée par l'uniforme et non pas un film militariste. Pas la morale judéo-chrétienne, mais la morale humaine, humaniste. (...) C'est aussi l'une des plus grandes démonstration de force de ce cinéma. Tout est invisible. Il est impossible de voir au premier abord toute la complexité du film (nd'encore moi : oui) (...) Ce film fait de Mc Tiernan le plus grand technicien du monde. Il ya d'autres cinéastes que j'aime autant que lui pour d'autres raisons : Tim Burton, John Woo... mais lui c'est le plus grand. Son cinéma est à la croisée de John Ford et Stanley Kubrick. C'est un film visionnaire, étonnant, d'une grande amplitude. L'autre film de Mc Tiernan que j'aime totalement c'est
Predator (...)
J'ai toujours gardé une rancune face aux gens qui massacrent
Predator ou les films de Carpenter. Ce dernier est quand même relativement sorti d'affaire aujourd'hui. Les gens se sont aperçus qu'il y avait une oeuvre. Que tout était très cohérent. Il y en a très peu qui peuvent se targuer aujourd'hui aux Etats-Unis d'avoir une oeuvre. Il y a Clint Eastwood, Woody Allen...
Par oeuvre j'entend avoir plus de 15 films qui se tiennent debout. Après, il ya des cinéastes qui ont des fins de carrière pitoyables. Coppola par exemple. L'homme qui a réalisé les plus beaux films des années 70 en est réduit à des grimaces cinématographiques consternantes.
Brian DePalma n'est pas en grande forme non plus. Il a été détruit par son cynisme. C'est d'ailleurs une chose que j'ai apprise avec MCTierna. Il me disait que toute oeuvre basée sur le cynisme était destinée à se détruire d'elle-même. C'était lors d'un entretien effectué avec lui à propos de
Piège de Cristal. J'aimais beaucoup
RoboCop (film que j'admire d'ailleurs toujours), et lui m'avait demandé "pourquoi vous aimez ça ?". J'avais été choqué par la question mais je le comprend maintenant.
Ce n'est pas un hasard si la carrière de Verhoeven a suivi celle de De Palma.
Leurs deux carrières se sont bâties sur le cynisme et c'est ce qui est en train de les tuer. Voir
L'esprit de Caïn ou
Basic Instinct c'est quand même effrayant en comparaison avec leurs premières oeuvres respectives.
(nde toujours moi : alors là les enfants, accrochez votre ceinture parce que ça dégomme à tout va)
L'Impasse m'a abasourdi : c'est son pire film. C'est effrayant de bout en bout. Voir la pétasse de Martin Bregman, Penelope Ann Miller, filmée avec des filtres de merde, comme un film des années 70 avec Brabra Streisand réalisé par Arthur Hiller, tu te demandes "comment le cinéaste qui m'a fait aimer le cinéma en est arrivé à cette daube infâme ? C'est monstrueux . C'est le degré zéro absolu du cinéma. ce qui lui a permis de surnager sur son propre océan d'excréments, c'est son côté très italien. Regarde
Body Double. C'est un film génial mais dans lequel DePalma se chie dessus. Il prend le film qu'il aime le plus au monde,
Sueurs Froides, et il en fait une version horrible, compulsive, juste pour se mettre à l'épreuve. C'est profondément malsain dans son processus. Il faut être fou pour faire cela. (...)
Tant qu'il se complaisait dans le cynisme mais restait dans la frange, c'était parfait car il faisait des films en réaction contre le reste de la production américaine.
L'Impasse est un film dans la merde. C'est insupportable.
J'en ai autant pour le
Dracula de Coppola. Quand je vois ce genre de films je me demande encore si j'aime le cinéma. Et puis heureusement quelques jours après, je vois un bon film et je me dis que ce n'est pas moi qui débloque ! Je pense donc que Mc Tiernan a totalement raison lorsqu'il parle de cynisme.
Maintenant c'est une vision tellement haute, tellement aristocratique, qu'on est pas obligé d'analyser tout le cinéma au travers de cette vision."
(entretien réalisé par Philippe Fontaine et Nicolas Rioult)
Donc voilà plusieurs questions s'entrechoquent suite à cette lecture dans mon pauvre cerveau dézingué par la vision l'autre jour du Roi Arthur où Clive Owen semble 1) se cailler et 2) à la recherche de son texte pendant tout le film.
1) Le mélodrame et l'utilisation (ou le refus) du cynisme sont ils deux critères valables pour juger d'une cinématographie ?
2) à quel moment peut-on juger qu'un réalisateur a accouché d'une oeuvre ? et du coup :
a) n'a-t-on pas tendance un peu trop vite à taxer de génie des mecs qui n'ont pas fait leurs preuves ?
dans le même ordre idée la multiplication des notes 5 (très bon) et 6 (chef d'oeuvre que si tu en dis du mal on va te tuer) sur nos différents threads est-elle alarmante ?
3) y a-t-il une date de péremption sur certains cinéastes ?
4) comment peut-on aussi bien parler de cinéma et accoucher ensuite du
Pack de douze ("Vas-y cousin, il est où le chateau ?")
5) On se plaint souvent de la rudesse de certains participants sur le forum. Mais ne sommes nous pas un peu trop frileux dans nos propos ?
Ya-t-il moyen d'allier véhémence à l'encontre d'un film et bonne entente dans une discussion (insérer sourire
)
6) *place pour n'importe quelle question que toi, lecteur tu souhaites poser*
je remercie Mecha pour le n° et je ramasse les copies plus tard...